Chapitre 8 - Luttes

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De tous les mariages de mes garçons, celui qui a fait le plus de bruit dans les médias a été celui de Jermaine. Pour beaucoup, son mariage avec la fille de Berry Gordy, Hazel, en décembre 1973, symbolisait le mariage de deux familles de la pop, soulignant la force du lien entre les Jackson 5 et Motown.

Le mariage, organisé au Beverly Hills Hotel, était spectaculaire. Parmi les deux cents invités figuraient la crème des artistes Motown et des amis de la famille Gordy comme Coretta Scott King. Le thème était « Les merveilles de l’hiver ». Il y avait 175 colombes blanches dans des cages, 7000 camélias blancs et des monticules de neige artificielle. Jermaine portait un smoking blanc et Hazel, une robe blanche couverte de perles et ornée de vison. Rebbie, LaToya et Janet étaient demoiselles d’honneur ; Tito, Marlon et Michael jouaient le rôle de garçons d’honneur. Le temps fort de la cérémonie a été l’interprétation par Smokey Robinson d’une ballade qu’il avait écrite spécialement pour les jeunes mariés.

Cependant, le public était loin de savoir qu’au moment où Jermaine et Hazel se disaient « Oui, je le veux », Joe et quelques-uns des garçons envisageaient un « divorce » avec Motown.

Au cœur du problème, la liberté créative que Motown voulait bien accorder aux garçons. Motown ne voulait pas leur donner le moindre contrôle quel qu’il soit dans le studio, alors que les garçons voulaient avoir leur mot à dire sur la sélection de chansons qu’ils enregistraient ainsi que sur la façon dont elles devaient être produites. A l’époque, ils avaient commencé à écrire leurs propres titres et à les enregistrer dans le studio que nous avions à la maison. Leur modèle était un autre artiste de Motown, Stevie Wonder, qui était parvenu à acquérir un contrôle artistique auprès de Motown quelques années plus tôt, et qui continuait à décrocher des places au Top Ten pour le label.

Joe et moi discutions souvent de la situation chez Motown ; elle était pesante pour lui. Mais à chaque fois qu’il abordait le sujet de la liberté artistique avec Berry Gordy, il essuyait un refus. M. Gordy pensait que les garçons n’étaient pas prêts à écrire et produire leurs propres disques. Un jour, Joe en a eu marre.

« Je dois commencer à m’occuper de trouver un nouveau label pour les garçons », m’a-t-il confié. « Motown freine leur essor. Je veux qu’ils puissent développer et exercer tous leurs talents ».

Il y a eu au cours de l’année 1974 un évènement spécial dans la carrière des Jackson 5 sur lequel Joe et les garçons avaient un contrôle total : les débuts du groupe à Las Vegas. Joe avait planifié cet engagement de deux semaines au MGM Grand afin de montrer au monde entier que les Jackson 5 étaient plus qu’un groupe Motown.

« Maintenant, on doit monter un vrai spectacle », se sont mis d’accord les garçons. Tout comme Joe, ils savaient que leur spectacle rock ne passerait pas auprès d’une foule assise et plus âgée. Parmi leurs idées, un medley pop dans lequel les frères, assis chacun sur un tabouret, chanteraient tour à tour en solo sur des titres comme « By The Time I Get To Phoenix » ou encore « Killing Me Softly With His Song ».

Leur meilleure idée a été d’impliquer leurs sœurs et Randy dans le spectacle, leur donnant un premier aperçu de la scène et permettant au public de voir que Jackie, Tito, Jermaine, Marlon et Michael n’étaient pas les seuls enfants Jackson à avoir du talent. Pour Randy, avoir la chance de se produire sur scène avec ses frères aînés était un rêve qui devenait réalité.

REBBIE : Quand ses frères prenaient la route à l’époque de Gary, Randy était toujours celui qu’on laissait à la maison. Et il n’aimait pas ça. Il s’est mis aux bongos et mon père lui a dit que le jour où il les maîtriserait, il l’autoriserait à se joindre au groupe. C’était tout ce que Randy avait besoin d’entendre. Il a tapé sur ces bongos nuit et jour. « Je peux participer maintenant ? » demandait-il à son père presque tous les jours. Mais il n’était pas encore prêt. A chaque fois que mon père secouait la tête pour dire non, Randy se comportait comme s’il avait perdu ses ailes.

Jackson &Jackson histoire d'un rêve Où les histoires vivent. Découvrez maintenant