Le souffle de la vie {Snamione}

3. Le souffle de la curiosité

Suite à son remerciement muet, Rogue était retombé dans un profond sommeil, qui ne rassurait pas Hermione. Elle tournait en rond, se demandant si elle devait prévenir quelqu’un de la survie de son professeur de potion pour lui administrer de meilleurs soins. Mais elle n’avait personne à qui parler au château. Harry était parti combattre Voldemort, seul, mettant Hermione dans un état d’angoisse supplémentaire qui ne l’aidait pas à réfléchir. Ronald avait assez à penser avec sa famille et il ne semblait pas opportun à la jeune femme de lui ajouter cette nouvelle.

Afin d’occuper ses mains et de libérer son cerveau en surchauffe, la Gryffondor se rendit dans les cuisines du château. Elle s’affaira à restaurer les lieux autant que possible ; lorsqu’elle eut terminé, elle se mit à la cuisine. Les elfes de maison restés au château n’avaient plus l’âme à l’aider. Il y avait eu des pertes dans leurs rangs également, et la majorité des survivants faisaient leur deuil en chantant en groupe, comme le voulait leur tradition.

Remontée avec son déjeuner dans la tour Gryffondor, la jolie brune hélà Rogue qui la regardait entrer.

« Professeur ? Vous vous sentez mieux ? »

Rogue répondit affirmativement par un imperceptible signe de tête. Hermione s’approcha et, d’un geste souple de baguette, mit l’homme en position assise. Ce dernier ne broncha pas, accepta le repas préparé par son élève et mangea avec difficulté. Hermione s’était assise sur le lit de Rogue et mangeait sans parler. Chacun était perdu dans ses pensées et tous les deux se satisfaisaient de ce moment de calme.

Au milieu de leur repas, un patronus qu’elle aurait reconnu entre mille passa par la fenêtre : celui de Harry. Alors qu’elle se levait pour courir à la recherche de son ami, elle sentit une main sur son poignet. Se retournant vers Rogue, elle le vit secouer vivement la tête avec un air inquiet.

« Professeur ? »

Rogue relâcha immédiatement Hermione qui l’observait sans comprendre. Le prince de sang mêlé la fixait, ses lèvres répétant muettement « Potter », inlassablement, jusqu’à ce qu’Hermione finisse par comprendre.

« Harry ? Oui professeur, c’est son patronus ! Je dois y aller, il doit être en danger ! »

Rogue secouait encore la tête, se pointa du doigt et répéta silencieusement « Potter ». Hermione comprit soudainement.

« Vous ne voulez pas que je lui parle de vous ? » Une lueur de soulagement éclaira le regard de Rogue qui soupira en acquiesçant. Après quelques instants d’hésitation, la sorcière lui fit un bref signe de tête avant de disparaitre dans le dédale d’escaliers du château.
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Lorsqu’Hermione rejoignit Harry à l’orée de la forêt interdite, en suivant son patronus, elle le retrouva dans un piteux état. Il tenait faiblement sur ses jambes, saignait de la tête, mais souriait. Ron était là lui aussi, mais ne pipait mot. Hermione n’eut pas à interroger son ami pour que celui-ci leur annonce qu’il avait enfin vaincu Voldemort. Après de longues embrassades, des rires, des larmes, ils décidèrent de se séparer. Harry voulait voir Ginny pour lui annoncer la nouvelle et Ron décida de l’accompagner.

Tout d’abord hésitant à dire la vérité, Hermione prétexta finalement de vouloir remettre en état le château pour ne pas se joindre à eux. La panique de Rogue l’avait convaincue de ne rien dire, et elle ne pouvait décemment pas le laisser seul à Poudlard. Si ses amis trouvèrent sa réaction étrange, ils mirent cela sur le compte du contre-coup. Malgré la bonne nouvelle, ils avaient subi de lourdes pertes, et elle ne souhaitait sans doute pas se retrouver au milieu de la famille Weasley, à fêter la fin de la guerre. Ils se séparèrent donc après lui avoir promis de revenir la chercher avant la fin de la semaine.
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Après avoir revu ses amis, le château sembla encore plus vide à Hermione. Elle se rendit donc dans le seul endroit où elle ne serait pas seule. Lorsqu’elle entra dans son dortoir, elle eut un sursaut de peur : le lit que Rogue aurait dû occuper était vide. En parcourant la pièce des yeux, elle tomba enfin sur l’homme, assis près de la fenêtre, affichant son habituel air fermé. Mais la jeune sorcière ne s’étonna pas outre mesure qu’il ait pu se lever, car son esprit était envahi par la nouvelle qu’elle venait d’apprendre et qu’elle se sentait dans l’obligation de lui révéler.

