Chapitre 15 (Partie II)

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Je hausse les épaules, ne sachant pas comment répondre autrement. Je n'ai aucune idée de comment je me sens, ni même de ce que je suis supposée ressentir dans ce cas-là. De la peur, de la confusion, de l'angoisse, peut-être juste une grande fatigue... 

Mais à cet instant précis, je suis juste vidée. Une sorte de trop plein. J'en ai marre. Depuis mon réveil, les révélations s'accumulent et si j'avais à peu près le temps de les digérer, ou au moins une explication plausible, je n'ai désormais rien de plus qu'un regard, un long silence et une réponse aussi vague que possible pour me dissuader de reposer la question. 

Malgré mon manque de dynamisme évident, l'infirmière ne se laisse pas démonter –en même temps si on la démonte, elle ne pourra plus me servir d'infirmière...- et continue de me sourire tout en retirant les couvertures. Je frissonne. 

Disons que ma tenue n'est pas forcément très chaude et que je me suis habituée à celle des couvertures ! L'infirmière continue, pliant les draps dans un coin de la pièce, sans me porter attention. Est-ce que c'est normal ? 

Elle lève les yeux vers moi et laisse échapper un petit rire, ce qui me fait bondir hors du lit. Non pas que son rire fasse particulièrement peur, mais c'est juste... Etrange. Elle n'avait pas ri depuis un long moment, si je m'en souviens bien. 

Une fois le tas de draps fini, elle se tourne vers moi et lève un sourcil, visiblement très surprise de me voir hors de mon lit. Elle s'approche de moi et pose ses deux mains sur mes épaules.

— Je dois bien laver tes draps ! En général, j'attends que tu sois à un atelier ou à la cantine pour le faire, mais vu que tu n'es pas sortie depuis un moment... Il faut quand même que je fasse mon travail, explique-t-elle avec un sourire.

Puis, sans un mot de plus, elle quitte la chambre avec mes draps sous le bras, pour revenir après quelques minutes avec les mêmes draps, cette fois propre. Je suppose ? Je ne pensais pas le lavage aussi rapide... 

Mais après tout, si les tablettes peuvent écrire seule, peut-être que le linge se lave de lui-même ? Très vite ? Si je pouvais avoir une réponse, je poserai sans doute la question. Chaque jour, l'infirmière venait dans ma chambre pour laver quelque chose. 

Les draps, puis ensuite se fut les meubles –ce qu'elle fit en l'espace de dix minutes, avec une sorte de plus petit robot, c'était très bizarre-. Cette routine se prolonge, tandis que je ne suis toujours pas autorisée à sortir. 

Selon le médecin, je serais encore trop fragile pour aller voir d'autres personnes. Il a essayé de me parler de l'incident, cherchant à savoir ce qui l'a provoqué. A chaque fois, je me contentais juste de lui dire que je n'en savais rien. 

Que j'étais entrée dans la chambre, j'avais vu ce petit truc coupant et que je m'en étais servie. Cette réponse n'a visiblement pas joué en ma faveur, puisque je n'ai pas été autorisée à sortir de cette fichue chambre. Une partie de moi trouvait cela presque romanesque, sans que je ne sache ni ce que ce mot voulait dire, ni pourquoi je pensais ainsi.

Ce vendredi, l'infirmière arrive dans ma chambre bien plus tôt que d'habitude. Selon l'horloge sur le mur, il est environ cinq heures du matin. Je l'entends me demander de me lever et je dois lutter contre la douceur de l'oreiller pour trouver le courage de le quitter. 

A côté de l'horloge, le calendrier m'apprend que nous sommes le vendredi 24 août 3018. Déjà ? Je suis restée enfermée pendant plus de deux mois ? En grognant, je me frotte les yeux et baille, avant de reporter mon attention sur l'androïde, qui a disparu depuis quelques minutes dans la pièce collée à ma chambre. 

D'après ce que je sais, c'est une salle de bain. Je ne suis jamais allée dedans, à ma connaissance. Je ne saurais même pas dire à quoi elle sert. Je n'ai jamais vu personne y aller d'ailleurs, donc peut-être que ce genre de pièce ne sert à rien ? C'est possible. De toute façon, je ne le saurais probablement jamais, donc je ne vais pas m'encombrer l'esprit avec une question de plus.

Felidae [Parties I et II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant