Chapitre 13 - Une victoire durement gagnée

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Ironiquement, quand Joe a soumis son idée sur la façon dont Michael et ses frères pouvaient passer l’été 1984 en profitant du succès de Thriller, il n’avait plus officiellement voix au chapitre dans leur management. Au printemps 1983, quand son contrat a dû être renouvelé, les garçons ont choisi de ne pas re-signer avec lui.

JACKIE : Nous lui avons dit. « Papa, maintenant, laisse-nous nous en occuper. Je pense qu’on peut gérer ça ». Donc il nous a dit « Ok » et s’est retiré. Aussi simple que ça.

Joe arrivait à paraître « cool » devant ses fils. Mais en privé, il pleurait. « Je n’arrive pas à croire qu’ils m’abandonnent », disait-il. « Je ne comprends pas ».

Moi aussi, je pleurais. Même si je n’avais pas totalement pardonné Joe pour son adultère, j’étais triste qu’il doive regarder partir ses enfants après s’être occupé d’eux pendant tant d’années.

Cependant, malgré nos larmes, Joe et moi savions qu’il n’était le manager attitré de Michael et des Jacksons que depuis la fin des années 70. Homme de terrain – il n’avait pas son baccalauréat – Joe avait fait des erreurs en guidant la carrière des garçons au début des années 70. Il y avait eu quelques mauvais contrats, des arnaques, surtout au sujet des tournées des garçons.

L’une des raisons pour lesquelles les choses étaient difficiles pour Joe, c’est que c’était un homme honnête parmi des requins. « Les promoteurs, les agents et les hommes d’affaires viennent me voir et me proposent des pots-de-vin pour faire ceci ou cela, mais je ne peux pas fonctionner comme ça », m’a-t-il confié un jour. « D’autres gens le font ».

Les garçons reconnaissaient les points faibles de Joe.

MARLON : Un jour, nous sommes allés voir notre père et nous lui avons dit : « Tu as besoin d’aide ». Nous voulions d’autres managers. Son contrat n’avait pas encore expiré donc nous lui avons demandé de partager son rôle avec Ron Weisner et Fred DeMann à partir de 1978.

Dès le premier jour, la collaboration n’a pas été facile. La relation est devenue franchement hostile quand Joe s’est aperçu que Weisner et DeMann l’empêchaient de jouer un rôle dans les prises de décisions.

« Vous essayez d’éloigner mes garçons de moi, je le sais ! » a accusé Joe un jour.

Weisner et DeMann ont démenti. Mais le fait est que l’implication de Joe au quotidien dans la carrière des garçons avait cessé. C’est donc avec jubilation que Joe a accueilli la nouvelle lorsque les Jacksons ont décidé de ne pas renouveler leur contrat avec Weisner et DeMann en 1983.

MARLON : D’un seul coup, Weisner et DeMann ont commencé à trop se focaliser sur Michael, ce qui n’aurait dérangé aucun des frères s’ils n’avaient pas négligé les Jacksons en même temps. Michael était aussi fâché avec eux pour d’autres raisons. Tout ce que je sais, c’est qu’il les a licenciés lui aussi.

Joe, Weisner et DeMann se lançaient des flèches à tour de rôle dans la presse. Joe a évoqué des « sangsues essayant d’amener les Jacksons à se séparer » et a déclaré que la seule raison pour laquelle il avait embauché Weisner et DeMann au départ, c’était « parce qu’à une période, je sentais que j’avais besoin de l’aide des Blancs pour traiter avec la structure d’entreprise de CBS ».

Fred DeMann, aussitôt, a suggéré que le problème avec Joe était peut-être lié à la race.

Joe était piqué au vif. « Si j’étais raciste, je ne serais pas assis là en train de vous parler », a-t-il déclaré au magazine Time. « Si j’étais raciste, je n’aurais pas embauché des tas de gens qui ne sont pas Noirs pour travailler avec moi. Si j’étais raciste, je serais dehors en train d’essayer de monter les Noirs contre les Blancs. Je ne suis pas comme ça… c’est même tout le contraire ».

Jackson &Jackson histoire d'un rêve Where stories live. Discover now