BONUS - FLASHBACK

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Lorsque mes traumatismes ont recommencé je ne sais comment, je ne faisais que des insomnies la nuit, enchainant des difficultés de concentration à mon travail. Lorsque j'arrivais enfin à fermer les yeux de fatigue, je réveillais Ryan à cause d'attaques de paniques.

Il m'a assuré que ça ne le lui dérangeait pas. Quand une crise d'angoisse survenait, il était là pour me consoler. Il embrassait ma nuque et faisait des petits cercles sur mon ventre jusqu'à que je me rendorme. Je n'ose pas lui parler de mon passé. Bien que notre relation ait passé le cap des trois ans, je n'aime pas remettre sur la table ce qu'il s'est passé le jour du 24 décembre 1990.

Plus les jours passaient, plus il commençait à manquer de sommeil et à s'endormir au travail : il a eu un avertissement. J'ai commencé alors à m'éloigner et à aller ailleurs pour le laisser tranquillement se reposer. Lorsque je n'étais pas à l'université, j'allais dans un bar et si je n'étais pas dans un bar, complètement déchirée, je dormais sur le canapé pour éviter de le réveiller.

Le matin, régulièrement, je me retrouvais dans le lit commun, seule avec un médicament et un verre d'eau sur le côté pour soigner d'éventuels maux de têtes. Je savais qu'il était au courant que je n'étais pas la plupart de la nuit, préférant tomber dans la dépendance de substances psychoactives plutôt que de faire face à mes problèmes. Il n'a sûrement dû pas s'imaginer jusqu'où j'étais prête à aller pour tenter de reprendre le contrôle sur des choses que je subissais.

Je ferme la porte et une voix féminine atteint mes oreilles :

— Bonjour, j'attends votre venue justement ! Veuillez, vous asseoir sur le sofa.

Je fais ce qu'elle me dit. Je la regarde, anxieuse. Elle porte un habit tout à fait simple ; une jupe noire et un haut blanc. Elle replace une mèche rebelle derrière son oreille. A son tour, elle s'assoit sur une chaise non loin de moi, un carnet entre les mains.

— Bien. Je pense que vous savez pourquoi vous êtes ici Mlle Lore. Je vais faire de mon mieux pour soigner votre ESTP (Etat de stress post-traumatique). Je ne suis pas ici pour minimiser l'ampleur de l'événement et de ses conséquences mais bien pour vous encourager à parler de l'événement. D'accord ?

Je la jauge. Elle sourit, essayant de me rassurer et de me mettre à l'aise. Elle a une aisance orale qui me permet de me détendre. Mes épaules s'affaissent tandis que je triture inlassablement mes ongles. Elle le remarque directement. Je hoche finalement la tête et elle continue son monologue d'une voix calme et strict :

— Pour commencer, sachez que j'ai étudié votre dossier et votre stress post-traumatique remonte à de nombreuses années. Le fait que vous ayez recommencé à éprouver cet état complexe est préoccupant mais compréhensible compte tenu de votre passif, argumente-t-elle sereinement. Vous éprouvez une peur intense, un sentiment d'impuissance ou d'horreur. C'est à ce moment-là qu'un ensemble de symptômes et de comportements spécifiques peuvent apparaître comme des reviviscences, des évitements liés au sujet ou encore une hyperactivation du système nerveux.

Mes bras tendus et le visage pâle, je continue de la fixer.

— Le fait que vous vous êtes retrouvez dans un hôpital il y a plus d'une semaine pour... Vous savez, lâche-t-elle, semblant être gênée par l'utilisation du mot. C'est typique des personnes souffrant d'un ESPT complexe, qui peuvent avoir des accès de colère, des pensées suicidaires, et se sentir constamment tristes....

Je ne sais pas si sa tentative de m'analyser m'impressionne ou si le fait qu'elle sache aussi bien parler sans une seule fois hésiter me rend anxieuse.

— Bien. Nous allons commencer notre séance. Je vais procéder à une psychothérapie afin de juger par moi-même votre état ainsi que favoriser une diminution de l'anxiété et augmenter le sentiment de contrôle, finit-elle. D'accord ? Demande-t-elle.

PURSUED [terminée]Where stories live. Discover now