Chapitre 14: (1-2) Parenthèse enchantée

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« Ne renonce jamais à aimer, malgré les épreuves et l'aridité du cœur. L'amour est la grande force qui soutient l'univers ; sans lui, le monde vivrait un éternel hiver. »

Sagesse Amérindienne

Tout le reste de la semaine, je le consacrais à mon travail puis je rejoignais mamie au ranch. Nous avions discuté et épuisé nos stocks de larmes. Je me sentais juste bien là-bas. Je croisais de temps en temps Jayden. Il semblait bosser deux fois plus accomplissant des activités qui ne lui incombaient pas. Je passais également des moments avec mon grand-père, il était revenu pour moi, son histoire faisant écho à la mienne. Il me rassurait dans mes démarches m'expliquant que lui n'avait jamais connu ses parents biologiques. Ce vide-là, je ne l'avais plus totalement maintenant. Je savais. Même s'ils ne demeuraient plus là. Je pouvais mettre un visage sur des prénoms, des mots sur mes origines, des réponses à mes questions.

La fin de ce samedi après-midi arriva rapidement, le temps s'arrêtait auprès de nos ainés. Les touristes ne se bousculaient pas ce week-end, ma grand-mère me congédia très vite. En sortant du ranch, Jayden se dirigeait vers le ponton. Un petit bateau de plaisance était amarré. Je l'observais en catimini, il commençait à charger quelques sacs et une canne à pêche. Comble de tout, je devais engager la conversation en premier.

— Tu vas vraiment pécher ?

No comment. C'était lui le pro des entrées en matière, la mienne pour le coup n'était pas brillante, mais il réagira forcément.

— Oui, ça me détend. Je te l'ai déjà dit, répliqua-t-il sans un regard soulevant cette fois une petite glacière.

— J'ai beau chercher, je ne connais pas de pêcheurs sexys célèbres.

Ce n'était quand même pas l'activité préférée des jeunes de vingt ans ! Haussement d'épaules, pas de réponse, ce n'était pas bon signe, si je voulais savoir ce qui le tracassait je devais poursuivre.

J'aurais pu lui demander s'il avait besoin d'aide, non ? Sérieusement, je me trouvais ridicule, j'allais faire quoi franchement, mettre l'asticot sur l'hameçon ?

— Je n'ai jamais pêché, je peux t'accompagner ?

Mieux, plus direct et efficace. J'allais être fixé ou mourir de honte, je détestais ça, qui pouvait aimer cela d'ailleurs...

— Je préfère être seul, une autre fois peut-être, désolé.

Lila game over, KO. Et il évitait toujours mon regard.

— Entre nous, on sait tous que c'est toi qui parles le plus et vue comment c'est parti, je resterais muette promis.

Chasse le naturel, il revient au galop. Ses yeux se posaient finalement sur moi, son visage solennel difficilement gérable.

— Tu ne peux plus te passer de moi toi aussi ?

Malicieux et malin, il maîtrisait parfaitement les mots pour me faire fuir.

— Bon aprèm, Jayden ! lui répondis-je sèchement. Avant même de tourner les talons, enfin les baskets pour être plus précise.

Franchement, je ne savais pas ce qu'il m'avait pris, un élan de bonté, un moment d'égarement ou une incapacité à rester seule. Et à dire vrai, sa présence demeurait la moins pire de toutes. Bref, ma grand-mère trouva le moyen d'arriver à ce moment précis. Timing des Bradley !

— Oh chérie, tu sors, super, ça va te faire du bien de te détendre. Merci beaucoup, Jayden, tu es adorable.

Le principal concerné se décomposa. Je sautai sur l'occasion pour monter à bord sous le regard désespéré de mon hôte, Lila de retour dans le game. La curiosité plus forte que la fierté pour l'instant !

Cette vie et celle d'après... Tome 2 (Premier Jet) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant