Ascension printanière 13

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Chapitre 13

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Chapitre 13

Le Colonel était un héros de guerre. Il s'était particulièrement illustré en Afghanistan. Il avait d'ailleurs été décoré à plusieurs reprises. Et, lors de cérémonies officielles, ses médailles ne manquaient pas de rutiler sur sa poitrine crânement bombée. Il n'était pas peu fier de ses exploits guerriers et du statut qu'il avait fini par acquérir à l'issue de ses nombreuses années de service. Il était parti de rien, simple soldat dans le corps des Marines, il avait progressivement gravi les échelons de la hiérarchie à coups d'actes de bravoure et surtout d'ingéniosité; le courage fait les bons soldats, l'intelligence, les bons officiers.

Au sortir de l'hiver précédent, le chef d'état-major l'avait convoqué. Un coup de fil à l'heure de table. Réunion extraordinaire une demi-heure plus tard au Pentagone. Un état de crise allait être déclaré quelques minutes à peine plus tard. Une loi martiale allait probablement être instaurée dans la foulée. Le Colonel allait être en charge du contingent posté à la capitale. Une charge à la hauteur de son statut et de sa réputation. Un honneur. Il en allait de la sécurité du pays. Il avait toujours œuvré pour le bien de son pays à l'étranger. Cette fois, il allait se battre sur le territoire américain. La mission n'en était que plus capitale. Et plus délicate aussi. Les ennemis seraient ses propres compatriotes. On l'avait brièvement briefé sur la situation. L'histoire demeurait cryptique. Un virus. Extrêmement dangereux. Mortel même. Les infectés étaient agressifs, une véritable menace, et devaient être contenus à tout prix. A tout prix. Les informations complémentaires arriveraient plus tard. Mais l'expression « à tout prix » était très claire dans l'esprit du militaire. On lui avait assigné un vaste régiment. Il avait plus ou moins eu le choix des soldats gradés à qui il délèguerait le commandement.

Contenir une épidémie. Mettre le paquet sur la sécurité du Centre de Contrôle des Maladies. La mission semblait simple sur papier. Surtout si on comparait ça à aller débusquer des éleveurs de chèvres fanatiques armés de kalachnikovs dans des grottes afghanes qui n'existaient sur aucune carte. Mais les cols blancs lui avaient bien fait comprendre qu'il n'en serait rien, que la situation était spéciale. Il avait donc minutieusement choisi ses hommes. Dans la mesure du possible et avec le court laps de temps imparti. Il connaissait la plupart, personnellement ou de réputation. Des gars bien, de confiance. Dévoués à leur patrie. Malgré l'alarme des mecs en trois pièces, le Colonel avait conservé le flegme de celui qui en a vu d'autres. Et ce n'était pas qu'une apparence. Il n'avait véritablement pas été inquiet. Jusqu'au second coup de téléphone de cette journée-là.

Un type de la CIA, qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Il lui avait donné rendez-vous pour le soir même dans un bar un peu miteux de Washington. L'entretien téléphonique avait été plein de mystères. Et le Colonel avait été réticent en acceptant la rencontre. Il avait d'ailleurs hésité à s'y rendre jusqu'à la dernière minute, mais sa curiosité avait été trop titillée. Et l'agent l'avait sans doute bien trop brossé dans le sens du poil et lui avait fait miroiter une trop belle avancée professionnelle pour que son ambition n'y résiste. Alerter le gouvernement ne lui avait même pas traversé l'esprit, il était trop aguerri aux jeux des politiques pour tomber dans ce panneau-là. Et ça avait donc été avec une anxiété mêlée à un intérêt certain qu'il avait franchi le seuil de l'établissement où allait se tenir l'entretien qui devait changer sa vie, et celle de beaucoup d'autres.

TraverséesWhere stories live. Discover now