Chapitre 5 (Partie III)

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J'aurai aimé dire qu'un sourire est venu se placer sur mon visage en entendant cette voix presque aussi mélodieuse que les « bips » de mon électrocardiogramme, mais ce n'est pas le cas. Sa présence ne me fait ni chaud ni froid, au final.

J'ai simplement besoin de son savoir pour parler avec d'autres personnes, mais c'est là la limite de notre « relation ». Me tournant vers elle, je l'observe remonter ses cheveux roux en une queue de cheval haute, comme elle le fait à chaque début de séance. Pour une fois, elle vient à heures fixes, puisqu'elle était là hier à neuf heure vingt également.

Neuf heures ? J'ai pensé pendant deux heures ? J'admets que ça commence à faire long, deux heures enfermée dans ma tête. Aira finit par tirer la seule chaise qui reste dans la pièce pour l'approcher de mon lit, tandis que je me mets en tailleur par-dessus les couvertures pour être plus à l'aise.

« Si je parvenais à me souvenir de mes rêves de la nuit, je n'aurai pas besoin de rêver en journée », je me plains, tout en savourant le petit sourire qui s'est esquissé sur les lèvres de l'androïde.

Bien que son visage ne puisse pas être aussi expressif que le mien, je sais que je l'ai fait rire intérieurement. Elle adore me voir bouger mes mains pour lui exprimer ce que je ressens, même si je mets plus de temps qu'une « grand-mère sous prozac », selon elle.

Je n'ai pas bien compris les références mais je sais qu'il y en a une. Il y a toujours des références avec Aira. C'est comme ça qu'elle communique. Elle dit que les références sont ancrées dans son programme et je la crois, même si je ne sais pas ce que ça signifie, en réalité.

Bien installée, j'attends simplement que la robot me donne un élastique, comme elle le fait à chaque séance. Selon elle, ne pas avoir mes cheveux dans la figure aide à l'apprentissage des gestes. Bien que mes cheveux n'atteignent jamais mon visage, je prends grand soin à écouter ses conseils, parce que je n'ai aucune envie qu'elle s'énerve.

— Je vois que tes gestes ne sont pas encore très fluides. Et selon ton infirmière, tu as encore du mal à formuler tes questions. On va travailler sur ça aujourd'hui, plutôt que d'apprendre d'autres mots. D'accord ?, commence-t-elle.

Je lève les yeux au ciel mais acquiesce en silence. Ce n'est pas comme si j'avais le choix, de toute façon. Quand Aira a quelque chose en tête, elle ira jusqu'au bout ! Je pense que personne n'a jamais réussi à faire changer d'avis un androïde.

C'est beaucoup trop compliqué. Et puis, comme elle le dit si bien, elle est « calibrée » pour ça. Face à moi, l'androïde sourit et commence par étendre ses bras vers moi. Je l'imite, faisant en sorte de placer les miens juste au-dessus des siens, sans pour autant les toucher. On commence toujours les séances par quelques minutes d'étirements, pour que les muscles s'assouplissent avec le temps. Aira a même comparé sa discipline à de la « danse ».

Aucune idée de ce que ça peut être, mais elle a bien appuyé sur cette idée de souplesse des doigts et des poignets. Et puis, c'est moins désagréable que les tests médicaux, dans le fond. Délicatement, Aira vient poser l'une de ses mains sur mon épaule droite et de l'autre, attrape mon poignet droit, le tirant vers elle.

Je grimace légèrement sous la pression mais n'ajoute rien, appréciant malgré moi la petite pointe de douleur qui en découle. Une preuve de plus que je suis en vie. Le sourire de l'androïde confirme ce que je pensais : je suis un petit peu plus souple que lors de nos premières séances.

Avec fluidité, Aira répète l'opération avec l'autre bras, pendant quelques minutes. Tout se fait en silence, mais nous l'apprécions. Aira se concentre sur sa tâche tandis que mon esprit diverge sur autre chose, ou se focalise sur mon muscle, comme si je pouvais lui demander de s'assouplir. Finalement, après cinq bonne minutes d'étirements des bras, Aira laisse retomber mon bras et commence à faire bouger ses poignets en petit cercle lents.

Felidae [Parties I et II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant