S05 - EP 38 ● part II

1.4K 215 23
                                    

ÉPISODE 158 – (partie 2/3)

Pourquoi n'y avait-il personne dans ce fichu couloir, bordel ?! Ce malade n'était pas sérieux ? Si, rétorqua le poing fiché dans son estomac. Son petit déjeuner menaça de remonter, comme il s'affaissait au sol. Un coup de pied dans l'abdomen le recroquevilla en position fœtale et le priva de voix.

Dean ouvrit le premier battant de la fenêtre. L'hiver s'infiltra dans la chaleur du bureau, mordit la peau exposée, comme des doigts cruels remettaient Lucas sur pieds. La parole lui fit à nouveau défaut quand son assaillant plaqua son visage contre la vitre glacée du battant fermé. Appeler au secours ; de l'aide, pitié... Mais le berserk ruina une fois de plus sa tentative en le bâillonnant, peu soucieux de l'étouffer avec sa main pressée contre ses narines. Le regard fou, Dean susurra :

— Tu comptais appeler à l'aide ? Tu crois qu'ils ont laissé à Rudy l'occasion d'appeler à l'aide, les quatre enculés qui l'ont enlevé à deux heures du mat dans un lieu bondé de monde ?

Il renforça la pression sur la bouche et le nez de Lucas. Celui-ci rua ; Dean l'entrava de sa carrure plus étoffée.

— Crois-tu qu'ils lui aient laissé le loisir de dire un mot ? De composer un numéro d'urgence sur son portable ? Tu aimerais le faire, n'est-ce pas ?

Un genou d'une froide efficacité, planté dans les burnes, calma les ruades de la proie désespérée. Ça n'aida pas la ventilation de Lucas, déjà étranglée. Il signait officiellement pour une séance de torture sur son lieu de travail. Les larmes perlèrent. Dean le laissa glisser à ses pieds telle une loque. Exhalant, ahanant, sous le joug de la douleur, Lucas tenta d'aspirer de l'air. Respirer devenait une épreuve.

Son premier mot mourut sous le talon qui éclata sa lippe et lui ouvrit l'intérieur d'une joue. Le sang éclaboussa dans sa bouche. Le goût ferrugineux de l'hémoglobine invita un haut le cœur. Toutes ses alarmes sonnaient. Ça se présentait très mal pour lui. Pour la seconde fois, Dean le releva en tirant sur son scalp. Lucas lui envoya son poing dans les côtes. Il n'atteignit jamais sa cible, balayé par le poignet de son adversaire, qui changea l'attaque avec une fluidité inattendue en prise de soumission. La clé au bras arracha un regret sonore à Lucas.

Le retournant comme une poupée de chiffons, Dean força un baiser avec le carreau de la fenêtre. Le désespoir de Lucas prit du galon. Son visage fignolé contre la vitre par une poigne de titane rendait la parole laborieuse. Compter sur une présence dans le couloir s'avérait vaine. Dans sa lucidité infectée de larmes, de sa main libre, il frappa plusieurs fois contre la vitre. S'il attirait l'attention du peu de monde en bas, la cavalerie pointerait son nez.

Malheureusement, son bourreau n'étant pas visible de l'extérieur, les témoins voyaient un zozo placardé contre la fenêtre, qui s'amusait à grimacer en attirant l'attention du public depuis le deuxième étage. Ses couinements, ses reniflements ne transmettaient pas sa détresse. Des ricanements montèrent le volume de son désarroi, comme des doigts pointaient dans sa direction. Lucas maudit la stupidité humaine.

Son tortionnaire aurait raison de lui, parce qu'il ne se trouvait pas une âme intelligente en bas. L'articulation tordue flirtait avec le déboîtement. La douleur lui révulsa les yeux. Puis, tout s'arrêta. Trois secondes. Trois secondes de vertiges non synonymes de répit. Quelqu'un se tenait à la porte. Lucas n'eut guère le loisir de geindre un SOS ; il basculait en arrière.

— Mon Dieu, que faites-vous ?! glapit le nouvel arrivant.

Autoritaire, Dean le somma de s'arrêter :

— N'approchez pas ! Mettez un orteil dans ce fichu bureau et cet enculé se paye un aller simple pour le cimetière.

L'homme se figea. La vue brouillée, Lucas peina à l'identifier. Il pria néanmoins que le type saisisse sa supplique oculaire. Fais ce qu'il dit, putain ! Ce malade est sérieux. Mais appelle à l'aide, bordel !

HOT CHILI - saison 5 (FIN)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant