Partie 17

385 73 42
                                    


Parfois dans la vie on se retrouve submergé par de tels soucis qu'on aimerait juste ne jamais avoir existé. Tous les plans établis tombent à l'eau, toutes les projections se révèlent inexactes. Dans ces moments on aimerait croire en l'existence des licornes et des rêves pailletés. On s'accrocherait au plus infime des espoirs en désespoir de cause. Mais hélas ni le monde ni le destin ne suivent aucune logique connue des humains.

Rachid en se réveillait ce matin sentit son estomac se nouer et sa poitrine se serrer à écraser son cœur. Il savait au fond de lui que les miracles n'existaient pas mais il a voulu y croire. Il en avait la confirmation quand le garde qui faisait sa ronde lui lança « le grand jour hein » avec un sourire narquois qui frisait le plaisir malsain. Aussi se contenta-t-il de mettre un peu d'ordre dans ses livres. Ce n'est pas tant le désordre qui le dérangeait mais il ne voulait pas laisser à son esprit le loisir de se concentrer sur ce qui allait se passer aujourd'hui. Hélas aucune occupation ne peut empêcher un esprit aussi vif que le sien de se focaliser sur le plus important : son procès.


Il essaya d'imaginer le déroulement de ce qui allait déterminer son destin. Il se repassa rapidement les différentes options qui s'offraient à lui et ne sut quoi en penser. Toutes ces options étaient mauvaises, surtout trop loin de ce qu'il avait imaginé en élaborant son plan qu'il pensait sans faille. Il se rendit compte alors qu'il n'a jamais eu toutes les cartes en main. Et dans ce cas-là, ne dit-on pas que les « as » ne remportent pas toujours le pot ? Soudain une pensé lui vint à l'esprit en repensant à la dernière entrevue qu'il avait eu avec ses amis et surtout en pensant à ce que Sofia lui avait dit en partant : et si elle attendait le procès pour se dénoncer ? Non, non elle ne doit pas ! essaya-t-il de se convaincre. Pourtant une petite partie au fond de lui espérait presque que cela se passe ainsi, naturellement il ne voulait pas se l'avouer. Etait-ce mal de penser ainsi ? Il était sûr en revanche qu'il ne dégonflerait pas, qu'il ne dénoncerait jamais son amie.

Mais alors comment pouvait-il espérer s'en sortir ?

Il finit de ranger sa chambre et prit une bonne douche. Il s'habille et attendit en silence. Il n'avait pas déjeuné, de toute façon il ne pensait pas pouvoir avaler quoi que ce soit ce matin-là.


Le trajet vers le tribunal fut angoissant. Bien qu'il fut sur son trente et un, avec un très beau costume livré par son avocat la veille il avait les menottes aux poignets. Il trouva quand même la situation un peu cocasse. Il ne risquait pas de s'enfuir et tout le monde le savait. Il s'était lui-même constitué prisonnier alors... mais bref il savait bien que le protocole ne pouvait faire une exception pour sa personne, surtout vu ce dont il est accusé...

Oui ce dont il est accusé... cette seule pensée finit par briser le semblant de sérénité qu'il y avait dans sa tête. Sa poitrine se resserra, son cœur semblait comprimé par un poids invisible. Il desserra sa cravate pour mieux respirer. Heureusement la voiture se gara. Il était arrivé.


Il patienta dans une salle pour quelques minutes qui lui semblèrent une éternité. Son avocat le tenait compagnie mais il n'avait pas vraiment envie de le voir lui. Pas le choix c'était la procédure et il ne pouvait en réchapper. Il lui semblait que son avocat lui parlait mais il n'écoutait pas du tout, son esprit était ailleurs bien loin de ce tribunal.


Quand le garde le conduisit dans la salle d'audience Rachid ne s'attendait pas à ce qu'il y'ait autant de monde. Il promena son regard sur l'assistance et vit ceux qui devaient être les enfants de la victime. Il se sentit mal en pensant à la victime dont il ne connaissait même pas le nom. Son moral était à zéro. Il sut à la mine qu'ils firent que la catastrophe était inévitable pour lui. Il continua néanmoins de scruter la salle à la recherche de regard réconfortant et tomba sur ses amis : Sophia qui ressemblait à un zombie tout juste déterré tellement sa mine était affreuse, Abdou, qui lui envoya un sourire forcé et enfin Moustapha ! Moustapha était là, le cœur de Rachid s'emballa quand son meilleur ami lui montra une enveloppe comme pour accuser réception des regrets de Rachid.

Je ne sais pas si je pourrais tuer pour toi...Where stories live. Discover now