Chapitre 7: Comma... cauchemar (1ère partie)

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Il sentait comme une pression sur sa poitrine, et un souffle régulier près de son oreille le fit frémir. Il ouvrit lentement les yeux.

Lizbeth. Inconsciente.

Il glissa lentement sur le côté et s'extirpa de sous le corps de la jeune fille avant de se redresser prudemment. Tout était si... flou. Il détestait ça. Il détestait ne rien comprendre. Que lui arrivait-il ? Pourquoi faisait-il si chaud ? Et que pouvait bien faire Liz dans cet état ?

Aurais-je... ?

Il regarda aux alentours. Impossible de se situer. La brume environnante s'était légèrement dissipée, mais c'était tout juste s'il distinguait deux ou trois buissons çà et là.

Pour le moment... je devrais éviter de m'éloigner.

Un bruit se fit entendre. Un grognement étrange, à la fois éloigné et très proche. L'angoisse que le jeune homme s'efforçait tant bien que mal de contenir finit par prendre le dessus. La respiration de plus en plus saccadée, le cœur battant la chamade, le dos trempé de sueurs froides... La peur, la vraie.

Tu es perdu, Joshua. Seul.

La où se trouvait auparavant la jeune fille s'élevait maintenant une ombre menaçante, tout s'agitait autour de lui. Des dizaines d'yeux scintillèrent dans les ténèbres au moment où le spectre tout vêtu de noir lui saisit le bras.

- Non ! Lâche-moi !

Il se dégagea et, ne tenant pas compte de l'obscurité, se mit à courir. Il sauta par-dessus les racines qu'il pouvait apercevoir et plongea sous les branches trop basses...

Elle le suivait.

Il trébucha sur une souche...

Relève-toi !

Glissa sur une pierre...

Cours !

Elle était là, derrière lui, l'ombre. Chaque fois qu'il pensait l'avoir semée, elle réapparaissait entre deux arbres.

Il tomba encore une fois...

Fuis !

Il ne voulut même pas se retourner pour vérifier si la chose le suivait toujours, il l'entendait... et c'était dérangeant. L'adolescent sentait ses poumons sur le point d'exploser, sa gorge le brulait terriblement, mais il trouva malgré tout l'énergie de se plaindre de l'absurdité de la situation.

Les ombres ne peuvent pas agripper le bras des gens, elles ne peuvent pas courir ni faire de bruit... Elles ne peuvent simplement pas se déplacer !

Il maudit cette réflexion ridiculement logique et ce cerveau qui lui pompait l'oxygène dans un tel moment. Il n'y avait pas à réfléchir ni à se questionner. Pour l'instant... il devait courir ! Puisant dans ses ressources les plus profondément enfouies, il trouva miraculeusement la force suffisante pour piquer un sprint d'une poignée de secondes et distancer le spectre noir... qui semblait s'essouffler aussi. Il se précipita sous une branche qu'il retint d'un bras et se cacha derrière le tronc de l'arbre. Il n'était pas loin. Les bruits de pas approchaient. Joshua étira la branche au maximum... et la relâcha. Elle se déplia et, comme prévu, alla heurter son poursuivant de plein fouet.

Sans réfléchir, il repartit de plus belle, tomba à plusieurs reprises, s'écorcha les coudes et les genoux, manqua de s'assommer sur plus d'un tronc... Ce n'est qu'après plusieurs minutes de cette pitoyable course qu'il finit par s'arrêter pour reprendre son souffle. On y voyait mieux. Le brouillard s'était dissipé, et la lune était sortie de derrière les nuages. Elle était pleine, cette nuit-là, et semblait veiller sur le jeune homme, l'air de dire : « Tout va bien maintenant. Je suis là... »

Ce spectacle apaisa quelque peu Joshua qui reprit sa marche après une lente respiration, bien mesurée. Écoutant et observant attentivement les alentours, il entendit quelque chose passer au-dessus de sa tête. Levant les yeux, il aperçut de petites ampoules volantes. Elles s'illuminaient toutes sur son passage, clignotant tour à tour en le contournant. L'une vint se poser sur son épaule, ce qui lui permit de l'observer de près. Il se trouva un peu ridicule d'avoir été effrayé par ces petites lumières. Ces créatures éclairaient le chemin au milieu de la nuit noire. Admirant leur danse gracieuse, il se sentit un peu mieux...

Un peu...

Sa pression artérielle retrouva, petit à petit, un rythme plus calme, plus régulier.

Qui peut bien vivre ici, au milieu de la forêt ?

Le jeune homme s'adossa à l'arbre le plus proche.

Je ne la voyais pas si grande, en arrivant...

T'y es jamais entré...

Son cœur rata un battement. La voix provenait de derrière le tronc.

T'es clairement jamais venu ici... Vu ta tête, c'est la première fois que t'aperçois ces bestioles.

C'était un adolescent.

Comment... ? D'où peut-il me voir ?

J'suis en seconde. Et toi ?

Il resta silencieux, priant bêtement pour que cette personne oublie sa présence.

T'es vraiment pas porté sur la parlotte, entendit-il soupirer dans son dos. En tout cas, ingénieux le coup de la branche.

Le jeune Allen, qui s'était penché, très lentement, pour ramasser une roche à ses pieds, se figea subitement.

C'était lui... ? songea-t-il le cœur au bord des lèvres.

Presque de lui-même, son cerveau détraqué lui précisa que les ombres étaient silencieuses... Dans l'immédiat, d'ailleurs, il aurait même cessé de respirer, si cela avait pu faire disparaitre son corps. Mais, il garderait sa couleur brune caramel sombre, bien visible, il le savait bien - le stress n'avait pas encore grillé tous ses fusibles. Son dos à nouveau baigné de sueurs froides, il sentit peu à peu le reste de son corps se mettre à trembler.

Il devait vite se ressaisir.

Secouant la tête, il prit son courage d'une main et saisit la roche de l'autre pour se tourner vers le tronc. Le type était là, juste derrière, attendant on ne sait quoi pour sortir.

- Qui... es-tu ? Que fais-tu ici... ?

Son ton, qu'il voulait calme et assuré, s'était fait bien plus chevrotant qu'attendu... Au mieux, il passerait pour un poulet terrifié, au pire, pour un courageux agneau. L'un choisirait la fuite, le second accepterait sans broncher l'invitation à diner d'un loup pour se faire inévitablement dévorer.

Non...

Ce devait être lui, le loup.

Tandis qu'il contournait le tronc à pas feutrés, une main se posa brusquement sur son épaule. Surpris, il lâcha la lourde pierre qu'il serrait de sa poigne hésitante. Par réflexe, il saisit le bras de son agresseur et, en se tournant vers lui, trébucha et l'emporta dans une maladroite arabesque. Ce dernier se débattait furieusement, agitait les bras et les jambes, hurlait d'une voix stridente. Plus corpulent que son adversaire, Joshua prit le dessus. Alors qu'il s'apprêtait à lui asséner un furieux crochet du droit, il perdit le souffle.

Non pas qu'il eut été atteint par une quelconque frappe. Ce qui l'avait percuté, c'était ces yeux, bien familiers, qui apparaissaient à la lumière de la nuit.

Au-delà des rêves (En pause)Where stories live. Discover now