"Votre âme est pure"

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-16 mars 1645-

Je place mes doigts sur les touches blanches et noires du piano et applique une légère pression sur ces dernières. Les premiers accords sont alors effectués. Je me laisse entraîner par la mélodie apaisante que me procure cet instrument. Je joue pendant de longs moments avant de m'arrêter, le souffle court.

- Votre majesté, marmonne alors une servante, madame la marquise Dagny de Haugland demande à vous voir.

- Faites-la attendre un instant, je vous prie, dis-je doucement.

- Bien, murmure la jeune servante.

Je replace quelques mèches derrière mon oreille et relace fortement mon corset. Je m'évente rapidement et m'assieds tranquillement dans un fauteuil, non loin de la cheminée de ma chambre.

- Vous pouvez la faire entrer, j'ordonne à l'intention de la servante qui s'exécute directement.

- Votre majesté, s'exclame Dagny en se courbant en une révérence.

- Dagny, quel plaisir de vous revoir, je déclare posément.

- Oui, mon père nous avait interrompues l'autre soir... J'en suis encore désolée mais il est vrai que c'était très important.

- Que peut-il y avoir de si important pour fausser compagnie à la reine ? dis-je ironiquement.

- Oh, rit-elle, ce n'est rien qu'un mariage.

- "Rien qu'un mariage" ?! Voilà ce qui s'appelle prendre la vie à la légère... Qui sont les heureux concernés ?

- C'est moi..., murmure-t-elle en laissant son sourire s'affaisser. Et... un homme que je ne connais pas et dont le nom ne me vient pas à l'esprit.

- Votre père vous a mariée ? je demande tristement.

- Oui, il le faut bien. C'est un homme français, et il me semble que vous étiez également française...

- Tout à fait, je suis française mais je me dévoue à ma nouvelle nation. Vous dites ne l'avoir jamais vu ?

- Jamais mais d'après les rumeurs, ce serait un homme très respectable, alors... J'espère trouver cet homme si envié par les femmes sinon... Enfin, de toute façon, je n'ai pas le choix, déclare-t-elle amèrement.

- Les femmes sont bien rabaissées par rapport aux hommes. Nous sommes constamment utilisées contre de l'argent ou des terres. Nous ne sommes qu'un échange... Quel que soit notre rang, nous sommes toutes victimes de cette société bien inégalitaire. Quand cela cessera-t-il..., dis-je tout bas.

- Ma reine, je ne pensais pas que votre vision du monde était aussi... objective, marmonne-t-elle.

- J'aimerais changer cela, mais je ne vois pas comment...

- Avec tout mon respect votre majesté, commence-t-elle, il y a des événements plus graves actuellement dans notre pays malgré le fait que vous ayez bien évidemment raison !

- De quels événements parlez-vous ? je demande innocemment.

- N'êtes-vous pas au courant que des accidents sont régulièrement planifiés, des incendies, des meurtres, des révoltes impitoyables...

- Si, j'en ai conscience. J'aimerais savoir si en tant que marquise, vous êtes touchée physiquement par ces événements meurtriers.

- Non, grâce au ciel, notre demeure est bien défendue mais je..., prononce-t-elle avant de couper volontairement sa phrase.

- Que vous arrive-t-il ? je demande, incompréhensive.

- Je ne peux vous le dire, vous me prendriez pour... une femme atteinte de folie.

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