Chapitre 41

Depuis le début
                                    

Je ne pense pas qu'elle céderait aujourd'hui. Elle voulait rester forte devant moi.

— S'il se passe quoique ce soit avec la tignasse bleue, préviens-moi. Je pourrai t'envoyer par colis mes meilleurs couteaux, me chuchota-t-elle, en me tapotant le dos comme quand j'étais enfant.

— On n'ira pas jusqu'à là, ne t'en fait pas. Je t'appellerai bientôt et j'espère qu'un jour tu viendras me rendre visite.

— Ne t'en fait pas, ce n'est pas comme si j'allais crever demain. J'en ai encore pour cinquante ans à vivre et surtout pour faire chier mes voisins.

Je secouais légèrement la tête, mais toujours avec ce sourire que je ne pouvais empêcher de disparaître. J'espère qu'elle garderait encore très longtemps son fichu caractère.

— Et sinon, dis-moi quand tu seras enceinte. Je veux être la première à lui acheter un doudou. Et j'ai aussi commencé à lister les prénoms ; je te les enverrai par mail, finissait-elle avec son air sérieux, ce qui me provoquait un rire.

— Ah oui j'avais presque oublié notre fille. Mais tu es sûre que j'aurai vraiment un enfant avec cet énergumène ? questionnais-je, en pointant du doigt Ciel.

    Ciel qui était d'ailleurs en train d'enfermer le chien dans la cabane du jardin. Il ajoutait un balai et une pelle contre la porte, pour bien que Titi ne puisse pas sortir. Ah. Je vais peut-être faire taire mes sentiments et les oublier, toute compte fait. Il est étrange...

— Finalement je pense que je vais demander au jardinier, intervenait à nouveau ma grand-mère. Il a un fils de ton âge et tout aussi beau qu'un Dieu. Tu auras plus de chances dans ta vie qu'avec l'autre.

— Ok. Dans un an si je suis encore célibataire, envoie-moi son numéro, concluais-je, pendant qu'elle hochait la tête.

    Elle m'offrait un dernier câlin, puis c'était donc au tour de Ciel de prendre part au revoir. Il m'offrait néanmoins un regard, jugeant s'il pouvait ou non venir saluer ma grand-mère. Évidemment je lui faisais signe d'y aller, priant pour qu'elle ne le frappe pas.

— Ce séjour était très sympa. Merci de l'accueil et pour tout. Vous êtes géniale, déclara-t-il d'une voix un peu trop sérieuse, mais néanmoins sincère.

Bien entendu ma grand-mère le jugeait quelques instants, avant de se mettre sur la pointe des pieds pour lui offrir une bise.

— Prends soin de ma petite-fille. C'est la prunelle de mes yeux et je n'accepterai pas qu'on lui fasse du mal. Un coup de téléphone et je ramène mes fesses là-bas. Est-ce clair ?

— Euh ouais... je prendrai soin d'elle... dit-il, en revenant illico presto à mes côtés.

— On se barre, c'est bon, m'avertissait-t-il d'une voix basse, presque jeté dans la voiture.

    Je levais les yeux, puis le rejoignais ensuite. J'adressais de derniers sourires à celle qui comptait tant pour moi, me retenant de pleurer en face d'elle. La voiture démarra quelques secondes après, et nous nous éloignons petit à petit de la maison. Je m'enfonçais dans le fauteuil, entendant sans négligence le long soupir de Ciel. Il tapait ses genoux avec entrain, ne cachant surtout pas son bonheur de quitter ce petit village.

— Alléluia je suis vivant ! J'ai survécu et je pourrai marquer cela dans mon CV ! Vive la liberté, vive la vie ! s'exclama-t-il sans tarder, alors que je laissais tomber ma tête contre la vitre.

Ciel s'apercevait néanmoins que je n'avais pas l'envie de rigoler. Il penchait sa tête vers la mienne, son regard changeant quand il aperçut mes larmes.

— Oh non, chouchou ne pleure pas... Je ne sais pas quoi faire après, merde...

Ciel me colla contre lui puis glissait un bras derrière mon dos. Il posa sa tête sur la mienne, en essayant de me bercer comme un enfant.

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