Secrets Royaux

Aréna ?

-17 mars 1644-

Des servantes débarquent de partout, posant des regards interrogatifs sur Laure avant d'apercevoir le berceau vide. Je me relève difficilement, une rage indescriptible dans les yeux. Je me dirige vers Laure et lui secoue les épaules inutilement. Je pleure et crie...

- Qu'as-tu fait, petite inconsciente ! Tu avais un ordre à respecter ! Mais... l'idiote que tu es s'est endormie !

La jeune femme se jette à mes pieds en articulant doucement mille et une excuses que je rejette avec dédain. J'ordonne aux servantes de partir à la recherche des bien petites princesses. Je soupire et accours dehors. Elles sont si frêles, si innocentes... La personne qui a osé porté atteinte à leur vie périra de ma propre main. C'est avec cette folie dans la tête que je me lance à leur recherche.

J'ignore la froideur de la nuit ou encore sa noirceur et m'aventure dans la forêt. Je respire un bon coup et plonge dans l'étang glacé puis fouille partout. Mes larmes se mélangeant avec l'eau profonde de l'étang. Je ressors, frigorifiée et poursuis mes recherches.

Au bout de quelques temps, un garde vient me prévenir que toutes les servantes ont fouillé de fond en comble le château et que cela n'a rien donné. Les nourrissons sont autre part... S'ils sont encore en vie, avait précisé l'autre imbécile. Je retourne près de la forteresse et questionne tous ceux que je croise sur ma route. Mais personne ne sait. Je suis au point de m'effondrer sur le sol lorsqu'une petite voix attire mon attention. Une voix à peine audible, un sanglot. Je suis le bruit et atteins un vieux puits inutilisable que l'on a rebouché, il y a longtemps, avec des pierres. Je soulève lentement le couvercle en bois. La pression est à son comble. Je vois la petite Astrid en larmes blottie contre sa sœur, terrorisée. Je saisis les petits corps et gémis de soulagement.

J'interpelle une servante et lui commande d'arrêter toute recherche, elles sont retrouvées.
Héléna a les yeux clos et respire lourdement. Astrid a le souffle saccadé et frissonne.
Je les serre tout contre moi en reniflant bruyamment. Un instant, j'ai cru les avoir perdues pour toujours...

Je remonte les escaliers sous les regards méprisants de certains aristocrates. Je sens dans mon dos des chuchotements. L'on raconte que je suis une mauvaise mère...

Je replace les petites filles dans le berceau que je mets devant la cheminée et les couvre de couvertures.
Je les caresse délicatement attendant patiemment qu'elles s'endorment.
On toque doucement à la porte.

- Entrez, je vous prie, dis-je faiblement.

Un médecin entre et me sourit tendrement. Sourire que je lui rends et l'invite à s'asseoir près du feu.

- Comme vous vous en doutez sûrement, je dois vérifier l'état de vos filles étant donné ce qui vient de se passer... Je viens sur ordre du Roi Simon.

- Bien sûr... Approchez, je murmure en frôlant les diverses épaisseurs du couffin.

Il sort tout d'abord Héléna. Je le regarde faire en m'éloignant vers la fenêtre. Quelle nuit...
Je soupire et attends qu'il finisse.
Il s'applique et écoute le petit cœur d'Héléna battre. Je reporte mon attention sur autre chose. Je me rappelle soudainement ce que je me suis dit lorsque je les cherchais dans la forêt : la personne qui a osé les toucher mourra. Mais qui est cette personne ?
Une idée surgit dans mon esprit.
Et si c'était Aréna ? Non... Elle ne serait pas capable de pareille horreur. Enfin...

Le médecin repose Héléna et extirpe Astrid qui pousse de faibles petits cris.
Il tente de la calmer et l'examine prudemment. La pièce baigne dans un silence tendu et je respire mal.
Je baisse les yeux et joue avec les plis de ma robe.