Chapitre 4. La Fille Facile

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"Petit ange déchu, jolie créature gâchée
Tes ailes sont froissées, et je sais où tu t'es cachée
Derrière ton décolleté se cache un cœur faible
Derrière tes allures de 'tasse se cache une grande reine"

Le lundi soir chez les Castelle, un des meilleurs moments de ma semaine. Comme à chaque fois que je passe la porte, Romy me saute dessus en criant comme une folle.

Léo est déjà en train de mettre le couvert en s'appliquant pour ne pas casser d'assiette, et je cherche Jade du regard. C'est elle qui les garde en attendant que les parents rentrent.

— Elle est où ta sœur ? je demande à Romy.

La petite brune rigole et fait danser ses sourcils.

— Quand elle a entendu que tu sonnais elle a disparu dans sa chambre. Elle veut se faire belle pour toi.

Léonard hoche la tête et avec un air très sérieux, me toise du haut de ses huit ans.

— Parce qu'elle te trouve troooop beau. Elle est bête.

Pauvre Jade, son frère est à l'âge où il trouve que les filles sont bêtes. Je vais toquer à la porte de la chambre de Jade. Après un temps d'attente, elle ouvre précipitamment et pique un fard en me découvrant derrière la porte.

— Salut Jade, je lui fais avec un grand sourire.

Elle baisse les yeux rapidement.

— Salut, désolée... je devais appeler Aby.

Je décide de croire sa version.

— Tu t'es bien remise de l'anniversaire d'Iris ?

Elle hoche la tête et je lui fais un clin d'œil pendant que la porte d'entrée s'ouvre et que la voix de Violette résonne dans l'appartement.

— Hello ! Je suis rentrée !

— Mamaaaaan ! hurle Léo.

Je rejoins l'entrée où je le trouve pendu au cou de sa mère qui le couvre de baiser.

— Tu as passé une bonne journée mon poussin ?

Il ne la lâche plus. Léo est un petit garçon très « maman ». Faut voir les crises qu'il était capable de faire quand elle partait quelque part.

— Tu peux me lâcher s'il te plaît ? j'aimerais bien dire bonsoir à Naël.

Son fils se détache à grand peine de son cou et comme d'habitude Violette m'ébouriffe les cheveux avant de m'embrasser sur les deux joues et me reprocher d'être trop grand.

Je me demande si un jour elle va vieillir, à croire que ses traits se sont figés à trente ans et que les années qui passent n'ont aucun effet sur elle.

— Deen rapporte le repas, annonce-t-elle, il devait passer chez le libanais du coin. Ça va Naël ? Ta sœur s'est remise de ses émotions ?

Elle me sourit avec amusement alors que Jade nous rejoint pour embrasser sa mère à son tour.

— Oui, Papa l'a menacée de la renvoyer au bled si elle recommence.

— C'est quoi le bled ? demande Léonard.

— C'est là où tu vas aller si tu continues à raconter des craques, fait la voix de Deen alors que la porte d'entrée claque à nouveau.

Cette fois ce sont Romy et Jade qui se jettent sur leur père comme s'il était le Messie. Incroyable ce qu'ils sont démonstratifs dans cette famille. C'est clairement pas la même ambiance chez mes cousins, par exemple. Ici ils sont toujours détendus, joyeux, à plaisanter et rire. J'ai cru comprendre que ça n'avait pas toujours été aussi simple et je pense qu'ils mettent un point d'honneur à ce que leur maison soit une zone où soucis et mauvaises ondes ne puissent pas entrer. Avec ma sœur on l'appelle « la famille de la joie ». Parce que quand on vient chez les Castelle, on repart toujours avec le sourire. Et pourtant, jamais vous ne trouverez un sourire hypocrite chez eux. Ils ne font pas semblant d'être heureux, ils font tous des efforts pour l'être.

Ce qu'on laisse à nos mômesWhere stories live. Discover now