Chapitre 6 - Déjeuner sur l'herbe...

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L'amour et l'amitié sont des tentatives pour élargir le cercle, et retrouver l'unité perdue.
Citation amérindienne ; La sagesse amérindienne (1837)

Lila

J'avais beau prier, je dirai même que là c'était implorer, midi approcha à grands pas et après avoir souhaité un bon déjeuner à mon collègue préféré, l'apparition, loin d'être divine, arriva.

Jayden se tenait devant la porte de la boutique. Il portait déjà sa tenue de golfeur élégante et décontractée, avec un polo et un short blanc. Je ne pus toutefois me retenir de sourire en voyant son haut avec les finitions jaunes présentes sur ses flancs, le col et l'extrémité des manches courtes, mais surtout la magnifique casquette assortie. Le blanc lui allait très bien, chose qu'il m'était impossible de lui avouer à lui, bien évidemment.

– Génial, on dirait un petit poussin tombé du nid.

Les hostilités étaient lancées.

– J'ai le gant jaune aussi, mais je te les montrerai plus tard, ajouta-t-il, en soulevant les deux sachets de nourriture qu'il avait dans les mains.

Bon, de toute façon, je voulais aller manger sur le terrain de golf. Je m'étais préparé ma petite spécialité : pain de mie toasté, mayonnaise, tomate, salade, bacon grillé, le tout coupé pour former deux triangles et le petit pique en bois qui va avec. Si je ne le présentais pas comme cela, ma sœur ne voulait pas les manger. Il me sortit de mes rêveries culinaires.

– Au menu du jour, des Butte Cornish Pastries, accompagnés d'une salade composée et en dessert des Montana Whoppers, jubila-t-il.

Dans l'entourage lourdingue, je voudrais l'amie Stacy. Non, parce qu'à part être médium, ce qui était loin d'être son cas, vu son air satisfait, il était plutôt bien renseigné sur mes plats préférés. Il faisait même un sans-faute.

– Mouai, une tourte et un cookie, tu aurais pu faire mieux, minimisai-je.

Son sourire comblé suivit mon pas décidé. J'avais récupéré ma petite glacière et me dirigeai vers la petite voiturette. Avec un peu de chance, il pourrait se prendre les pieds dans le tapis d'entrée, se tordre la cheville et ne l'ayant pas vu, je pourrai continuer mon petit chemin tranquille.

Manque de bol, il était toujours là quand je pris le volant. Il déposa à l'arrière, ces délicieux mets, j'avais reconnu sur le sac le nom de la meilleure enseigne de la ville. Et le comble de tout, il ne parla pas. Maddox m'avait autorisé à aller sur le parcours et nous roulons dans un calme presque agréable. Non, sérieusement quand il se taisait, je me sentais presque à l'aise à ses côtés. En tout cas, mon corps n'émettait plus tous ces signes d'alerte à l'intrus.

– Tu es malade ? demandai-je enfin. Si oui, préviens-moi de suite, je n'ai pas envie de jouer au garde malade.

– Je vais parfaitement bien, merci de t'inquiéter pour moi.

Je ne relevai même pas. Silencieux, mais toujours alerte.

– Tu ne demandes même pas où l'on va ?

– Non, contrairement à d'autres, j'adore l'inconnu. Donc, je me laisse surprendre.

– Arrête ça de suite, je ne suis pas là pour te surprendre, j'avais prévu de manger au dernier trou du parcours, seule ! Si tu n'avais pas tapé l'incruste, soufflai-je.

C'était donc cela le truc, nous étions totalement différents. J'étais du genre à détester les surprises, l'inconnu. Je voulais savoir. C'était vital pour mon équilibre psychologique. Par exemple, je passai tous les Noël à traquer mes parents pour savoir ce qu'ils allaient m'acheter. Ou comme mon père, je n'étais pas une grande bavarde, mais pendant un film, je pouvais passer deux heures à poser des quantités de questions, de suppositions en tous genres.

Cette vie et celle d'après... Tome 2 (Premier Jet) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant