40. Le carnet d'Athanasios

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     Le lendemain matin, Arthur fit une découverte fort intéressante. Alors qu'il avait entrepris de fouiller tout au fond de son placard à la recherche d'une ceinture qui ne voulait pas se laisser attraper, il posa la main sur quelque chose d'assez fin qui avait la forme d'un livre. Intrigué, il tira l'objet jusqu'à lui, renversant au passage la moitié de sa garde-robe. L'ouvrage était relié avec une simple couverture en parchemin et ne comportait aucun titre ni d'autre indication. Il semblait en réalité ne pas s'agir d'un livre mais plutôt d'une sorte de carnet. Le jeune homme l'ouvrit au hasard. Les pages étaient entièrement griffonnées d'une encre noire. Arthur reconnut avec une certaine excitation sa propre écriture. Pourrait-il s'agir d'une sorte de journal tenu par Athanasios ? Il pourrait y tirer beaucoup d'information sur lui-même.

Oubliant tout à fait qu'il était supposé rejoindre le Prince Noir, il s'assit sur son lit et s'adossa à son oreiller pour commencer sa lecture. Il se ravisa aussitôt et se releva pour aller verrouiller la porte. Si l'ouvrage avait été caché, c'est qu'il comportait certainement des pensées qu'Athanasios ne souhaitait partager avec personne, pas même avec Tassilon. Peut-être même surtout pas avec Tassilon qui avait une légère tendance à mépriser la vie privée. Il était donc préférable de veiller à ne pas être dérangé.

Une fois certain d'être à l'abri des regards indiscrets, il ouvrit le carnet à la première page. Un peu déçu, il constata qu'il ne s'agissait pas à proprement parler d'un journal intime mais plutôt d'un brouillon où Athanasios notait des idées diverses et variées. La plupart d'entre elles lui étaient totalement incompréhensibles. Il s'agissait visiblement de formules de sortilèges inutiles pour Arthur puisqu'il était devenu incapable de manier la magie. D'autres gribouillis semblaient être des informations que le mage noir avait glanées ici et là. Il avait enfin inscrit des éléments sur des personnes qu'Arthur ne connaissait pas pour la plupart. Etait-ce dans le but de disposer sur eux de moyens de pression ? Il n'y avait malheureusement rien sur le Prince Noir...

Une note attira particulièrement l'attention du jeune homme, à propos d'une personne appelée Brunehaut. Une elfe, selon toute vraisemblance. Il ne se souvenait pas d'avoir déjà entendu parler d'une femme de ce nom. Il lui sembla cependant important d'essayer de découvrir qui elle était. Si Athanasios avait raison à son sujet, il détenait une information très intéressante qu'il pourrait tenter d'utiliser à un moment ou à un autre...

Il y eut un bruit sourd dans l'escalier et quelqu'un tenta d'ouvrir à plusieurs reprises la porte de sa chambre.

— Athanasios, s'agaça Tassilon, que fais-tu encore? Je t'attends depuis au moins cinq minutes. Il est grand temps de commencer ton entraînement.

Le jeune homme soupira profondément. Il n'avait pas la moindre envie d'abandonner sa lecture alors qu'il venait enfin de découvrir un moyen d'entrer dans les pensées de son ancienne personnalité.

— Je ne me sens pas très bien, mentit-il sans quitter son lit. Je crois qu'il est plus prudent que je me repose aujourd'hui.

Il put percevoir l'exaspération du Prince Noir à travers la porte fermée.

— Certainement pas. Ouvre !

Arthur resta intraitable.

— Non décréta t-il.

Se félicitant une nouvelle fois d'avoir songé à tourner sa serrure, il reprit sa lecture, ignorant les insultes de l’elfe, et s'installa plus confortablement sur son oreiller.

Le Prince Noir avait cessé de s’acharner contre la porte. Le jeune homme se demanda si l'elfe était allé chercher quelque chose pour enfoncer la porte. Ça ne l'étonnerait qu'à moitié. Le bruit suivant, cependant, ne vint pas du couloir mais de la fenêtre. Arthur n'eut que le temps de glisser son carnet sous son matelas avant de voir surgir le visage de Tassilon.

Amnesia. La geste d'Arthur Montnoir, livre 1 [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant