Chapitre 10 - Un long chagrin

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Jusqu’à ce que je lise l’autobiographie de Michael, j’ignorais totalement qu’il considérait la période Off The Wall comme étant l’une des plus éprouvantes de sa vie, une période à laquelle il se sentait si seul et isolé qu’il se promenait dans le quartier à la recherche de quelqu’un avec qui se lier d’amitié. Je me souviens que Michael avait des difficultés à se faire des amis de son âge. Il avait essayé mais quelques garçons s’étaient montrés méchants avec lui. Par jalousie, avait pensé Michael.

REBBIE : A cette période, Michael a aussi souffert de la décision de Randy de déménager. Lui et Randy étaient très proches et composaient beaucoup ensemble.

RANDY : Après que j’aie quitté la maison, nous avons cessé de collaborer, ce qui a chamboulé tout le monde dans la famille. « Vous formez une si bonne équipe ! » disaient-ils. Mais pour moi, ça cachait un bienfait : rétrospectivement, je dépendais beaucoup de Michael. Il était « le chanteur » et j’avais le sentiment que la seule chose que je pouvais faire, c’était de jouer et d’arranger de la bonne musique. Je ne savais pas que je pouvais changer, moi aussi, parce que je ne m’y étais pas essayé.

Malgré ces revers personnels, Michael me paraissait heureux. Travaillant extrêmement dur et de plus en plus secret, mais heureux. Néanmoins, quand je repense à cette période, je réalise que je n’étais pas en bonne position pour « décoder » Michael, ou toute autre personne, de ce point de vue. Je traversais moi-même une période difficile.

En 1975, ma mère a souffert de sa première attaque. Elle lui a partiellement paralysé la gorge pendant un moment et a affecté sa mémoire de manière permanente. Elle est cependant parvenue à me rendre visite en Californie ainsi qu’à la famille, pour la première fois cette année, mais c’était triste pour moi de la voir affaiblie, elle qui avait toujours été si forte et si pleine de vie.

En 1976, elle a eu une seconde attaque, suite à laquelle son état s’est dégradé de plus en plus. En 1978, elle tenait parfois des propos incohérents mais cette année là, elle est encore venue à Los Angeles. Il y avait pour elle une raison impérieuse de faire le voyage : assister aux funérailles de ma sœur, Hattie.

Même si Hattie avait déménagé à Lorraine, dans l’Ohio, avec son mari, Vernon Whitehead, le beau-frère de Joe, dans les années 60, nous étions restées aussi proches que peuvent l’être deux sœurs. Lorsque Joe et moi traversions des périodes difficiles à Gary, elle m’écrivait, glissant parfois un dollar ou deux dans l’enveloppe même si, étant elle-même mère de huit enfants, elle ne pouvait guère se le permettre. Quand les garçons débutaient tout juste au sein des Jackson 5, Vernon, qui avait travaillé dans une aciérie de Cleveland, leur avait décroché l’un de leurs premiers contrats dans un club. C’était leur manière de nous amener à leur rendre visite.

Après notre déménagement en Californie, cinq des enfants de Hattie nous ont suivis, si bien qu’Hattie avait une bonne excuse pour passer une partie de l’année en Californie. A chaque fois que nous étions ensemble, elle me faisait rire. Hattie n’avait jamais changé ; elle était toujours la reine de la fête. Le dernier souvenir que je garde d’elle en bonne santé, c’est lorsqu’elle avait essayé de me convaincre de regarder le sport à la télé. Elle et son fils Courtney sautaient littéralement de joie et couraient partout dans la pièce à chaque fois que leur équipe de football préférée marquait un but. « Allez, Katy, viens profiter des matches avec moi ! » me suppliait-elle.

Hattie était rentrée à Lorraine lorsqu’elle est tombée malade. Etant une scientiste chrétienne, elle ne l’a dit à personne dans un premier temps. Quand elle n’est plus parvenue à cacher sa maladie, Vernon et moi l’avons suppliée d’aller à l’hôpital. Mais elle a refusé, même si sa santé continuait à se détériorer. Finalement, j’ai décidé de prendre l’avion pour Cleveland. L’une des filles d’Hattie l’a amenée à l’aéroport dans un fauteuil roulant pour me rejoindre et nous sommes reparties ensemble pour Los Angeles.

Jackson &Jackson histoire d'un rêve Où les histoires vivent. Découvrez maintenant