Quatrième Chapitre

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Le froid mordait sa peau bien qu'elle était protégée par d'épaisses couches de vêtements. Paradoxalement, cela laissait une sensation de brûlure désagréable sur son épiderme.

Autour d'elle, il n'y avait que de la neige et de la glace à perte de vue. La jeune fille, seule dans ce paysage dangereux et désolé, marchait depuis... depuis... elle n'avait même plus la notion du temps.

Tout s'embrouillait dans sa tête ou demeurait figé par le froid de l'hiver. Pourtant, quelques bribes de mémoire émergeaient de son esprit meurtri et renforçaient sa douleur tant physique que mentale.

Elle avait terriblement chaud. Les flammes qui l'entouraient léchaient, absorbaient peu à peu les bâtiments, les faisant retourner à la poussière. Il y avait aussi une odeur métallique, émanant d'une rivière de sang. Il dévalait en cascade les pentes, s'immiscait entre les interstices des pavés et coulèrent jusqu'aux pieds nus de la jeune femme pétrifiée de terreur.

Avec horreur, elle regardait impuissant la scène tragique qui se jouait sous ses yeux. Les membres de sa familles, des connaissances, des marchands, tous les habitantsdu petit village dans lequel ils avaient vécu jusqu'à lors dans la pais et la sérennité fixaient tous à présents le ciel devenu gris à cause des cendres, admirant ainsi la Voie Lactée pour l'éternité.

L'odeur métallique du sang sa mélangeait avec celle de chair brûlée se dégageant des corps rongés par un feu d'enfer, lui laissant un goût âpre dans la bouche.

Elle, toujours immobile face à un monde, son monde, dévasté, entendait régulièrement des hurlements d'horreur et des pleurs incessants sans trouver la force de réagir. Tout était de sa faute...

Elle ne connaissait pas la provenance de ses cris, elle entendait juste le bruit de son propre coeur se déchirer comme une fine feuille de papier. Soudain, une démarche lourde se fit entendre dans son dos. Elle n'avait toujours pas bougé alors qu'une hache mortelle teintée de sang se tenait au-dessus de sa tête.

"Mathilda... Cours... cours..."

Elle se jetta au sol, évitant de peu le sort funeste qui l'attendait. Puis elle se releva dans un bond et, son corps agissant par réflexe et instinct, elle se mit à courir à toute allure. À chaque croisement, elle regardait autour d'elle, ignorant les larmes qui inondaient ses yeux azur piqués par la fumée grise. La voix était toujours présente à ses côtes, lui indiquant une voie à suivre qu'elle empruntait sans plus tarder.

Elle sautait par dessus les monceaux de cadavres qui s'accumulaient les uns au-dessus des autres. Ses sanglots venaient mourir dans le creux de sa gorge, étouffés par sa propre volonte de vivre.

Elle atterit dans un champ jouxtant leur village et se mit à avancer au hasard, sans savoir où menaient ses pas. La voix dans sa tête s'étair finalement tue et il ne lui resta plus que la rumeur du silence comme seule compagnie alors que, dans son dos, son village s'effondrait dans le brasier incandescant.

Elle marchait depuis longtemps ; son village natal était niché au creux d'une vallée et, habituellement, elle voyait les chaînes de montagnes dont les sommets étaient recouverts par les neiges éternelles.

La jeune fille avait plus d'une fois rêvé de s'aventurer au cœur de la montagne. Alors qu'elle était entrain d'enfin s'y engouffrer, elle ne ressentait aucune joie parcourir son corps.

Plusieurs heures durant, elle vagabonda sur les chemins sans avoir de destination précise. Elle était montée très haut, trop haut, et la température avait considérablement baissé.

Elle n'avait pas le cœur à profiter de cette aventure, elle ne cessait de se remémorer les événements des heures précédentes. De tristesse, de douleur, elle finit pas s'agenouiller dans la neige épaisse et finit par laisser ses cris de désespoir et ses larmes sortirent de son corps, brisant le silence qui régnait autour d'elle.

La Tresse du destin-Kamigami no asobiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant