L'amnésie ou comment quelqu'un dit vous connaître mais vous savez pas qui c'est

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J'avoue, j'étais resté bloqué plus que quelques secondes sur la tête de ce soldat. C'était mon visage exact, du moins celui d'il y a quelques jours avant que je ne décide me raser le crâne après ma douche sur le cargo frégo.

En observant plus attentivement, je remarquai une fine cicatrice au-dessus de l'oeil droit et une fossette que je savais que je n'avais pas. Lorsqu'il sortit de sa tropeur, il me pointa du doigt avec un énorme sourire:

-Cap'taine! J'te croyais en mission secrète! s'exclama-t-il, tout content.

Je papillonnai furieusement des paupières, sûr de n'avoir jamais vu ce gars nulle part. Je tentai de retrouver où j'avais bien pu avoir vu mon parfait jumeau mais rien ne me vint à l'esprit. Le vide total, le néant.

Ce dernier, pas le moins du monde perturbé par mon absence de réaction, s'approcha de moi et ne passa un bras autour des épaules. 

-Vieux frère! On ne t'avais pas vu depuis tellement longtemps! m'apprit-il dans un grand sourire et une haleine de vieux fumeur qui devait égaler celle des vieux mafieux. Paraitrait que tu es en mission sous couverture, ou un truc dans le genre. Secret militaire je suppose. Bah, on s'en fiche. Faudra que tu me racontes comment t'as fini enfermé ici. Je vais finir ma mission et je reviens. On se retrouve au Pop, je l'ai garé au même endroit que d'habitude! À plus!

Sitôt dit, sitôt fait, il remit son casque, me fit un vague salut militaire et s'en alla, arme au poing. Je n'avais pas pu en placer une, je ne savais toujours pas comment ça se faisait que j'avais un jumeau et -par Ganymède l'énorme-, je n'avais pas la moindre idée ce que pouvait bien être le Pop ni ou le trouver.

Une chose était sûre cependant, cet homme s'était trompé de personne. Et pourtant, lorsqu'il m'avait appelé "Capitaine", quelque chose avait bougé en moi, comme pendant l'attaque des pirates sur le cargo frégo. Une sensation de déjà-vu.

***

La première chose que j'avais faite avait été de sortir de la cellule et de m'éloigner de l'agaçant bruit des fils dénudés. J'avais marché dans les coursives de ce qui s'avérait être un vaisseau ressemblant à ceux des pirates de l'espace: des raponces de tôles et autres matériaux, de la crasse à perte de vue, des bouteilles d'alcool un peu partout et des tas de cartes, probablement pour jouer au Dudo -le jeu typique des mafieux de l'espace qui aiment parier.

Ce charmant tableau manquait cependant d'un élément crucial: les mafieux. Il n'y avait personne dans les couloirs et pièces du vaisseau, ils avaient sûrement tous fui quand on avait commencé à les envahir. Une odeur de fumée se dégageait d'un peu partout, les tirs des lasers ayant abîmé les murs, comme je pus le constater en me trouvant face un énorme trou à la place d'une porte.

Je n'étais pas plus inquiet que ça, mon instinct me disant qu'il n'y avait rien à craindre, aucune odeur d'essence donc d'une possibilité d'explosion du moteur à réaction. Je me baladais donc à travers cet immense vaisseau. Je remarquai la présence de nombreuses autres cellules comme la mienne mais toutes les portes étaient ouvertes. Je ne devais pas être le prisonnier le plus important ou alors Roulio n'était pas d'une grande valeur et ils avaient préféré me laisser dans sa cellule en espérant qu'il meure.

Je finis par me demander si mon ami le jumeau n'était pas le seul à avoir attaqué le bâtiment. Je ne croisais pas âme qui vive, même alliée. Pourtant, quelque chose me disait que ce genre d'attaque ne se faisait pas tout seul.

Pris d'une subite paranoïa je me cachai derrière un pan de mur. J'avançai ainsi à tâtons, collé aux parois tel un mauvais espion, regardant devant et derrière à moi avant de silencieusement traverser les couloirs. Dès que j'entendais un petit bruit, je me plaquait contre une surface plane, avec l'espoir vain de disparaître. 

Les Aventures d'un Clandestin InterstellaireМесто, где живут истории. Откройте их для себя