CHAPITRE 33

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Ça fait quelques heures que je tourne en rond quand j'entends la porte qui relie le garage à la maison s'ouvrir. Je me lève d'un bon, prête à accueillir la personne qui va en sortir.

-Alexie ? David me prend dans ses bras heureux de me revoir après autant de temps, d'ailleurs je me demande bien où ils étaient pendant ce temps-là.

-David, je suis contente de te voir. Je lui souris et lui rend son étreinte rapidement guettant l'arrivée de son frère. Il commence à me poser un millier de questions à propos de ma mission et je ne lui réponds que par des hochement de tête trop obnubilé par les bruits de pas qui se rapprochent.

Quand T-Bône arrive sur le pas de la porte je ne lui laisse pas une seconde et je l'attrapais par le bras le tirant vers son bureau. Je ne peux vraiment pas attendre que les retrouvailles soient finies avant de lui poser la question qui me trotte dans la tête depuis plusieurs heures.

-Eh bien ? Qu'est-ce qui t'arrive, je n'ai même pas pu poser mon sac ? Il dépose sa valise dans un coin de son bureau et prend place sur son fauteuil en cuir. Il pose ses coudes sur son bureau puis joint ses deux mains à hauteur de son visage. Il me regarde attendant que je prenne la parole.

-Bon, écoute-moi avant de refuser ou quoi que ce soit, laisse-moi parler. Je reste debout devant son bureau passant d'un pied à l'autre me balançant tout en me rongeant les ongles, geste très inhabituelle pour moi.

-J'ai l'impression que tu me répètes cette phrase depuis quelque temps. Il soupire puis me fait un signe de la main pour m'inciter à commencer.

-À mon retour de mission je n'étais pas dans le meilleur des états autant physiquement que psychologiquement et pour une raison qui m'échappe encore je me suis rendu chez moi et, je te fais la version courte mais ce que j'ai vu le bas, c'était horrible... Je baisse les yeux, honteuse, dansant toujours d'un pied à l'autre et je vois qu'il commence à perdre patience.

-Qu'est-ce qui se passe encore ? Si tu veux retourner le bas je ne te retiens plus j'en ai assez de te courir après. Il s'enfonce plus dans son siège et croise les jambes avant de me regarder tristement. Sa phrase m'a fait l'effet d'une bombe. Quand je n'allais pas bien c'est lui qui m'a toujours soutenu. Je suis consciente que la manière dont je l'ai traité tout au long de ses années n'a pas dû être simple, mais la raison de pourquoi je me suis comporté ainsi c'est que je n'ai jamais su comment me comporter avec lui. Je le considère beaucoup plus que ce qu'il ne pense. Avec cette phrase j'ai l'impression que mon père m'abandonne une deuxième fois. C'est la seule figure paternelle stable que j'ai connue et je me suis comporté à la façon d'une ado en crise avec lui.

-C'est tout le contraire, je ne repartirais plus j'en ai marre de me battre contre toi, je veux rester ici. Je vois un léger espoir dans son regard.

-Vraiment ? je sais que ce n'ai pas bien de le prendre par les sentiments mais c'est ce moment que je choisis pour lui annoncer ce que j'avais à lui dire depuis le début.

-Oui mais, seulement si ma sœur peut rester aussi . Il ferme les yeux instantanément et je le vois se triturer les méninges pour trouver la bonne réponse.

-Pourquoi ? Il se lève puis me rejoint de l'autre côté de son bureau pour s'assoir sur ce dernier afin d'être plus proche de moi.

-Les choses atroces que j'ai vu le bas, c'est elle qui en fait les frais. Il continue à abuser d'elle. Il recommence tout ce qu'il faisait avant. Maintenant j'ai les larmes au bord des yeux et il voit ma vraie détresse à ce moment-là.

-Joseph ? Il ne ta rien fait j'espère . Il attrape mon bras pour que je relève la tête, ce que je fais et saisis son regard au passage.

-Non pas lui, mais les gars de son gang, mais c'est comme si c'était lui, les ordres viennent de lui. Non, je n'ai pas réussi à le voir. Je sais que le fait que j'ai essayé de revoir mon père va le contrarier mais je préfère être transparente avec lui.

-Comment ça tu n'as pas réussi à le voir ? Il prend un ton plus autoritaire et se redresse.

-J'ai voulu lui régler son compte dans un accès de colère débile mais je n'ai rien fais ! Je me suis rappelé de ce que tu m'as enseigné; ne jamais agir seul, ni sans armes d'ailleurs. Je l'entends soupirer et il se pince l'arrête du nez comme si j'étais irrécupérable.

-C'est surtout parce qu'il n'était pas la hein . Je le regarde et je comprends rapidement qu'il est au courant des moindres faits et gestes de cette personne que nous haïssons tous les deux. Je glisse un fin sourire même si je garde ses informations dans un coin de ma tête.

-Alors pour Jasmine tu es d'accord ? Je ne la laisserais pas retourner le bas seul, mais elle ne sera pas la gratuitement, elle peut travailler, je sais que tu es toujours débordé elle peut nous aider...

-Oui c'est ok ! Je ne vais pas te laisser retourner le bas de toute manière. Fait la descendre je voudrais lui parler. J'acquiesce et grimpe les marches jusqu'à ma chambre à une vitesse ahurissante.

Au fond de moi je savais qu'il accepterait, on n'a jamais osé en parler par pudeur mais on a un lien indescriptible qui nous relis, et je pense que ça nous dépasse tous les deux. D'après David je ressemble beaucoup à sa femme qui malheureusement a été assassiné peu de temps avant d'accoucher, ce jour la il a perdu sa femme et sa fille qui aurait eu à peu après mon âge si elle était encore en vie. Encore aujourd'hui je reste persuadé que c'est pour cette raison qu'il m'a laissée intégrer le gang. Moi la petite fille a la recherche d'un paternel et lui l'homme a la recherche de sa fille décédé. Mais on préférait ce faire la guerre plutôt que de s'avouer tout ça.

Plusieurs heures après l'intégration officielle de Jasmine dans le gang je décide de préparer le repas et, je traine Jason avec moi dans la cuisine pour pouvoir lui parler, chose que je n'ai pas énormément fait depuis que je suis rentré.

Sans Regrets. [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant