One Step Ahead - Namjoon/RM

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-Ne tirez pas je vous en supplie! 

Essoufflée, apeurée, le front luisant de sueur et le dos inondé par celle-ci, je me tenais à genoux devant la silhouette menaçante et assurément masculine qui me dominait, debout à six mètres de moi, fusil à l'épaule et canon pointé sur ma tête. Ma vue était encore un peu floue suite au coup que j'avais reçu à la tête, ma tempe ayant tapé assez fort contre une pierre lors de ma chute. J'avais été en train de courir, tentant d'échapper à un groupe d'hommes qui pensaient sans doute pouvoir m'utiliser pour leur plaisir et avais buté sur une racine, m'envoyant ainsi valdinguer dans un ravin. A vrai dire, depuis la fin du monde, être une femme était devenu encore plus dangereux qu'auparavant. Après les premières agressions, j'avais commencé à me barbouiller la figure de terre, et avais notamment coupé mes cheveux, les gardant courts mais suffisamment longs pour effleurer ma mâchoire. Mais peine perdue. Car les femmes n'étaient pas les seuls victimes de ces prédateurs; les jeunes garçons aussi; et malheureusement pour moi, j'étais une fille assez frêle de nature, sans plus compter que le manque de nourriture avait eu un sacré effet sur moi, creusant mes joues et me faisant paraître plus chétive que je n'étais. Ma meilleure option avait été de courir, et voilà que comme une idiote, je me retrouvais face à une autre menace.

L'homme qui me faisait face, arme pointée dans ma direction, visage couvert d'un masque et crâne caché par une capuche, grogna agressivement.

-Qu'est-ce qui pourrait bien m'en empêcher, hein? Qu'est-ce qui me dit que t'es pas venu pour me flinguer et me voler mes possessions, hein p'tite merde?

Oh, Seigneur, Dieu merci! Il n'avait pas l'air de s'être rendu compte que j'étais une fille (rien dans sa réaction ne le présageait, tout du moins), et il semblait averse à toute présence humaine. Un bon point. Un prédateur sexuel m'aurait déjà flinguée dans la jambe et violée, à sa place. Mais restait le fait qu'il ne semblait pas du genre à faire des menaces en l'air et vu l'état de notre putain de civilisation, je ne lui en voulais pas! Ne restait plus qu'à le convaincre de ne pas me tuer... 

J'étais prête à TOUT pour survivre!

-Je suis désolée, j'ignorais que c'était votre territoire, j'essayais simplement de fuir un groupe. On peut compter sur personne ces temps-ci et ils allaient me tuer. Je suis un solitaire (Parfait! Jouer sur son apparent rejet de contact humain.)

Il grogna à nouveau. 

Après une minute de silence angoissante, il baissa finalement son fusil et sa main remonta pour repousser sa capuche noire, dévoilant des cheveux blond platine et la partie supérieure de son visage. Il avait des yeux asiatiques, d'un brun si profond qu'ils en étaient noirs, et je faillis m'étouffer lorsqu'il retira ensuite son masque, révélant ainsi des lèvres pleines et des fossettes. Mignon. Indubitablement mignon. J'aurais sûrement swipé à droite si j'avais eu l'occasion de le voir avant que le monde ne se transforme en une constante mauvaise parodie de la Purge.

Il resta silencieux un moment, me fixant, visage indéchiffrable. Il finit pas détourner les yeux et pivota sur ses talons, se dirigeant à pas assurés vers l'est.

-Bien. Suis-moi, gamine.

J'ouvris de grands yeux. Oh merde! Muscles tendus, jambes légèrement fléchies, j'étais à deux doigts de bondir lorsqu'il se retourna avec un léger sourire sur les lèvres.

-Tu pensais tout de même pas que j'allais pas remarquer que t'étais une meuf, non? T'inquiète pas, va. J'en ai pas après ton petit cul, sois tranquille. Si tu veux manger et avoir un toit pour la nuit tu peux me suivre, sinon, t'as qu'à te démerder là dehors. T'es pas mon problème.

Douteuse, j'hésitai tout de même, tentée d'acceptée sa proposition mais repoussée par l'idée de dépendre d'un homme qui pourrait me poignarder dans le dos à tout moment. Lorsque je lui fis savoir il se contenta de hausser les épaules.

-Je t'ai bien proposé de t'accueillir dans ma cache secrète et de partager mes réserves, t'as rien à perdre de toute façon: tu crèves la dalle, t'es probablement sur le point de te laisser crever sur le bord de la route, à la merci de tous les bâtards qui traînent dans les alentours. Tu tiendras pas bien longtemps, crois-moi.

