Le souffle de la vie {Snamione}

2. Le souffle de la renaissance

Lorsque Rogue se réveilla, il comprit immédiatement qu'il n'était plus dans la cabane hurlante, il faisait bien trop chaud où il se trouvait pour qu'il puisse encore être dans la vieille cabane. Il tenta d'ouvrir les yeux et réussit difficilement. Il grimaça en voyant la pièce où il se trouvait. Cet assemblage de rouge et de doré aurait pu le faire vomir. Le professeur de potions referma les yeux. Il préférait de loin la couleur de sa maison, le vert. Le noir lui allait également parfaitement, il portait cette teinte depuis aussi longtemps qu'il s'en souvienne ; lorsqu'il était jeune, avec Lily, lorsqu'il avait été adolescent, seul, et pendant sa vie d'adulte, vie de double jeu, d'espionnage pour Dumbledore, et de semblant d'espionnage pour Voldemort. Il ouvrit brusquement les yeux en pensant à ce dernier. Le mage noir l'avait-il tué ? Est-ce que l'au-delà devait forcément porter ces couleurs hideuses ? Alors il était sans doute en enfer plutôt qu'au paradis...

« Fabuleux... »

Le sorcier fronça les sourcils en n'entendant pas sa voix alors qu'il avait essayé de parler. « Un enfer couleur Gryffondor et pas de voix. De mieux en mieux. » Il se décida à tourner la tête pour visualiser son enfer, mais il renonça rapidement à cette idée. Ce simple geste lui avait donné une migraine assommante qui le fit retomber dans les bras de Morphée.

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Hermione s'affairait dans les couloirs du château. Les survivants étaient partis : Ronald avait accompagné sa famille et Harry avait préféré l'accompagner pour soutenir Ginny. Les autres, comme Neville et Luna, avaient à cœur de rapporter les corps des personnes décédées dans leurs familles. Le château devenait de plus en plus effrayant, vide de bruit en l'absence des élèves. Mais la jeune sorcière voulait redonner au château sa gloire et son air protecteur. Aussi lançait-elle des coups de baguette de-ci de-là, faisant retourner les pierres à leur place d'origine. Le travail qui lui restait lui apparut tout à coup titanesque, mais cette reconstruction semblait l'aider à apaiser son esprit et surtout lui permettait de ne pas penser à ses amis décédés. Lupin, Tonks, Fred...

Se rappelant qu'elle avait un survivant à soigner dans sa tour, elle abandonna la reconstruction des pierres pour s'atteler à la reconstruction de l'homme.

Lorsqu'elle atteignit son ancien dortoir, miraculeusement intact, Hermione se jeta sur son lit et retint des sanglots.

« Professeur, qu'avons-nous fait ? Cette guerre, tous ces morts, pour n'arrêter qu'une seule personne ? Les sorciers ne valent pas mieux que les moldus, ils n'apprennent pas de leurs erreurs. J'ai lu dans un Guerre des Sorciers qu'une guerre semblable a eu lieu en... »

Elle s'arrêta de parler au moment où elle se rendit compte que deux yeux noirs la fixaient. Elle qui pensait monologuer calmement se releva brusquement et rejoignit le lit sur lequel se trouvait Rogue.

« Professeur ? Comment vous sentez-vous ? »

Rogue ouvrit la bouche pour lui répondre, mais cette fois encore aucun son ne sortit. Hermione n'en fut pas étonnée ; après tout, Rogue n'était pas du genre loquace. Il fixa la jeune fille sans cligner des yeux, ne sachant pas comment réagir face à cette vision. « Ainsi donc, elle est morte, elle aussi ? Non, elle n'aurait pas été envoyée au même endroit que moi. Cette Miss Je-Sais-Tout a beau être agaçante, elle ne mérite pas l'Enfer. Quoique... Si je suis puni ici, à devoir l'écouter palabrer sans arrêt, sans avoir de voix pour lui répondre, cela ressemble bien à l'enfer. »

Severus tenta de se mettre assis, mais Hermione appuya sur ses épaules pour l'empêcher de bouger.

« Professeur, vous devez vous reposer. Je vous ai administré une potion pour vous soigner, mais avec tout ça, je n'avais pas tous les ingrédients, et j'ai dû improviser, à la place de l'écorce de saule j'ai pris de l'écorce d'érable. Oui, je sais, ce n'était pas une bonne idée, mais la potion était... »

Mais Rogue n'écoutait déjà plus ce que la jeune fille devant elle disait. « Pour me soigner ? » se demanda-t-il. Il risqua un nouveau coup d'œil sur la pièce qui l'accueillait, espérant que la migraine n'allait pas revenir. Il devina plus qu'il ne reconnut la tour des Gryffondors, et plus exactement le dortoir des filles. Il passa sa main sur son cou, et glissa ses doigts sur le bandage qui cachait la cicatrice qui le traversait de part en part. La jeune fille avait fait du bon travail, malgré son erreur avec l'écorce d'érable. Cette dernière provoquait souvent des effets indésirables, et cela pouvait expliquer son aphonie. Mais il devait bien reconnaître qu'il lui devait la vie. Car oui, il était vivant, et il sentait bouillir en lui un souffle nouveau. Le souffle de la renaissance.

Severus poussa un soupir qui fit se taire Hermione. Elle le fixa de nouveau, et vit les lèvres de son ancien professeur former silencieusement le mot « Merci. »