XIII

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Voilà déjà bien une demi heure qu'elle dort. Je n'ai pas bougé, on est toujours tout les deux assis sur la terrasse, elle sur moi. Dans mes bras elle paraît si petite, si fragile. Ça me rappelle Léa. Sa minuscule main est posé sur la mienne, elle a des doigts tout fin, globalement elle est assez maigrelette.

J'ai tellement peur de la casser, j'ai l'impression que si je la tient trop fort elle va se briser dans mes bras. Elle est juste là, sa tête sur mon épaule, son corps sur mon torse et je n'ai aucune envie de bouger. J'ai l'impression que si je la laisse à nouveau, elle va faire un cauchemar, ou pire s'enfuir et disparaître. J'ai l'impression que tout son corps appelle au secours mais qu'elle résiste, qu'elle ne veut pas céder, qu'elle cherche absolument à contenir tout cela. Elle est là, et se tient debout parce qu'elle fait barrage contre ses propres émotions.

Je ne sais pas ce qui a pu lui arriver pour qu'elle fasse des cauchemars d'une telle violence mais Léa avait les mêmes. Elle hurlait la nuit, c'était tellement douloureux. Tout les soirs je la réconfortais et chaque soir suivant elle refaisait un cauchemar. Je me sentais coupable de dormir alors qu'elle, elle se battait contre ses démons.Quand elle pouvait elle venait dormir avec moi et ça allait mieux mais rien n'y faisait, elle en avait toujours.

Donc me voici, avec dans les bras une copie conforme de Léa, qui fait les mêmes terreurs nocturnes, que j'arrive à apaiser de la même manière. Même si je sais qu'elle n'est pas Léa mon cœur me crit de la garder près de moi, parce que sinon elle va se briser, comme Léa.

Je me résigne finalement à la coucher, je ne voudrai pas qu'elle attrape froid. J'attrape son petit corps avec le plus de douceur possible et me lève en la tenant dans mes bras. Je rentre dans ma chambre et ferme la porte vitrée ainsi que le volet. Je la pose sur mon lit et ramène la couette sur elle. J'enlève ses lunettes et les pose sur la table de chevet à côté. Je pars finalement m'assoir sur un fauteuil en face du lit et je réactive son bracelet avant de moi aussi, m'endormir.


J'émerge avec un mal de crâne insupportable, ce genre de mal de crâne qui me faisait regretter d'avoir autant pleurer la veille. Il me faut quelques minutes pour réussir à me remémorer les évènements d'hier.

Je me suis couché. Cauchemar. J'ai crié. Il est venu. La terrasse. Mes lunettes. La ville. Les lumières. Les étoiles. La lune. La nuit. Ma main dans la sienne ?

Je préfère ne pas trop m'attarder à réfléchir sur ce dernier évènement, j'ai du halluciné.

Le volet mal fermé de la chambre laisse entre un faible rayon de soleil, ça faisait longtemps que je n'avais pas vu le soleil. Bien que je sois plus de genre animal de la nuit, je suis tout de même ravi de voir ce petit rayon de lumière.

Avec toute la force du monde je parviens à m'assoir, je suis dans un lit non identifié, dans une pièce non identifié. Sur le chevet je crois apercevoir mes lunettes, je m'en saisis et les pose sur mon nez. Je savoure ce bonheur de voir à nouveau. En face de moi il dort sur un canapé. Son coude et sur l'accoudoir et sa tête est posée sur sa main.

Malgré la pénombre je parviens vaguement à distinguer son visage. Il a des cheveux noirs, comme des plumes de corbeau, une mâchoire très prononcée, carrée, qui a l'air presque aussi dur que lui. Son nez est long, droit et fin. Ça rajoute un caractère subtile à son visage assez ferme. Ses paupières sont fermés, il a l'air de dormir calmement. À vrai dire, aussi loin et dans le noir je ne parviens à le détailler précisément, pourtant son visage me semble vaguement familier.

Il porte un t-shirt noir et un short de sport gris qui lui arrive aux genoux. En examinant les murs de ce qui semble être sa chambre et ses bras je pense pouvoir dire qu'il fait du football américain, ce qui explique tout de suite beaucoup de choses.

02:02Donde viven las historias. Descúbrelo ahora