Le slime ou comment se réveiller dans une mélasse sans pouvoir bouger

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-Qu'est-ce qu'il a l'Humain, Maman?

-Il est resté coincé dans le frigo de Papa, mon chéri.

-Il va aller mieux après? Il va pouvoir jouer avec moi?

Silence.

-Je ne sais pas, mon chéri. Je ne sais pas...

****

J'ouvris les yeux et contemplai le plafond. Mon esprit était dans un brouillard profond mais je remarquai tout de suite la blancheur aveuglante de ce dernier. Je plissai les yeux puis tentai de tourner la tête. En vain. J'étais coincé.

Je pris conscience que je n'entendai rien. Après la vue, l'ouïe se manifestait -ou plutôt tentait. Le toucher fut le suivant. Je ressentis alors une espèce de mélasse tout autour de moi, même dans mes oreilles. Je grimaçai et ce simple mouvement fit exploser ma lèvre inférieure qui se mit à saigner abondamment. Je léchai ladite lèvre et me rendis compte que son relief approchait plus de celui de la planète aride de Gabora que du lisse de l'eau sur Tuzu.

Par Niburu la discrète, comment mes lèvres avaient-elles pu finir dans un état pareil mais surtout pourquoi étais-je plongé dans un liquide aussi visqueux? C'était absolument immonde.

Si j'avais eu quelque chose dans mon estomac, je pense qu'à cet instant je l'aurais régurgité. Heureusement pour moi, je me sentais totalement vide de l'intérieur, une situation qui ne dérangeait pas plus que tant, ce qui m'évita de déverser un flot nauséabond de vomi sur moi-même.

En songeant à l'odeur, je me mis à renifler pour déterminer si oui ou non j'étais vraiment dans de la mélasse, même si mon cerveau, en arrière-plan, se tapait le front de dépit face à un tel manque d'intelligence et de logique. Mais après tout, autant être sûr, non?

L'odeur était typiquement cliniquale, un mélange de senteurs de médicaments, de gant en latex et d'aseptique. Je fronçai le nez, tout de même deçu de ne pas sentir l'odeur sucré d'une quelconque mélasse. J'aurais trouvé marrant d'être coincé dans de la nourriture.

J'essayai de lever la main. Cette tentative se solda par un échec. Je réussis à peine à tourner mon poignet dans la substance que je décidai d'appeler "slime" comme ces créatures vertes et gluantes qui rampaient au sol, faisant bouger leur tas de graisse informe partout, laissant des traces digne d'un escargot géant derrière elles.

La comparaison me paraissant appropriée, j'essayai à nouveau de mouvoir n'importe quelle partie de mon corps. Aucune ne répondit.

J'avais l'impression d'être une marionnette à laquelle on avait oublié de mettre des fils. Mon cerveau envoyait les ordres mais rien ne les recevait. Je soupirai.

Ce simple souffle me fit prendre conscience que le seul endroit que je pouvais encore bouger était mon visage. je décidai donc de concentrer toute mon attention sur cette partie magnifique de mon anatomie, dans l'espoir de comprendre ce que je faisais ici. Certes, ma figure n'allait pas se mettre à me répondre, mais peut-être allais-je trouver quelque chose qui m'apporterait un élément de réponse.

Je me mis à parcourir les plaines de Gabora qu'étaient mes lèvres en réfléchissant à comment j'avais fait pour atterir ici.

Je ne me souvenais de pas grand chose, si ce n'est que j'avais quitté Agémos il y a quand même un petit moment. Tout le reste me paraissait flou. Pourtant, je savais qu'il s'était passé autre chose. Quelque chose d'important m'échappait.

Les Aventures d'un Clandestin InterstellaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant