Chapitre XVIII: Marshall

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Roselyn avait passé la nuit chez Henry, il lui avait même permis de faire sa toilette. Elle semblait heureuse de ses attentions, bien que perplexe et méfiante. C'est vrai, le comportement du shérif semblait très curieux, mais il n'avait aucunes mauvaises intentions. La jeune femme dormit profondément toute la nuit. Henry, quant à lui, était resté éveiller jusqu'à l'aurore. Assis sur un fauteuil près de la cheminée, il avait été assailli de souvenirs morbides et d'idées noires comme à chaque fois qu'il se retrouvait seul. Mais cette fois-ci, la présence de Roselyn, même endormie, avait apaisé son mal-être.

Au lever du soleil, le shérif réveilla la jeune femme à contrecœur: Elle dormait si bien, mais il ne pouvait pas la laisser seule dans un endroit d'où elle pouvait s'enfuir. Roselyn se réveilla en sursaut dès que le shérif appela son nom. Décidément, cette femme avait le sommeil léger. 

-Roselyn, je regrette, mais je dois te remettre en cellule.

Roselyn soupira mais se redressa rapidement. Henry était surpris de son comportement, très surpris. Elle n'avait même pas cherché à s'enfuir ou à le blessé. Non, elle était resté calme, presque docile. Le shérif était surpris par son soudain changement de comportement, mais il n'allait pas s'en plaindre. La jeune femme repoussa les couvertures, elle ne portait pas grand-chose en dessous, rien qu'une chemise que Henry lui avait prêtée. Ses jambes étaient nues, et à la hauteur du reste de son corps: magnifiques et élancées, même avec les vieilles blessures et écorchures ici et là.

Henry se rendit compte qu'il avait été grossier quand Roselyn cacha de nouveau ses jambes avec la couverture. Le shérif sentit ses joues s'enflammer, il détourna vite le regard en balbutiant des excuses. Il sortit de la chambre, laissant un peu d'intimité à la jeune femme. Il attendit qu'elle soit un peu plus habillée et qu'elle le rejoigne. 

-On peut y aller. fit une voix derrière lui, celle de Roselyn

Le shérif, qui n'osait presque plus la regarder, la prit par le bras pour la conduire hors de la maison. Lorsque Henry ouvrit la porte, il remarqua immédiatement la rue envahie par des cavaliers ou autres homme, à cheval: les renforts. Un mauvais pré-sentiment poussa notre homme de loi à refermer la porte. Il se tourna vers la jeune femme

-Reste ici, lui dit-il, n'essaie pas de sortir ... C'est pour ta sécurité, d'accord?

La jeune femme était surprise, mais elle voyait bien dans les yeux d'Henry qu'il ne plaisantait pas. Et elle avait aussi cet étrange pré-sentiment que rien n'allait bien ce passé pour elle si elle sortait. Elle acquiesça d'un mouvement de tête. Le shérif n'était pas tranquille à l'idée de laisser Roselyn seule alors qu'elle pouvait s'enfuir, mais c'était largement mieux que de l'exposer à un potentiel danger. Les hommes de loi n'étaient pas tous aussi conciliant que Henry Leigh: il leur arrivait même parfois d'être pires que les criminels qu'ils pourchassaient.

Le shérif se dirigea vers les renforts. La sensation qu'il avait n'était pas celle qu'il attendait. Ce n'était pas de la satisfaction qu'il ressentait, mais surtout de l'inquiétude. De l'inquiétude pour les événements à venir, de l'inquiétude pour Roselyn ... 

-Shérif?

Henry se tourna vers la personne qui l'avait interpellé pour faire face à un homme d'une cinquantaine d'années aux cheveux poivre et sel et à l'épaisse barbe grise. Il souriait avec un air affable.

-Oui, c'est moi, en scrutant le visage de l'homme, intrigué, qui êtes-vous?

-Oh, enchanté. J'avais bien l'étoile à votre boutonnière. Je me présente: John Moore, Marshall de mon état. Il me semble que vous aviez besoin d'aide. 

