6.

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Noémie

Huit mois auparavant...

Mon cœur a un raté avant de repartir à un rythme frénétique. Cet homme superbe, splendide, ne peut pas être le vieux célibataire maniaque que je m'étais imaginé !

Nora s'est trompée... ou alors je suis en train d'halluciner.

Tentant tant bien que mal de reprendre contenance, j'essaie de détacher mes yeux de sa haute et mince stature. Un sourire dévastateur aux lèvres, il s'avance vers nous d'une démarche assurée et féline.

Évidemment, le rouge me monte aux joues et je me recroqueville dans ma carapace. Cachant mes mains dans mon dos, je m'oblige à rester immobile. Pas question de me trémousser pitoyablement d'un pied sur l'autre.

— Nora, la salue-t-il d'un ton chaleureux.

Son regard gris glisse vers moi. Mon palpitant se met à battre plus fort encore. À tel point que ses battements résonnent à mes oreilles.

— Je vous présente Noémie Denison. La fille de Daphnée Boissard, précise la gouvernante.

Lorsque mon regard croise le sien, mon estomac fait un looping. Ce n'est pas désagréable en soi comme sensation. C'est juste déstabilisant.

— Mademoiselle Denison, dit-il en me tendant la main.

Ça y est, mon cerveau passe en mode « black-out ».

— Monsieur Mi... Miller, parviens-je à bredouiller en la lui serrant.

Cette fois, c'est un salto arrière que fait mon cœur lorsque mon épiderme rencontre sa grande poigne ferme et fraîche. Des picotements remontent le long de mon bras.

Surprise, je retire un peu précipitamment ma main de la sienne. S'il m'avait mis un nid de guêpes entre les doigts, je n'aurais certainement pas réagi autrement.

— Oh mince ! m'écrié-je.

Mon coude vient de heurter le vase disposé sur une console juste à côté de moi.

Tout d'abord tétanisée, je vois avec horreur l'objet — au prix sans aucun doute démentiel — vaciller, puis basculer. Je tends instinctivement les mains. Trop tard ! Avec affolement, j'imagine déjà le vase se fracasser en mille morceaux sur le sol. Il atterrit finalement entre les doigts d'Adam Miller qui a heureusement réagi en un quart de seconde.

— Désolée, soufflé-je en ayant soudain la désagréable impression d'être un jeune chien dans un jeu de quilles.

— Ce n'est pas grave, m'assure-t-il.

De petits spasmes étranges font frémir mon estomac. Son sourire est juste... Hum...

Bon sang, Noémie ! Reprends-toi !

— Je suis vraiment désolée... Je suis si maladroite..., bafouillé-je piteusement.

Son sourire s'élargit.

— Ne soyez pas aussi catastrophée. Il n'y a pas mort d'homme tout de même ! Vous voyez, il regagne sa place comme si de rien n'était, commente-t-il en reposant le vase sur la console.

— Désolée..., marmonné-je ne sachant où me mettre tant je suis mortifiée.

— Même s'il s'était brisé, ne vous inquiétez pas, je ne l'aurais pas déduit de votre paie, fait-il avec humour, l'œil qui frise. En revanche, peut-être vaudrait-il mieux mettre quelques pièces de vaisselle à l'abri... Qu'en dites-vous, Nora ?

Celle-ci tente visiblement de réprimer un fou rire.

— Peut-être, me taquine-t-elle, entrant dans son jeu.

Pour toujoursOnde histórias criam vida. Descubra agora