Douces apparences

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Au bureau, Akihito se rendit compte à quel point le regard des autres était devenu pesant à force d'être observé, sans doute un effet secondaire de cette nuit horrible. Il avait définitivement l'impression d'être un homme déformé dans un cirque du début du siècle dernier, vraiment, comment pouvait-on passer son temps à observer une idôle dont on ne connaissait absolument rien ? C'était réellement agaçant. A un point. Il avait envie de hurler à la face du monde que tous devaient retourner à leurs activités habituelles, au lieu d'analyser ses moindres mouvements.

- Monsieur ?

Le jeune reporter qui l'avait accueilli le premier jour se présenta face à lui, toujours rougissant et timide, quand prendrait-il dont une petite-amie celui-là ? Ou un petit-ami ? C'était gonflant.

- Oui ?

Le petit journaliste se recroquevilla sur lui-même, intimidé de devoir parler au grand Takaba Akihito dont on vantait tout le temps les mérites. Finalement, il prit son courage à deux mains et osa enfin prononcer la requête du rédacteur-en-chef :

- Monsieur Raibaru souhaite vous recevoir dans son bureau...

Akihito cligna des yeux, surpris par la convocation de son supérieur hiérarchique direct, autrement dit, le patron du journal. Se demandant ce que lui voulait Raibaru, il se rendit tout de suite à son bureau, sous les regards interloqués de ses propres subordonnés.

- Que me veut-il ?

Le petit reporter, qui lui rappelait beaucoup Tao, sous bien des aspects lui répondit du mieux qu'il put :

- Je ne sais pas, il n'a pas été très clair à ce sujet...

Akihito se voyait bien avancé pour le coup...

- Merci quand même.

Et du coup, le petit journaliste se mura dans un silence religieux, révérant ce merci comme s'il venait de Dieu en personne ! Akihito se dit qu'il aurait vraiment mieux fait de se taire, certains étaient vraiment stupides avec leurs obsessions. Lui le premier. Il avait réussi à se fourrer dans des traquenards assez vicieux pour en témoigner.

- Au fait, monsieur, comment avez-vous vraiment fait pour attraper Arbatov ?

Takaba s'attendait à toutes les questions sauf celle-ci, il pensait que cet endroit serait le dernier où il entendrait ce nom, surtout de la part de ce jeune.

- As-tu lu les journaux ?

Le jeune se retourna vivement :

- Les articles ne sont que des résumés, et parfois, certains journalistes font des erreurs, c'est ce que m'a dit mon formateur. Alors, je veux entendre votre version des faits.

Akihito tiqua :

- J'ai écrit l'article, je pense que tu peux me faire confiance, non ?

Mais le jeune journaliste ne voulut rien savoir :

- Je veux tout savoir, dans cet article, vous n'expliquiez pas vos motivations, rien. Pourquoi choisir la Russie alors que le Japon pouvait tout vous offrir ?

Takaba répondit évasivement :

- J'avais besoin de changer d'air. Tu peux le comprendre je pense ?

Mais le jeune ne parut pas satisfait du tout, au contraire, il était sur sa faim depuis leur rencontre, il voulait vraiment en apprendre plus sur son idôle... Au point d'en être un peu trop collant sur les bords, limite ça passerait pour du harcèlement. Personne ne lui disait rien, pour une raison obscure, à ce bleu. Personne. Et Akihito trouvait ça vraiment injuste.

Dans la tourmenteWhere stories live. Discover now