Chapitre 3 - Retour aux réalités

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Le retour sur Paris sembla à Simon plus rapide que l'aller. Il se sentait moins crispé, presque ravi de son week-end malgré quelques épisodes déconcertants et sentait en lui comme une plénitude. Il n'avait pas connu cela depuis des années, une décennie quasiment.

Il regarda d'un œil amoureux Louise qui conduisait et s'enfonça plus confortablement dans le siège en cuir du bolide. Il avait bien proposé de prendre le volant cette fois-ci, mais elle avait gentiment, mais fermement refusé. Il avait fait mine de paraître vexé, même s'il s'en moquait en réalité, pour obtenir une explication. Elle ne lui avait pas donné, il n'avait pas cherché plus loin. Conduire n'était pas une passion chez lui et il appréciait de n'avoir rien à penser et se contentait d'observer la belle blonde qui partageait ses pensées.

Louise lui retourna son regard, mais il n'y lut pas les mêmes sentiments. Il sourit inconsciemment et ne put s'empêcher de demander :

— Tu veux qu'on s'arrête dans un petit coin tranquille ?

Elle le regarda à nouveau sans rien dire, mais le mouvement de ses yeux trahit son envie. Simon rit.

— Ah ah, tu as l'air à cran. Je crois que je comprends ce que tu veux dire quand tu parles de mon « regard de pervers ». Je réitère ma proposition : on peut s'arrêter sur le côté.

— Sans façon, non. Dans l'herbe ou dans la voiture, il n'y a que dans les films que c'est agréable. Mais tu ne perds rien pour attendre, dès qu'on arrive à la maison je te mange tout cru.

Simon rit de bon cœur et sentit que ces mots-là éveillaient en lui sa propre envie. Pour tenter de faire redescendre la tension, il se lança dans un compte-rendu du week-end :

— J'ai bien aimé ta famille. Bon, avec ton père, je sens qu'il y a encore un peu de travail, mais ça s'est plutôt bien passé, non ?

— Oui, fit Louise, maman et les jumelles t'ont adoré. Et mamie aussi.

— Ah, pourtant, elle a dit qu'elle préférait Christophe.

— Ça, c'est mamie Jo, mon arrière-grand-mère, elle fait toujours ça, juste histoire d'emmerder le monde. Ma mamie Huguette t'a très bien apprécié, elle.

— Mince, je crois que j'ai confondu. Je pensais que ta grand-mère c'était la petite vieille. C'était laquelle, alors, ta mamie ?

— Simon ! Je te l'ai présentée quand on est arrivé ! Quelle mémoire...

— Celle qui portait un chapeau rigolo ?

— Oui, voilà, celle-là.

— Oh, pardon, mais elle ne fait pas si vieille, je pensais que c'était ta tante !

— C'est vrai qu'elle est en pleine forme.

— Et donc la petite vieille, c'est sa mère ?

— Oui. Elle fait sa ronchonne, mais elle est super gentille quand on la connaît. Bon et puis, elle n'est plus toute fraîche, on se demande encore comment elle tient debout parfois.

Simon acquiesça. Il demanda, taquin :

— Il y a d'autres frères ou sœurs dont tu ne m'as pas parlé ?

Louise haussa les épaules avant de répondre :

— Il n'y a que Martin que tu n'as pas vu. Il ne vient pas souvent.

— Il a quel âge ?

— Trente-huit ou trente-neuf, je ne sais plus trop. Il habite dans le Sud. Il a une famille, des enfants, une maison, enfin il est casé maintenant.

Simon - Tome 2 : mots-croisésWhere stories live. Discover now