Chapitre 13

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  Lorsque Laurence entre dans son bureau, il surprend Rasse en train de donner des ordres à Martin.

- ... et vous me prévenez si vous le trouver, compris ?

- Oui, inspecteur, répond Martin avant de sortir.

  Laurence s'approche de Rasse, le visage trahissant sa colère. Il se tient bien droit devant l'inspecteur en croisant les bras. L'inspecteur se tourne vers lui et lui dit, l'air content :

- Ah, commissaire. Si c'est à propos de cette affaire de meurtre, je peux déjà vous dire que je l'ai résolue.

  Le commissaire, bien qu'il ait l'habitude de savoir garder son sang-froid, laisse par mégarde échapper son trouble. Il fait toutefois comme si de rien n'était et demande à Rasse :

- Ah oui ? Et qui est-ce ?

- Jean-Luc Duvaux, lui répond l'inspecteur en donnant un dossier à Laurence. Il s'agit de l'acteur le plus connu de tous les inconnus.

- Et quel lien a-t-il avec ce meurtre ?

- Il a disparu peu avant que le crime n'ait été commis. C'est sa femme qui nous a signalé cette disparition. Elle était morte d'inquiétude.

- Et quel serait son mobile ?

- Il y a de cela quelques temps, il avait eu une aventure avec une costumière. Heureusement pour lui, sa femme lui a pardonné, mais il ne devait pas recommencer s'il ne voulait pas le divorce. C'est que c'est la femme qui tient les cordons de la bourse. Il  a dû coucher la victime, ils se sont disputés, et voilà !

- Et comment aurait-il pu se fournir l'arme du crime ?

- J'ai ma petite idée là-dessus, commissaire.

- Eh bien, dîtes-la moi.

- Maintenant ?

- Oui, maintenant. Pourquoi ? Vous voulez attendre que les poules aient des dents ?

- Eh bien, je... Il faut d'abord mettre la main sur ce type, afin de l'interroger.

- C'est ça... Vous savez ce que j'en pense ? demande Laurence en s'approchant de l'inspecteur. C'est que vous faîtes fausse route. Vous arrêtez juste le premier type venu dans l'espoir de récolter des lauriers. C'est immoral de la part d'un policier.

- Comme vos méthodes, si je ne m'abuse, réplique Rasse en lâchant un sourire.

  Laurence le foudroie du regard, puis sort du bureau, non sans dire à l'intention de l'inspecteur :

- Sachez que que les mensonges que vous faîtes croire à ma secrétaire est l'action la plus minable que j'ai jamais vue de toute ma vie.

  Il claque brutalement la porte sous le coup de la colère. Il finit par se reprendre et tente de mettre de l'ordre dans ses idées. Il ne fait aucun doute pour lui que Rasse se lance sur une piste née de son imagination, et qu'il fera tout pour avoir les honneurs, quitte à arrêter un innocent. Allons, Laurence, que dois-tu faire ?

  Un détail lui revient à l'esprit. Léonard Leuficc lui avait dit que la victime avait pris ses distances avec un certain Hugo... Hugo comment, d'ailleurs ? La barbe, il avait oublié de lui demander son nom de famille ! Décidément, il n'est pas au meilleur de sa forme aujourd'hui. Il va falloir retourner chez ce champion de tennis. Par ailleurs, il est certain qu'il lui cache quelque chose.

  Laurence sort du commissariat, entre dans sa voiture et prend la route jusqu'à la maison de Leuficc. Une fois arrivé, il descend de voiture et aperçoit un scooter. Le scooter d'Alice Avril. Cette journaliste est donc là et se mêle bel et bien de cette affaire. Vivement un motif pour la coffrer.

  Laurence toque à la porte et attend. Leuficc doit être en train de parler avec Avril. La porte s'ouvre. Leuficc tient une brosse à dents à la main. Il a dû le déranger alors qu'il se lavait les dents. Ou alors, il a déjà été dérangé. Par une satanée journaliste qu'il connaît pour son plus gros malheur.

- Ah, c'est encore vous, commissaire ? Vous voulez encore m'interroger ?

- Disons qu'un supplément d'informations serait le bienvenu.

- Allez, entrez. Vous tombez bien, la journaliste qui était avec moi à l'heure du crime est ici. Elle pourra vous confirmer mon alibi.

  Lorsqu'ils entrent tous les deux dans le salon, Laurence voit Avril avec un verre d'eau. La journaliste se montre très surprise par l'arrivée du commissaire. Leuficc fait les présentations, ne sachant pas que les deux meilleurs ennemis se connaissent déjà :

- Commissaire Laurence, je vous présente Alice Avril, reporter à La Voix du Nord. Alors, ajoute-t-il, que voulez-vous savoir de plus ?

- Je désire vous poser des questions sans que des êtres nuisibles ne s'en mêlent, répond Laurence en jetant un regard plein de sous-entendu à la journaliste.

- Mais je vous...

- Allons, allons, intervient le champion de tennis. Commissaire, ce n'est pas digne d'un gentleman.

- Détrompez-vous, monsieur, j'en suis un. C'est d'ailleurs pour ça que mademoiselle Avril est toujours en vie.

- Et c'est grâce à moi que vous avez pu résoudre toutes les affaires, rétorque la journaliste.

- Dans toutes les affaires, Avril, vous me ralentissez.

- Bon, vous êtes venu pour m'interroger, oui ou non ?

- Bien. Vous m'avez dit qu'un de vos amis, Hugo... ?

- Hugo Difoisis. Pas facile à porter, comme nom, surtout qu'il n'était pas bon en maths.

- Donc, continue le commissaire comme si de rien n'était, votre ami était en froid avec la victime. Vous êtes sûr de ne pas savoir pourquoi ?

- Je vous l'aurais dit si je le savais. Bon, ce n'est pas tout, mais j'ai encore des choses à dire à cette charmante jeune femme, dit-il en jetant un regard à Avril.

- N'oubliez pas de venir au commissariat. Et, pendant que j'y suis, appelez un dresseur de chiens : cette journaliste est pire qu'un cabot.

- Vous savez ce que je pense de vous, Laurence ?

  Le commissaire sort enfin de la maison, laissant Leuficc et Avril seuls. Le joueur de tennis demande à la jeune rousse :

- Ainsi, vous le connaissez ?

- Oui. Je l'ai aidé à résoudre des affaires.

- On dirait pourtant qu'il ne vous porte pas dans son cœur.

- Il est comme ça avec tout le monde.

  Avril s'apprête à boire quand elle s'aperçoit que son verre est vide. Leuficc lui sourit et lui dit :

- Servez-vous en un autre. J'ai mon brossage de dents à terminer.

  Leuficc va dans la salle de bain et ferme la porte. La journaliste en profite pour se lever et se diriger vers le téléphone. Ce qui l'intéresse, c'est un calepin posé à côté. Il y a peut-être des numéros et des adresses intéressants.

  Avril feuillette le carnet. En tournant la dernière page, elle trouve ceci :

Chef : 18, C.H.

Vipère : Base

Négociateurs : 3, D.G.

Autres : Base

  Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Avril doit y réfléchir plus tard, car Leuffic peut revenir d'un moment à l'autre. La jeune rousse s'empresse alors de noter ce qu'elle a trouvé.

LPM - Jeu, assassinée, et matchحيث تعيش القصص. اكتشف الآن