« Voldemort est mort. » lui souffla-t-elle doucement pour ne pas l’effrayer.

Ecarquillant les yeux, Rogue se releva précipitamment, s’approcha d’Hermione et lui saisit les épaules, l’obligeant à le regarder, puis lança le sort muet de Legilimens pour vérifier la véracité des propos de la jeune sorcière et surtout gagner le temps des explications. Hermione, qui n’était pas préparée à résister à cet assaut, laissa le professeur de potion agir à sa guise, lui montrant exactement ce qu’il voulait savoir, pour qu’enfin il sorte de sa tête. De toute manière, elle n’était pas de taille face aux capacités mentales de Rogue. Ce dernier en profita donc pour obtenir le maximum d’information, grimaçant de dégout en voyant les embrassades des trois amis. Lorsque qu’il eut tous les détails qu’il voulait, à savoir le récit de Harry, Rogue lâcha les épaules d’Hermione, la repoussa brusquement et se mit à bousculer et renverser tout ce qui se trouvait devant lui.

Ce ne fut pourtant pas l’attitude de Rogue qui fit sortir Hermione de sa torpeur, mais ses cheveux. Ces derniers, habituellement longs, noirs et brillants étaient, au moment-là, blonds presque blancs, courts, et tirés en arrière, comme minutieusement coiffés. Pour peu, on aurait pu se demander si Rogue avait scalpé Draco pour ensuite mettre le scalp sur sa tête.

« Professeur… » dit Hermione, hésitante.

L’intéressé sembla sortir de sa bulle de destruction, et ses cheveux reprirent progressivement teinte et longueur habituelles. Rogue fixait Hermione, exprimant clairement son exaspération face à cette idiote qui avait coupé ses pensées.

« Professeur, vos cheveux… »

Rogue soupira en levant les yeux au ciel. S’il avait été en capacité de parler, il lui aurait répondu par une remarque cinglante. « Occupez-vous de vos affreux cheveux au lieu des miens. Ou mieux, n’affichez pas cet air ahuri Miss Granger, cela ne vous arrange vraiment pas le facies. Oui, cette phrase est meilleure, plus adaptée à la situation…» Mais non, il ne pouvait que soupirer de dépit. Franchement, qui se souciait de ses cheveux après avoir appris la mort du mage noir ? Sans doute étaient-ils comme à leur habitude : affreusement mal coiffés et abimés par les vapeurs de potions. Mais que pouvait-il y faire ? Il avait été professeur de potion pendant si longtemps qu’il ne pouvait plus rattraper les dégâts, même s’il l’avait voulu.

« Professeur, pensez-vous que la potion que je vous ai donnée peut avoir comme effet secondaire le changement de couleur de vos cheveux ? »

Rogue regarda Hermione avec un air ahuri. « Elle insiste la bougresse ! » Son visage se ferma progressivement, jusqu’à afficher clairement son mécontentement.

« Là ! »

La jeune fille prit son miroir de poche posé sur sa table de nuit et le tendit à Rogue, qui ne comprit pas ce qu’il vit, car ses cheveux avaient de nouveau pris une teinte blanchâtre. C’était lui, sans être lui.

« Vous n’aviez jamais remarqué que vos cheveux changeaient ? »

Rogue, trop occupé à s’observer, secoua doucement la tête. Il tendit une main pour toucher ses cheveux et réfléchit. La potion que lui avait administrée la jeune sorcière avait-elle pu lui provoquer cet effet secondaire ? Il en doutait. Même si Hermione était agaçante, elle n’avait pas pu se tromper dans la préparation, le fait qu’elle ait pu remplacer un ingrédient manquant par un autre montrait bien qu’elle maîtrisait sa concoction. 

« Vous êtes métamorphomage ! »

Et elle dévala les escaliers pour se rendre à la bibliothèque et en savoir plus sur cette particularité, laissant Rogue effaré au milieu de la pièce dévastée. Elle sentait en elle monter le vent de la curiosité, sentiment rassurant après cette période de combats acharnés.

Elle pouvait enfin redevenir elle-même.