La tension monte

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Akihito faisait face à Asami, dans sa demeure en plein centre de Tokyo, entourée de ces hauts murs et de ces jardins, dans son salon. Il n'appréciait guère la tournure des événements, mais avait-il le choix ? Lui laissait-on le choix ? Il adorait sa liberté, et il avait l'impression qu'Asami voulait l'entraver dans ses mouvements avec un boulet de métal, comme les bagnards aux Etats-Unis. C'était tout simplement insupportable à entendre.

- Alors comme ça je suis obligé de revenir vivre avec toi ? Parce qu'un fou dangereux se promène librement dans tout Tokyo ? Et tu pensais que j'allais accepter aussi facilement ? Tu sais, je suis un être humain, et je pense que j'ai le droit de choisir ma vie...

Asami évita de croiser son regard, il savait depuis le début que proposer à Akihito de revenir vivre avec lui serait une très mauvaise idée, et il venait d'en avoir la preuve sous les yeux : Akihito refusait, même si c'était temporaire, de dormir chez lui.

- Ecoute, avec Arbatov qui a tué tous tes gardes du corps l'autre soir, je me sentirai mieux si tu acceptais de rester ici quelques temps, avant qu'on attrape Arbatov. Je sais à quel point tu tiens à ta liberté, à ton indépendance, mais moi, je ne pourrais pas supporter de te perdre... définitivement.

Akihito dévisageait Asami, affichant clairement son indignation face à une telle proposition, et pourtant, il comprenait qu'Asami ne lui voulait que le plus grand bien, quoiqu'il arrive.

- Et si Arbatov se pointe ici, avec une arme, que feras-tu ?

Asami prit les poignets du jeune homme entre ses mains, baisant chacun de ses doigts doucement, pour calmer le plus jeune. Akihito était certainement sur le point de le gifler, et avec raison. Cependant, il voyait qu'Akihito pesait le pour et le contre dans sa tête. D'un côté, l'hôtel était une solution provisoire, et de l'autre, n'importe qui pouvait entrer dans cet endroit, prétextant une réunion importante, ou une demande d'embauche. Et son appartement était complètement détruit, il ne pourrait pas y revenir. Akihito savait qu'Asami avait raison sur toute la ligne, mais une part de lui-même voulait encore profiter de cette liberté. Il aurait tout simplement voulu revenir ici, de son plein gré, sans avoir à quémander la protection de qui que ce soit.

- Je saurai me défendre, Akihito, comme toujours.

Ce fut à ce moment-là qu'Asami comprit le véritable problème d'Akihito, le jeune homme ne l'avait plus revu pendant dix ans, non pas parce qu'il ne l'aimait pas, mais bien parce qu'il pensait pouvoir se protéger tout seul. Et qu'il n'aurait plus besoin d'Asami et de ses gardes pour être en sécurité. De plus, Akihito pensait pouvoir aussi protéger le coeur d'Asami, en se tenant éloigné de lui, il pensait que l'homme ne s'inquiéterait pas de tout.

- Non, je ne crains pas tes ennemis, ils croiseront tous la mort. Comme toujours. Qu'ils osent te toucher une seule fois, je ne pense pas que je pourrais me retenir.

Akihito n'osait pas soutenir le regard d'Asami...

- Mais moi ? Sans toi ? Comment vais-je faire ? Tu t'es trop mis en danger pour moi, je ne veux pas te perdre. Tu as trop souffert à cause de moi, je ne pourrais plus supporter d'être un poids sur tes épaules, Ryûichi.

Asami baisa délicatement les lèvres d'Akihito :

- Tu es une plume sur mon coeur.

Akihito entoura Asami de ses bras et pleura de toutes larmes de son corps, ces derniers jours avaient été sacrément pénibles pour lui. Depuis qu'il avait à nouveau posé le pied au Japon, Akihito n'avait pas eu une minute de repos à lui. On l'avait épié, traqué, harcelé, regardé comme une bête de somme, et il avait vraiment besoin de temps pour lui, de temps pour eux... Il aurait vraiment adoré rester juste quelques jours chez Asami, à dormir. Au final, cette proposition tombait vraiment à pic.

Dans la tourmenteWhere stories live. Discover now