Le salon en accordéon

25 5 0
                                    


   Si les sciences étaient le domaine de prédilection de Maya, certains jours, il ne faut pas exagérer, il y a de choses plus importantes que les cours et des poignards dans le grenier de sa meilleure amie en fait partie.
Lorsqu'enfin le professeur de mathématique énuméra l'interminable liste de devoirs elle sortie sans attendre ne serais ce que la sonnerie. Aussi, vite, que son fauteuil le lui permettait, elle traversa les couloirs bondés et entra dans la gigantesque bibliothèque des lycéens.
Elle la vit enfin, assise en tailleur dans un recoin à l'écart, son casque sur les oreilles balançant sa tête d'avant arrière inconsciemment, un roman à la couverture bien sombre entre ses mitaines bariolées. Athénaïs avait comme à son habitude échouée entre les étagères bancales qui était, depuis toujours, comme un refuge.
Il fallut plusieurs minutes à Maya pour faire remarquer sa présence à son amie qui plongée dans ses histoires était totalement déconnectée de ce monde.
-Maya ? Qu'est qui t'arrive ?
- Pour résumer ? Cette nuit avec Gaby, on était chez Nina et on découvert plein de truc très étrange dans sa malle à secrets.
- Étrange comment ?
- Comme ça. Elle sortit alors de son sac à dos les deux magnifiques poignards trouvés la veille sous le regard médusée d'Athénaïs.

L'avantage de passer la quasi-totalité de sa vie seule est que l'on développe des stratagèmes pour s'occuper, notamment l'errance hebdomadaire entre les étagères des bibliothèque permettant la connaissance des rangées spécialisées en étranges, bizarres et potentiellement mortelles.
Après avoir écopé les classiques contes, romans horrifiques et recherches paranormal Athénaïs fit pivoter le grimoire qu'elle recherchait, le mot grimoire ici n'est pas une exagération déplacée, mais bien le mot le plus proche de cet énorme dictionnaire de l'histoire des évènement inexplicable d'Halsey, oui, il y en a un dictionnaire entier.
Si Maya fut d'abord étonnée qu'Athénaïs en connaisse l'existence, elle le fut encore plus lorsqu'elle la vit retournée d'une main assurée la demie brique pour y lire quelques lettres à demi-effacée sur l'étiquette.
Après les avoir notées sur un morceau de papier minuscule, elle repartit en direction de la sortie sous le regard interloqué de son amie.
« Bah, alors tu viens ? »
Au recoin d'une rue en accordéon, se tenait un vieux salon de thé avec des murs saumon à l'odeur de biscuits déséchées stagant dans l'air. Ce salon était malgré ses apparences un lieu emblématique d'Halsey. Les rares voyageurs qui passaient dans la ville s'arrêtaient tous ici pour savourer le légendaire brownie aux noix de pécan spécialité du vieillard qui tenait la boutique depuis plus de cinquante ans. Athénaïs se glissa à l'intérieur particulièrement à l'aise au milieu de ces tables trop rapprochées et de cette déco dépareillée provenant de trois siècles différents, on se serait cru à l'intérieur de sa propre chambre. Elle arriva au fond et s'adressa au gérant du salon en lui montrant le papier sur lequel elle avait noté les mots du grimoire et lui glissa quelques mots. Celui-ci essuya ses mains enfarinées sur son tablier et souffla quelques ordres à son commis, avant de faire signe aux deux jeunes filles, les gens s'écartèrent pour laisser les grandes roues de Maya se frayer un passage à l'intérieur. Derriere un rideau défraichie le vieil homme ouvrit un petit cagibi pas plus grands que le placard à balai qui leur sert de bureau à la difference près que celui-ci n'était pas couvert de photos mais plutôt d'armes en tous genre.
-M. George est l'expert en armes de cette ville, ils les connait toutes, connait toute la ville et est toujours au courant de toutes des dernières rumeurs transporter par les grands-mêres gâteuses. Expliqua Athénaïs.
Maya lui présenta les deux poignards qu'il observa a la loupe, mais très vite son regard assuré se fit plus sombre, inquiet.
-Cette lame est particulière, elle ne ressemble à aucune arme commercialisée dans le pays, peut être le monde. Elle est reliée à un truc sombre, un groupuscule, je suppose qui subsiste ici, on a souvent retrouvé ces lames faites à la main, mais par quelqu'un qui si connait vue leurs beautés, dans des affaires étranges, louches, parfois même à la limite du paranormal. Souvent, la police fait taire ces histoires, mais les vieux les connaissent. La seule chose que je peux vous dire, c'est que c'est anormale, encore plus que cette histoire, je veux dire, retrouver cette arme cachée dans un grenier laisse penser qu'elle lui appartenait, alors que la plupart du temps, on les retrouve à l'intérieur de quelqu'un, rarement vivant. Il n'y a pas de doute, votre amie était liée à un truc louche, très dangereux et bien plus vieux que vous mesdemoiselles.  

Meurtres à HalseyWhere stories live. Discover now