Et ce fut ainsi que commença notre histoire.

Son nom était Namjoon Kim. Il était coréen et faisait partie d'un programme d'échange étudiant qui s'opérait entre UCLA et SKY. Après l'apparition du virus VP-1, les frontières avaient été fermées, le coupant pour une période indéterminée de sa famille et l'empêchant de retourner dans son pays natal. Les dernières nouvelles qu'il avait reçu en ligne avant la coupure mondiale d'électricité n'étaient pas bonnes: sa mère et sa soeur avaient succombé au virus et son père était infecté. Il était donc seul. 

Je notai très vite qu'il était d'une intelligence effroyable. Tous les trois jours il partait pour effectuer des "raids" et il revenait toujours avec plus de nourriture pour nous deux. Sa cache était un bunker enfoui dans le sol dont l'entrée était cachée au fond d'un tronc creux, et sa chambre regorgeait de toutes sortes de livres. J'aimais lire mais Namjoon était un intellectuel, profondément avide de savoir, il était éduqué et attentionné. Me traitait correctement, si ce n'était pour quelques mots crus ou expressions raillardes. Je n'aurais pas pu demander mieux. Et comme j'aurais du m'y attendre, j'étais en train de tomber irrémédiablement amoureuse. La conversation était toujours excellente entre nous deux et nous communiquions comme si nous nous étions connus toute notre vie. Très vite un nouveau type de conversation pris place entre nous et avec cette nouvelle intimité, soudain je remarquai quelque chose qui me fit soudain douter quant à la possibilité que tout ceci ne soit pas aussi parfait que cela le semblait.

J'avais commencé à dormir dans sa chambre et avais décidé de ranger le fouillis que j'y avais mis, profitant de son absence pour nettoyer un peu. Ce fut à ce moment-là que je découvris la trappe sous notre lit. Il y avait une boule de neige posée sur une pile de livres instable et lorsque je l'avais fait vacillée, celle-ci avait roulé. Le son qu'elle avait produit en tombant au sol m'avait intriguée. 

Cela avait sonné creux. Comme s'il y avait une autre pièce sous le plancher.

Curieuse, je bougeai le lit hors du chemin et soulevait le tapis oriental qui couvrait le sol en béton. Cachée sous celui-ci se trouvait une trappe en bois ornée d'une poignée et de lanières en métal. Une sortie secrète? Une cache dont il ignorait l'existence? Ou alors une trappe dont il souhaitait que j'ignore la présence? Non. Namjoon n'avait rien à ma cacher, nous vivions ensemble depuis plus d'un an et étions en couple depuis 9 mois. Ce n'était sans doute rien.

Mais mon regard erra à nouveau vers la trappe et mon estomac se serra. Je ne me sentais pas bien, et j'ignorais pourquoi la vue de cette cachète secrète me rendait si nerveuse.

Namjoon reviendrait le soir, j'avais encore le temps de descendre jeter un coup d'oeil. Ce n'était pas comme si il cachait un innommable secret, non? Namjoon n'avait rien d'un Barbe Bleue...

****

Lorsque Namjoon rentra ce soir-là, j'avais rangé le bunker, préparé le dinner et portais ma plus belle tenue, une robe d'un bleu passé qu'il avait récupérée durant un de ses raids.

Il ouvrit de grands yeux surpris.

-C'est pour moi, tout ça?

Je souris, satisfaite de sa réaction.

-Tu m'as sauvée, m'a offert un toit, de quoi vivre et ton amour... C'est si étonnant que ça que je te prépare un petit festin et une surprise pour te remercier pour tous tes efforts?

Un sourire se dessina lentement sur son visage et je me trouvais prisonnière de son profond regard sombre. Il s'approcha doucement de moi, se saisissant à de mains de mon visage. Je ne pus empêcher le léger frisson qui fait naître de la chair de poule sur mes bras. 

Il m'embrassa doucement et, délaissant la nourriture sur la table, me poussa vers le lit.

Plus tard ce soir-là, après avoir fait l'amour et mangé notre repas, je restai éveillée, tête posée sur sa poitrine, oreille pressée contre son coeur, l'écoutant battre distraitement.

Je n'étais pas folle. Quelle genre d'idiote tenterai de le confronter au sujet de ma découverte macabre dans sa pièce secrète? Réponse: sûrement pas moi.

Après tout, j'étais prête à tout pour survivre... Même si cela voulait dire aimer un monstre.

A Hint Of Darkness | BTS one-shots VFWhere stories live. Discover now