chapitre 5 : Entrer dans l'histoire

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Deux mois après l’audition des garçons chez Motown, ils furent invités à retourner à Detroit pour se produire lors d’une fête chez Berry Gordy. Joe et moi pensâmes que M. Gordy voulait voir qui il allait faire signer. Il n’avait pas été présent lors de l’audition.

Il s’avéra que la fête n’était pas tout à fait comme les autres. Lorsque les garçons commencèrent leur spectacle dans la maison au bord de la piscine, ils découvrirent que le public était composé de presque tous les artistes du label Motown : Diana Ross, Smokey Robinson, Stevie Wonder, ainsi que des membres des Temptations et des Four Tops.

Les garçons avaient rencontré quelques-unes des stars de Motown lors de leurs concerts mais jamais ils ne s’étaient produits sur scène devant un public de vedettes.

JACKIE: C’était angoissant. Effrayant.

MARLON: Mais quand nous avons vu que tout le monde souriait et était dans l’ambiance, on a commencé à se sentir plus à l’aise. Ensuite, quand tout le monde est venu vers nous en nous disant « Super spectacle », on s’est sentis vraiment à l’aise.

M. Gordy figurait parmi les personnes très satisfaites par le spectacle des garçons. Pendant que Joe et les garçons étaient à Detroit, il fit signer aux Jackson Five un contrat d’enregistrement exclusif pour Motown Records.

J’étais ravie. Non seulement le contrat avec Motown était porteur d’une possible célébrité pour les Jackson Five, mais il laissait aussi entrevoir une évasion hors de Gary pour la famille Jackson.

Pendant les huit années qui s’étaient écoulées depuis notre envie de déménagement à Seattle, les problèmes de criminalité à Gary n’avaient fait qu’empirer. Des gangs de jeunes comme les Undertakers et les Kangaroos représentaient une menace permanente.

Nous n’avions pas été épargnés par la violence. Un soir, en 1967, pendant que Joe déchargeait le van à l’extérieur d’une salle où les garçons devaient se produire, il fut entouré par une bande de gros durs qui tentèrent de lui arracher les stands de batterie. Quand Joe résista, ils le frappèrent au visage, au torse et aux bras avec les stands avant de s’enfuir. D’une manière ou d’une autre, Joe et les garçons – qui avaient hurlé et crié tout au long de l’agression – ont repris leurs esprits et les garçons ont donné le spectacle. Je n’ai appris ce qui s’était passé que lorsqu’ils sont rentrés à la maison.

Joe souffrait visiblement mais il refusa de se rendre aux urgences. Quand il finit par céder deux jours plus tard et consulter un médecin, il apprit qu’il avait la mâchoire et la main fracturées. Il dut prendre des antidouleurs et porter un plâtre à la main pendant plusieurs semaines.

Tito aussi l’avait échappée belle.

TITO : Un jour, je revenais de l’école pour le déjeuner. J’avais dans ma poche une pièce de 10 cents et c’était le paradis : de l’argent pour acheter des chewing-gums. Bref, un type s’approche de moi et me demande de lui donner l’argent que j’avais pour déjeuner. Je lui ai répondu que je n’avais pas d’argent, que je rentrais manger à la maison. « Alors je vais te faire sauter la cervelle », a-t-il répondu en pointant sur moi un revolver et en l’armant. J’ai fait une crise de nerfs, je suis parti en courant et en hurlant. Il n’a pas tiré.

Joe se trouvait à la maison donc après le déjeuner, il a emmené Tito au collège Beckman et a signalé l’incident. Le garçon a été retrouvé ; il avait aussi commis un vol à l’école.

Lorsque Joe et Tito étaient chez le directeur, il a ouvert un tiroir et leur a montré un assortiment de revolvers et de couteaux : « C’est ce que nous avons trouvé dans les casiers des élèves pendant une fouille », a-t-il déclaré.

Jackson &Jackson histoire d'un rêve Où les histoires vivent. Découvrez maintenant