Chapitre 2

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  Quand Marlène arrive au café, son regard tombe immédiatement sur Alice Avril. En effet, ce jour-là, la journaliste porte une tenue très différente du quotidien. La secrétaire la salue et s'installe à la table de son amie.

- Très jolie tenue, complimente-t-elle avec sincérité.

- N'est-ce pas ? Je l'ai trouvée dans mes affaires, et elle tombe à pic.

- Pourquoi ?

- Alors, Marlène...

  Une serveuse s'approche des deux amies à ce moment-là et demande ce qu'elles désirent commander.

- Un café pour moi, s'il vous plaît. Et toi, tu vas prendre quoi ?

- Du thé, répond Marlène.

- Marlène, lui dit Avril, le thé, c'est pour les Anglais.

- Justement, Alice.

- Comment ça, "justement" ?

- Le commissaire Laurence est à moitié anglais. Si je veux avoir son cœur, il faut donc que j'agisse comme une Anglaise. Et puis, les Anglais sont connus pour être galants et raffinés.

- Donc, pour ces deux dames, ce sera quoi ?

- Du café et du thé, s'il vous plaît, répond Marlène à la serveuse.

  Une fois cette dernière partie, Marlène fait comme remarque à la journaliste :

- Cette tenue de tennis t'irait mieux en vert.

- Du moment qu'on ne me prenne pas là-bas pour une cruche...

- Tu vas quelque part ?

- Oui. Jourdeuil m'a envoyée faire un article sur le champion français de tennis Léonard Leuficc.

- C'est super, Alice. Je dois t'avouer que je suis un petit peu jalouse.

- Pourquoi ? Pour jouer au tennis, il suffit de frapper dans une balle. Même un gosse peut réussir. Il n'y a pas de quoi fouetter un chat.

- Alors, pourquoi y aller ?

- Ben, il faut bien que je fasse quelque chose pour vivre.

  La serveuse arrive et pose les boissons sur la table.

- Vous faîtes du tennis ? demande-t-elle à Avril.

- Non, répond la journaliste.

- Pourquoi cette tenue, alors ?

- Ce ne sont pas vos oignons.

- On dirait une grand-mère, rétorque la serveuse avant de partir le menton levé.

  La journaliste souffle un gros coup, serre les poings et marmonne entre ses dents :

- J'ai bien envie de l'envoyer dans un fauteuil roulant, celle-là. Au fait, Marlène, dit-elle à l'intention de la secrétaire, si tu veux plaire à Laurence, fais du tennis.

- Tu es sûre ?

- Sûre. Il aime les poules qui se dandinent, alors si tu t'y mets...

  Marlène, à ces mots, empoigne son sac, se lève, et dit d'une voix sèche à la journaliste rousse :

- La poule qui se dandine s'en va.

- Marlène, sois pas fâchée...

  Mais la secrétaire quitte déjà le café.

- Tu oublies ton thé, dit à voix haute Avril.

  Les autres clients et un serveur se tournent vers elle. Légèrement embarrassée, elle boit seule et lentement son café. Elle le finit quand un homme débraillé et aux cheveux noirs fait son apparition. Le patron du café s'approche de lui et lui demande :

- Mais enfin, Hugo qu'est-ce que tu fais là ?

- Je... Je...

  Le dénommé Hugo met sa main devant sa bouche et se précipite aux toilettes. Avril, quant à elle, prend la tasse de thé, la boit et paie l'addition.

LPM - Jeu, assassinée, et matchWhere stories live. Discover now