Simon - Tome 2 : mots-croisés

Chapitre 17 - Un jour comme un autre

En ce sept décembre, Louise se réveilla avec une banane d'enfer. Elle resta un moment sous sa couette à regarder le plafond en souriant. La douce sensation du tissu sur sa peau nue, comme un cocon chaleureux, la remplissait de joie. Aujourd'hui, elle fêtait ses trente-trois ans.

Elle s'était retrouvée seule dans son appartement du jour au lendemain lorsque ses demi-sœurs s'étaient barrées dans le leur et elle avait passé plusieurs jours chez Simon pour compenser. Mais ne voulant pas donner des signes d'installation chez lui, elle avait fini par adopter un rythme alterné : deux ou trois jours par semaine avec son chéri, pas plus. Surtout depuis « l'incident » avec Naïm, si tant était qu'emboucher sa jolie queue pût être qualifié ainsi, elle ne savait plus vraiment sur quel pied danser. Elle en avait fait part à Simon qui avait paru amusé. Elle en avait été décontenancée et ne savait pas si elle n'eut pas préféré qu'il fût jaloux.

Le petit jeu entre eux trois continua de plus belle et elle se pavanait vêtue de plus en plus légèrement au milieu du salon. Il la dévorait des yeux, mais fidèle à son habituelle timidité, se contentait de regarder sans oser ne rien entreprendre. Ce qui, finalement, seyait bien à Louise. Elle aimait qu'il regardât, qu'il la désirât, mais elle le voulait obéissant, presque soumis. Par moment, elle se demandait si son propre besoin de soumission ne se reportait pas sur lui. Elle s'en voulait un peu, culpabilisait aussi, même s'il n'avait pas l'air de s'en plaindre.

Mais peu importait ! Aujourd'hui était un jour différent ! Elle se leva et s'approcha de la commode et du miroir qui trônait dessus. Elle se regarda sous toutes les coutures, son ventre plat, ses seins lourds, son petit cul ferme... Elle se mit à le secouer maladroitement. Son twerk à elle, intime, personnel. Ça ne ressemblait à rien, mais elle avait eu envie de faire ça à cet instant précis. Elle pouffa de rire et se dirigea vers la salle de bain.

Tandis qu'elle se préparait, elle se demanda ce que lui réservait Simon pour la journée. Peut-être avait-il prévu une surprise ? Un repas en amoureux comme il savait si bien les faire ? Et lui avait-il acheté un cadeau ? Elle avait pris soin de préciser de manière anodine les présents qui lui feraient plaisir et ceux qu'il fallait oublier absolument. Interdits : les casseroles, le fer à repasser, l'aspirateur, etc... ! C'était presque insultant à ses yeux. Elle espérait qu'il avait compris le message. Par contre, la liste d'envie qu'elle avait enregistrée par erreur sur l'ordinateur de Simon, pourquoi pas... Le procédé n'était pas très subtil, mais elle espérait qu'il avait compris.

Elle enfila ses collants couleur gazelle tout en se demandant qui allait être la première à lui souhaiter un bon anniversaire. Elle espérait secrètement que son bel écrivain y parviendrait, mais il ne devait même pas être levé à cette heure. À moins qu'il ne se fût levé tôt pour préparer quelque chose... Elle eut un nouveau sourire qui ne la quitta pas jusqu'à l'agence.

Là, elle s'installa à son bureau et découvrit la gagnante : Mélanie. Forcément, elle avait Facebook et n'avait pas pu rater la notification. Un message très chaleureux y était planté comme un drapeau sur son mur. Serait-elle de la fête surprise en son honneur ce soir ? Elle comptait un peu tâter le terrain et lui envoya un message :

« Merci ma chérie ! »

« C'est cool, encore un peu plus vieille ! »

« Ah ben sympa... »

Le smiley suivant représentait un panda qui riait aux éclats à s'en rouler par terre.

« Faut que je voie pour fêter ça ce week-end dans un resto par exemple, ça te dirait ? »

Mélanie mit un peu de temps à répondre, ce qui amusa Louise.

« Oui, bien sûr. Tiens-moi au courant. Mais ce week-end ça va peut-être être un peu délicat, on avait prévu de partir un peu avec Delphine... Le week-end prochain ? »