Le shérif déglutit et resta interdit un instant. Le Marshall Moore ... Il avait entendu parler de lui. C'était une véritable terreur: Il n'hésitait pas à employer des moyens ultra-violents pour arriver à ses fins. Un de ses écarts les plus "célèbres" étaient qu'il avait torturé puis tuer la femme d'un simple prisonnier fugitif pour qu'elle lui révèle ou son mari était. Le fait était qu'elle n'en savait rien et qu'elle était parfaitement innocente. Pour ça, il n'avait pas été punis, pour la simple raison qu'il avait agi sous couvert de la justice. C'était donc lui qui avait provoqué ce mauvais pré-sentiment. Henry se sentait mal, principalement parce que cet homme avait un passé pas si différent du sien. En revanche, le shérif pouvait se vanter de ne pas chasser et capturer des Mexicains pour en faire des presque esclaves dans les mines, car c'était aussi été une des lubies du Marshall Moore. Décidément, cet homme avait une réputation délicieuse... Finalement, le shérif tandit la main poliment 

-Enchanté de même. Henry Leigh, à votre service.

Le sourire de John s'élargit, il serra chaudement la main du shérif.

-Pardonnez-moi ce commentaire, mais vous m'avez l'air bien jeune pour un shérif. 

-J'ai été élu, c'est tout. répondit Henry plus sèchement 

Le Marshall éclata d'un rire étrangement aigu, presque strident. 

-Bien entendu, shérif, bien entendu. 

Henry ne sut pas bien si c'était de la moquerie ou de la gêne. Il n'eut pas le temps de réfléchir à la question: John posa une main sur son épaule.

-Et si nous discutions de toute cette histoire fâcheuse autour d'un verre?

-Hum... Eh bien oui. J'ai une petite chose à régler avant. Allez au saloon je vous rejoins.

Le Marshall arqua un sourcil, mais cet étrange sourire qu'il affichait ne quittait pas ses lèvres.

-Bien sûr. Je vous attends.

Le shérif se rendit rapidement au bureau, espérant y trouver James. Il fut soulagé d'y trouver son adjoint qui était en proie à la panique la plus totale.

-Ah, Henry tu tombes bien! Le Marshall...

-Oui, je sais, le coupa Henry, je viens de lui parler.

-Et la Roselyn? Où est elle? Ne me dis pas que... 

Un peu agacé, le shérif l'interrompit de nouveau

-Non. Elle est en sécurité. D'ailleurs je venais te demander de garder le silence sur ce point.

James abattit ses mains sur le bureau en bois.

-Mais t'es vraiment pas bien! Tout ça pour ses jolis yeux! Tu sais qu'elle pourrait être très utile pour l'arrestation de Bad Wolf et toi tu la protège!

-Je sais! Et je sais aussi que tu doutes de ce qu'il va faire s'il découvre qu'elle est là! Il ne reculera devant rien pour la faire parler! Je sais que tu ne l'apprécies pas, mais je te demande de m'aider à la couvrir. 

-Bon sang, mais qu'est-ce qu'elle t'a fait, mon vieux? Il y 3 jours tu n'aurais pas hésité une seule seconde à tout lui dire!

Henry détourna le regard un instant. Là, son ami marquait un point. Lui qui aurait tout fait pour la justice, à présent il était en train de l'enfreindre. Même en si peu de temps, beaucoup de chose peuvent changer.

-Je te demande pas ça en tant que shérif, James ... Je te le demande en tant qu'ami. Tu peux faire ça pour moi? 

L'adjoint poussa un soupir exaspéré. Il se laissa tomber lourdement dans le fauteuil.

-Tu me mets dans une situation complexe, tu le sais ça?

-Je sais, répondit Henry, mais je te fais confiance ... tu es mon ami.

James prit son visage entre ses mains. Après quelques instants, il grommela:

-Je dois faire passer le message aux autres en leur disant que c'est un ordre?

Le shérif sourit, il pouvait toujours compter sur James pour le soutenir même dans les situations les plus dangereuses.

-Oui exactement. Tu es le meilleur, Jay. 

En réponse, l'adjoint leva ses deux pouces en l'air. Soulagé, le shérif se dirigea vers le saloon ou l'attendait le Marshall Moore.

Desert RoseTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang