Chapitre 18. Comment dire

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« Parfois les mots manquent, parfois les sentiments
Comment leur dire d'aller se faire foutre gentiment ?
Je suis comme au bord d'une falaise quand je dois me confier
Dire je t'aime c'est dur, même si le compte y est »

En arrivant au lycée, ma première inquiétude est de trouver Sofia, j'ai l'intention de discuter avec elle pour essayer de comprendre la raison qui l'a poussée à me fuir toutes les vacances.

Je ne tarde pas à la repérer, emmitouflée dans sa doudoune, son écharpe remontée jusqu'à son nez. Je m'approche avec un sourire aux lèvres, après tout, peut-être qu'il n'y a rien de grave.

— Sof' ! je lance en arrivant à sa hauteur.

Elle relève les yeux vers moi et m'adresse un sourire un peu gêné.

— Salut... fait-elle, T'as passé de bonnes vacances ?

Rien ne laisse transparaître une quelconque rancoeur à mon égard, mais je la trouve distante. Habituellement elle me saute presque au cou quand elle me voit.

— Oui ça va, dommage que tu n'aies pas pu te libérer pour qu'on se voit...

Sofia baisse brièvement les yeux, la sonnerie retentit et elle me contourne sans répondre, pour rejoindre notre classe.

Il y a vraiment un problème.

— Qu'est-ce que je t'ai fait Sofia ? je demande en lui emboîtant le pas.

Elle ne répond pas et part s'assoir à sa place habituelle, je la suis, après tout je suis toujours à côté d'elle en cours.

Ça m'agace vraiment, Sofia est quelqu'un à qui je suis très attaché, j'aime passer du temps avec elle et la dernière chose que je voudrais, c'est lui faire de la peine.

— Pourquoi tu me fuis ?

Je parle à voix basse pour que les deux étudiants assis devant nous n'entendent pas notre conversation, le prof de Contemporaine n'est pas encore arrivé, il est toujours en retard le lundi matin.

Au RER B, la classe K1 du lycée Henri IV reconnaissante.

— Je ne te fuis pas.

On dirait moi quand je dis que je ne suis pas bourré.

— Tu imites bien la fuite alors. Pense à t'inscrire au Cours Florent.

Le coin de sa bouche s'étire un tout petit peu, mais elle ne me regarde pas en ouvrant son ordinateur.

— Sérieux, je ne comprends pas quel est le problème. Je suis peut-être super con, mais tant que tu m'auras pas expliqué ce que j'ai fait de mal, je pourrais pas faire en sorte de me racheter.

Ses yeux verts se détournent enfin dans ma direction.

— Tu peux rien faire Naël, t'as rien fait de mal.

Le prof entre dans la classe, invoque le Sacro-saint RER B pour excuser son retard et dans les deux minutes, commence son cours.

— Si j'ai rien fait de mal, pourquoi tu me fuis ? je chuchote en écoutant le cours d'une oreille.

— Je ne te fuis pas, rectifie-t-elle, j'avais besoin de prendre de la distance.

— Tu euphémises.

Elle roule les yeux tout en tapant de façon un peu vigoureuse sur son clavier.

— C'est à cause d'Iris ? je demande en décidant de mettre les pieds dans le plat.

Les joues de la jeune fille s'empourprent aussitôt, j'ai touché juste. Peut-être que ma mère a raison. Ce ne serait pas la première fois.

— C'est pas... Enfin ce n'est pas elle directement, murmure Sofia, C'est juste...

Ce qu'on laisse à nos mômesWhere stories live. Discover now