Au-delà des rêves (En pause)

Chapitre 8: À la plus belle des lunes, la plus sombre des nuits (3e partie)

Lizbeth se redressa péniblement, appuyée sur son coude, et posa son regard brumeux sur le jeune homme.

Joshua surveillait les bêtes à travers un mince interstice entre deux rochers. Il avait l'air hésitant, désorienté, perdu... elle l'était d'autant plus qu'elle ne voyait presque rien.

Elle fut parcourue d'un terrible frisson.

La course, la terreur, la fatigue, les ombres, les loups qui tentaient de la happer avec leurs crocs, leurs griffes, pour la mettre en lambeaux...

Et cette pierre froide.

Un souffle froid lui caressait le cou et alla disperser un arôme terrifiant dans l'immensité de la caverne.

Le hurlement qui retentit ensuite ne fit que rendre l'odeur plus forte. Ce loup appelait les autres à le suivre.

Ils l'avaient sentie.

— Là-bas...

Le jeune homme sursauta en sentant la manche de son costume saisie par la faible poigne de Lizbeth. Il recula, et la vit, au sol, pointant de sa main fine et toute pâle un amoncellement de pierres à quelques mètres d'eux.

— Du vent... Il y a du vent par-là...

Passant un regard furtif par-dessus leur abri de pierre, Joshua vit la horde qui venait droit dans leur direction. Au-delà de ce mur de chair, de crocs et de sang, un filet de lumière blanche perçait entre quelques rochers. Les grognements des créatures affamées se faisaient de plus en plus insistants.

— Vite...

Non.

Ils ne pouvaient fuir, Joshua le savait. Liz serait incapable de courir plus de quelques mètres, et lui ne pourrait se résoudre à l'abandonner à son sort. Il souffla pour lui-même des paroles presque inaudibles. Pas dans un soupir de lassitude, de résignation, mais dans un souffle puissant, fort, déterminé.

Celui que pousse l'étalon, tapant du sabot, avant de charger...

Il n'était pas le loup, mais pas l'agneau... et encore moins la volaille. Il était bien une proie et le serait peut-être toujours.

Mais, il n'était pas destiné à l'abattoir.

Il se battrait.

Pour toute chose qui lui tient à cœur...

On disait que l'adrénaline faisait parfois faire des choses insensées, folles ou complètement impossibles. Cette nuit-là, Joshua serait peut-être l'une de ses victimes... Il contourna l'abri de pierre à pas mesurés, puis fila à travers la caverne.

— Q-Qu'est-ce que tu... ? Non ! Pas par là !

Il avait déjà disparu derrière les rochers.

Pourquoi allait-il en direction de l'entrée ? C'était pourtant de là que venaient les loups.

Liz rampa aussi vite qu'elle le put, prit appui sur une pierre pour se hisser à la seule force de ses bras sur le rocher qui lui cachait la vue, et tendit le cou. Elle constata avec horreur que les bêtes blanches avaient disparu.

Et son compagnon avec elles.

La grotte, qui auparavant faisait suivre le moindre son, le plus petit bruit, d'un écho assourdissant, semblait maintenant étouffer le pas, la course, la fuite de son ami.

S'était-il arrêté ? L'entendrait-elle s'il se faisait... ?

Non ! Non, il ne faut pas ! Tu serais à nouveau...