cinq.

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Ça fait trois heures que mon père me hurle dessus. Mais ce dont il ne se rend pas compte, c'est qu'il répète sans cesse les mêmes choses.

« Franchement Jisung, je te pensais responsable ! Mais finalement tu agis comme un débauché, comme si tu vivais dans la rue ! Tu dors dehors, tu bois, tu te drogues ! C'est quoi la prochaine étape ?!

-Aller voir des putes je suppose ? »

Je m'en prend une. Peut-être que je l'ai mérité, peut-être pas. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de lui répondre. Après tout, il m'a posé une question.

« Bon, tu es privé de sortie pour une durée indéterminée. Vas dans ta chambre maintenant. »

Je me lève en riant. Il est tellement idiot. Il ne sait pas que j'ai une fenêtre par laquelle je peux sortir ?
Je vais tout de même dans ma chambre puis me couche sur mon lit. Et alors que je commence à fermer les yeux, on toque à la porte.

« Quoi ?

-Je peux entrer...? »

C'est ma mère. Je soupire puis lui dit de venir. Peut de temps après j'entends un grincement de lit qui me fait me redresser. Elle a l'air triste. Ou compatissante.

« Je suis désolée pour ton père... Il a grandit dans une famille stricte.

-Si tu n'es pas d'accord avec lui alors dit-le.

-Écoute Jisung... Depuis l'année dernière c'est... Comment dire... »

Je vois qu'elle cherche ses mots. Je sais qu'ils vont m'énerver. Je sais aussi que je vais lui dire de partir. Tout est trop prévisible.

« Je sais que ces secrets ont été durs à encaisser pour toi...

-Tu ne sais rien. Tu ne peux pas savoir.

-Si Jisung... Nous ne t'avons pas dit la vérité. Et tu as dû être un peu énervé contre nous-

-Un peu énervé ? Est-ce que tu te rends compte de ce que tu me dis ? Ne dis pas que tu sais ce que j'ai ressenti parce que tu n'en a aucune putain d'idée. Tout ça, je l'ai surmonté sans vous. Jamais tu ne saura ce que ça fait.

-Écoutes moi s'il-te-plaît...

-Et t'écouter dire quoi ? T'écouter me dire comment je me sentais et comment je dois me sentir ?!

-Je sais que tu es en colère mais-

-Non ! Tu ne sais rien ! »

Je hurler. J'ai laissé sortir une infime partie de la haine que je pensais avoir enfermé à jamais dans mon cœur.

« Maintenant sors de ma chambre. »

Mon ton est sombre et mes mots son durs. J'ai mal au coeur. Je veux encore hurler. Je veux encore la blesser. Tout ça, pour qu'elle puisse enfin dire qu'elle sait ce que je ressent. Pour qu'elle sache de quoi elle parle une bonne fois pour toute.

Elle me regarde tristement puis sort finalement de la chambre. Je me couche à nouveau et me laisse pleurer à chaude larmes. Des larmes qui sont l'union de la colère et de la tristesse qui me hantent.
Mes larmes se transforment en sanglots, qui se transforment en une réelle crise d'angoisse. Alors, prit dans un excès de peur, j'appelle la seule personne qui saura me calmer.

« Oui ?

-Chenle... Je dit entre deux hoquets.

-Jisung ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Chenle viens... Viens vite...

-Je... J'arrive ! Je serais bientôt là. »

Il a l'air de s'inquiéter. Je raccroche puis essaye de ma calmer comme je le peux, en vain. Ma gorge se noue, enfermant pendant un court moment mes pleurs. Puis, après cette apnée insupportable, le mal enfermé en moi explose, déchirant toujours plus ma poitrine. Et ça recommence, encore et encore. Ça m'épuise, me consume, toujours plus, et jamais moins.

oxygen // chensungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant