Chapitre 6

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  Tricard arrive sur les lieux du crime en compagnie d'un homme aussi maigre qu'un clou, mais à la belle barbe. Lorsque le commissaire Laurence aperçoit le nouveau venu, son visage exprime une colère redoutable. Tricard s'en rend compte, mais, faisant comme si de rien n'était, fait les présentations :

- Laurence, je vous présente l'inspecteur Rasse. Mais vous devez déjà vous connaître.

  Le commissaire lance un regard mauvais à Rasse. Ce dernier tend sa main vers Laurence. Celui-ci ne faisant rien, il dit :

- Je pense qu'il serait plus poli qu'on se serre la main.

  Laurence, à contre-cœur, fait une poignée de main brève, mais suffisamment forte pour qu'on puisse savoir ce qu'il ressent face à cet inspecteur. Il décoche ensuite un regard lourd de reproche à son supérieur.

- Qu'est-ce que je vous ai dit, Tricard ? C'est mon affaire, et je ne laisserai personne la faire à ma place.

- Ce n'est pourtant pas l'avis de certaines personnes, rétorque Rasse. Avouez que vous êtes jaloux et que vous n'êtes plus en état de mener correctement une affaire.

  Voyant le commissaire sur le point d'étrangler l'inspecteur, Tricard intervient :

- Bon, Laurence, en tant que principal témoin, vous devez nous dire ce qui s'est passé.

- Je ne répondrai pas devant cet individu, dit Laurence en désignant l'homme qui lui est indésirable.

- Vous savez comme moi que vous êtes obligé de tout me dire, Laurence.

  Ce sourire ! Un de ces jours, Laurence va le tuer, cet inspecteur qui se pavane comme un paon. Il pousse néanmoins un soupir d'agacement avant de raconter ce qui s'est passé. Une fois son récit terminé, Rasse lui demande :

- Ainsi, votre secrétaire était là... Est-ce cette charmante demoiselle là-bas ?

- De quoi vous vous mêlez ?

- De cette enquête, commissaire, de cette enquête. Dîtes-moi, depuis combien de temps est-elle votre secrétaire ?

- Vous ne pensez tout de même pas... dit Tricard.

- Dans une affaire de meurtre et de trafic, il faut savoir soupçonner tout le monde. Avouez que ce serait dérangeant pour vous, commissaire, si on apprenait que votre chère Marlène est complice.

  Le sang de Laurence n'en fait qu'un tour. Ce sale vaniteux est prêt à envoyer Marlène à un tribunal pour le discréditer ! Jeter une secrétaire comme celle-là en prison, quelle honte !

- Je vais maintenant l'interroger. Au fait, commissaire, vous ne connaissiez pas la victime ?

- Non, répond Laurence, qui se doute de la pensée de Rasse.

- Vous en êtes sûr ? Je vous dis ça parce que, si jamais vous ne me communiquez pas un renseignement important, vous risquez d'en subir les conséquences.

  Sur ces mots, Rasse laisse le commissaire et son supérieur pour parler avec Marlène. Tricard s'approche de Laurence et lui dit :

- Vous avez entendu, Laurence ? Il ose soupçonner Marlène d'être la meurtrière. Non mais, je vous demande un peu...

  Mais le commissaire, d'humeur mauvaise, quitte Tricard pour parler au Dr Glissant. Ce dernier vient de finir d'examiner le corps.

- Alors ? Vous avez quelque chose, Glissant ?

- Oui. La victime a été tuée avec un pistolet. Droit au cœur. Elle est morte depuis environ quinze minutes au maximum.

- Avec mon témoignage, on peut raccourcir ce délai de cinq minutes.

- Vous avez vu le meurtrier, au moins ?

- Non. Il n'y avait personne. J'ai juste parlé deux ou trois minutes avec Marlène. Cela veut donc dire que le meurtrier est rapide et un excellent tireur. Merci, Glissant.

- De rien, répond le médecin légiste.

LPM - Jeu, assassinée, et matchWhere stories live. Discover now