Joie et déchéance

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Akihito se réveilla tôt le lendemain matin, complètement reposé, pour une fois, aucun cauchemar n'avait troublé sa nuit, il était parfaitement serein. Il savoura enfin la paix qui l'habitait, une sensation qu'il n'avait plus connue depuis près de dix ans, depuis qu'il avait été enlevé et séquestré par Arbatov. La menace n'était plus. Il était libre de ce qu'il faisait. Il ne se réveillerait plus au coeur de la nuit, vérifiant si un homme ne surgissait pas dans son appartement, armé d'un couteau.

Il se leva du lit, prit un verre d'eau, et contempla le visage endormi de Ryûichi, encore dans les bras de Morphée. Il caressa ses cheveux, et baisa sa nuque, appréciant juste la vue d'un Ryûichi entièrement vulnérable. Il sourit face à tant d'ironie, Ryûichi était loin d'être inoffensif, mais dans son sommeil, il était complètement détendu. C'était une vue rare pour le journaliste, aussi, il l'avait à chaque fois prise en photo quand il le pouvait.

Il s'allongea sur le matelas confortable, et regarda Ryûchi dormir jusqu'à son réveil, posant simplement sa main sur la poitrine de l'autre. On pouvait presque toucher les muscles à travers la peau de l'homme, on pouvait presque sentir qu'ils étaient forgés dans l'acier, acier travaillé par le meilleur des forgerons. Il toucha une mèche de ses cheveux soyeux et brillants, observa les mèches blanches donnant cet air seigneurial à Asami.

Décidément, il n'avait pas pris le temps de prendre soin de l'homme qu'il aimait, la nervosité  engendrée par la présence d'Arbatov sur le territoire japonais n'avait laissé aucun répit à Akihito. Mais il se jura qu'à l'avenir, il ferait davantage attention à son bel homme, comme Ryûichi avait toujours pris soin de lui jusqu'à présent. Il sentait qu'il devait retourner sa dette, même si au fond de son coeur, il savait très bien que l'autre sourirait face à tant d'innocence.

Ce sourire lui manquait tellement, il était hautain, moqueur, faussement ironique, et pourtant, ses yeux s'allumaient toujours face à Akihito, alors cette expression était légèrement plus nuancée, ce n'était plus emprunt de moquerie, mais d'humour. Le corps de Ryûichi se détendait, se relaxait en la présence d'Akihito, laissant ses soucis dans le couloir où ils devaient rester pour la nuit.

Le journaliste posa sa tête contre le torse d'Asami et se laissa porter par la respiration de l'autre comme une berceuse. Pour un peu, Akihito se sentait comme un chat, appréciant la chaleur émanant de l'autre.

- A quoi penses-tu ?

Puis :

- De quoi rêves-tu ?

Enfin :

- Où te mènent tes rêves ?

Tout des questions sans réponses, pourtant Akihito ne cherchait pas de solutions, tout ce qu'il voulait c'était passer le plus de temps avec Asami, rattraper les années perdues, reprendre leurs vies là où elles s'étaient arrêtées. C'était tout ce qu'Akihito désirait pour le moment, un peu de paix, de solitude, d'escapades avec Ryûichi comme avant.

Les deux hommes n'avaient pas arrêté de se battre pendant toutes ses années, laisser les armes à terre serait le meilleur des choix à venir. Ne penser qu'à soi, se concentrer sur soi-même, c'était juste un excellent plan pour le moment. Chasser les mauvais rêves, chasser les mauvais souvenirs, enterrer le passé... Akihito inspira un bon coup, et expira ensuite, humant l'air comme une gourmandise.

Le lendemain matin, reposés, les deux amants de retrouvèrent à manger en silence autour d'un petit déjeuner constitué de friandises comme des viennoiseries ou du café. Akihito se versa un peu de lait dans sa boisson, et il se servit en pâtisseries. Asami regardait le remue-ménage d'Akihito avec tendresse.

Dans la tourmenteDove le storie prendono vita. Scoprilo ora