Onzième Chapitre

71 10 0
                                    

La chaleur était insoutenable, encore pire que celle du désert. Le soleil tapait dure sur la tête du groupe mais, dans la forêt tropicale, de l'eau sous forme de vapeur stagnait entre les arbres et rendait l'air irrespirable.

Mais au moins, les chemins étaient plus praticables que les dunes de sable, dans lesquelles on s'enfonçait les jambes et le sable s'infiltrait dans les chaussures. Une horreur.

Mais le cauchemar était pire encore lorsque des insectes de tout genre, du moustique à l'araignée, s'approchaient trop près des jeunes filles effrayées. Même si la plupart marchaient souvent en pleine forêt, elles n'avaient jamais réussi à apprécier ou même à supporter le bruit insupportable de ses animaux inutiles.

Ce fut l'occasion pour Idaline d'attraper un scarabée et de courir après ses soeurs terrifiées, appréciant peu ses blagues de mauvais goût.

Les dieux eux, s'agaçaient de cette agitation permanente mais ils compatissaient pour les jeunes humaines, la jeune mortelle leur rappelant vaguement quelqu'un capable de faire le même type de plaisanterie.

Et c'est entre les cris paniqués et les rires moqueurs d'Idaline qui finit par en pleurer de rire que le groupe atteignît une paroi lisse et dépourvue d'imperfection.

Les dieux soupirèrent tandis que certaines femmes levèrent les yeux d'exaspération. Des heures de marche pour rien. Quelle déception !

Soudain, les dieux s'immobilisèrent puis Thor sauta au-devant de la jeune Stella qui s'était un peu écartée et brisa une flèche.

Ne sentant aucune pruissance divine, les dieux conservèrent leur apparence humaine mais ils se mirent en position de garder, prêts à se battre. Les humaines se mirent à leurs côtés et firent de même lorsque des dizaines de guerriers sortirent de toute part : certains s'étaient réfugiés dans des arbres et pointaient des arcs armés de flèches, d'autres étaient munis de longues sarbacanes, et quelques uns étaient tout en haut de la paroi et dominaient le groupe acculé.

Thor remarqua que les plantes sur lesquelles s'était retrouvée la pointe avaient noircies et mourraient.

"Poison..."

Ce qui fit frémir les dieux et les humaines, qui redoublèrent de prudence devant tant d'hostilité.

L'assaut semblait imminent mais, alors qu'un autre combat rude allait être mené, un homme surgit d'un buisson.

"Attendez. Laissez-moi les regarder."

Cet inconnu, dont la peau irradiait littéralement, s'approcha du groupe. Les dieux, d'abord surpris, finirent par abandonner leur posture de combat et les humaines, incertaines, laissèrent tomber petit à petit elles aussi.

L'homme en face d'eux regarda les dieux avec bienveillance mais, lorsque son regard se tourna vers les jeunes filles, il perdit son sourire et son regard se fit plus sombre et moins amical.

« Suivez-moi."

Les indigènes s'écartèrent pour laisser passer le groupe. A pas lents et mesurés, les humaines suivirent le personnage singulier qui venait de leur sauver la vie. Un dieu, à en juger par la réaction des autres et par la lumière qui émanait de son corps.

Encore quelques instants plus tard, ils arrivèrent dans une sorte de village cachée à la vue de tous. Des maisons étaient suspendues dans les arbres et des ponts les reliaient. Jamais elles n'auraient un jour pensé voir pareilles habitations.

Ils avancèrent encore vers le cœur du village, là où les habitants convergeaient pour observer les étranges visiteurs non plus avec mépris mais avec une certaine curiosité.

La Tresse du destin-Kamigami no asobiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant