Chapitre 30

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Lucie ouvrit des yeux émerveillés, et resta plantée devant la rangée de portes battantes qui s'offrait à elle. Plus loin, des lavabos collés au mur et des sanitaires s'alignaient, éclairés par la grande baie vitrée horizontale qui courait le long de la façade de l'immeuble.
- Oh c'est pas vrai...des douches ! sautilla la blondinette.
- La cerise sur le gâteau ! L'hygiène ! lui présenta fièrement Andréa, les bras croisés. On a de l'eau courante, tiède cependant, et du savon, ainsi que du shampoing !

Lucie s'approcha d'un lavabo. Quoique rudimentaire, les nettoyeurs l'avaient lavé.
La jeune fille ouvrit le robinet et une eau légèrement brunâtre s'écoula du tuyau.
- Ew, fit l'adolescente en reculant.
Sa réaction déclencha l'hilarité d'Andréa qui vint à son secours.
- N'aie crainte la nouvelle. L'eau ne reste pas longtemps dans cet état.
En effet, quelques secondes plus tard, la couleur du liquide était revenue à la normale.
- M'appelle pas la "nouvelle", la pria Lucie.
- Ok.
- C'est dégoûtant. D'où provenait cette saleté ?
- On n'en sait rien. Du moins, elle est potable, c'est l'essentiel. Personne n'est tombé malade après en avoir consommé.
Lucie hocha vigoureusement la tête avant de la plonger sous le filet d'eau transparente.
Elle se lava et rinça énergiquement la bouche avant de l'essuyer d'un revers de manche. Quand elle releva les yeux vers Andréa, celle-ci lui tendait une serviette propre.
Elle s'en saisit et termina de se sécher.
- Merci beaucoup, dit-elle.
- Ce sera la tienne. Dis-moi, t'as bouffé quelque chose de crade pour faire ça ?
- Tu ne crois pas si bien dire, répondit Lucie. J'ai mordu un fondu pour m'échapper.
Le visage d'ordinaire jovial d'Andréa laissa place à un masque d'horreur et son teint devint livide.
- Tu as...quoi ?
- Je n'avais pas le choix ! répliqua Lucie. C'était lui ou moi !
- Oui mais...ça fait trois jours ! Tu as bu et mangé entre temps !
- Et ?
- Tu as eu tout le temps d'évacuer les microbes dans la cuisine !
- Peut-être mais...je sentais toujours cette petite gêne écoeurante au fond de ma gorge, justifia la blondinette en tirant la langue dans un hoquettement.
Andréa grimaça.
- Tu as raison.

L'heure du déjeuner ayant sonné, les trappers se réunirent en cercle dans le salon pour savourer le repas concocté par les cuisiniers. Quelques questions trottaient encore dans la tête de Lucie.
- Carlos et Vincent ne mangent pas avec nous ce midi ? demanda-t-elle à ses camarades.
- Non. Chaque matin nous préparons aux éclaireurs une portion de nourriture, étant donné qu'ils partent très tôt le matin.
- À quelle heure ? s'enquit Lucie.
- Six heures. Et ils rentrent à dix-neuf heures. Les horaires sont toujours les mêmes. Impossible de se tromper.
- D'accord.

Les trappers finirent de déguster leur part avant d'amener les assiettes vides à la cuisine.
- La vaisselle, c'est qui, qui la nettoie ? fit l'adolescente à Benedicte, une des cuisinières.
- Ça dépend. Parfois nous, parfois les nettoyeurs.

La jeune fille à la peau noire partit vaquer à ses occupations, et la blondinette tourna la tête vers Lucas.
- Dis-moi, Lucas, dit-elle, tu peux m'expliquer comment fonctionne le roulement des tours de garde ?
Le garçon opina du chef et l'invita à s'asseoir sur le vieux canapé.
- En général, c'est quand tu déroges à une des quatre règles que tu as la possibilité de devoir y aller. Les éclaireurs n'y vont pas, sauf quand Carlos le décide. Ensuite, tout dépend de ta volonté ou non à te proposer au poste. J'ai été assez clair ?
- Oui, merci ! sourit Lucie, reconnaissante.

Maintenant, le sujet C12 en savait assez pour se sentir plus à l'aise avec son nouvel environnement. Bien d'autres choses lui seront révélées, et ça, Lucie le savait très bien.

                              ***

- Prends ça, Lucie, lui dit Andréa en lui passant du linge sâle et une bassine d'eau chaude.
La blondinette s'en empara et s'accroupit à même le sol afin de suivre les instructions de la leader des nettoyeurs.
- Très bien. On va d'abord s'occuper des draps et des t-shirt. Tu vas les mettre à tremper dans l'eau, puis y rajouter trois doses de lessive. Ensuite tu plonges le tout et tu frictionnes. Ça va jusqu'ici ?
- Super.

Accompagnées de Lucas, nettoyeur lui aussi, Andréa et Lucie entamèrent le lavage des textiles.
- Excusez-moi, mais...vous avez un four mais pas de lave-vaisselle ni de lave-linge ? les interrogea la blondinette.
Ses deux amis se regardèrent un court instant avant de pouffer.
L'adolescente les regardait s'esclaffer, sans comprendre.
- Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle, ronchonna-t-elle.
"J'ai la nette impression qu'on se fiche de moi H24", se dit-elle en maugréant intérieurement.
- Sérieux, Lucie, tu te crois dans un hôtel ou un appart ordinaire, là ? lui lança Lucas. On est dans la dèche ici, je te rappelle.
Les rires redoublèrent.
- Rooh, mais avouez que ce n'est pas logique ! soupira la concernée.
- Arrête donc de bougonner et active-toi ! la somma Andréa.
- Oui chef, la piqua sournoisement Lucie.

                            ***

La journée fut longue et épuisante pour la blondinette.
Il a fallu récurer les toilettes, désencombrer le siphon de chaque lavabo, celui des douches et passer la serpillière partout sur le carrelage, ainsi que décrasser les vitres.
À la fin de son premier essai, Lucie sut que ce rôle n'était définitivement pas fait pour elle.
Restait à faire ses preuves ailleurs.
Et ne pas oublier l'objectif principal.

Les éclaireurs.

                              ***

- Je suis crevée..., murmura Lucie en s'allongeant à même le sol.
Andréa s'asseya à ses côtés et pencha la tête.
- Tu mérites une récompense.
- Laquelle ?
Andréa sourit.
- À une bonne douche !
Lucie ferma les yeux, s'imaginant déjà sous l'eau.
- Alleeeez ! la pressa la nettoyeuse en tapant dans ses mains. Ce n'est pas en rêvassant que tu vas y être ! Dépêche-toi !

Lucie sentit qu'on lui tirait le bras, ouvrit les yeux et se mit debout avec peine.
- J'y vais, c'est bon !
- Tu seras une des premières. Profites-en avant que les mecs arrivent !
Cette remarque sonna comme une cloche à Lucie qui déguerpit vers les douches.

                            ***

- Enfin propre ! s'extasia la blondinette, enfin sortie.
"J'imagine qu'il n'y a pas de sèche-cheveux", pensa la nouvelle trapper en se frottant les cheveux avec sa serviette.
Cette pensée la fit rire de bon coeur, tandis qu'elle enfilait des vêtements propres.

Elle ignora ses courbatures et prit le chemin du salon pour dîner avec les autres.
"Tiens, Carlos et Vincent doivent être rentrés depuis tout ce temps !"

L'adolescente passa la tête dans l'entrebaillement de la porte et bailla.
En zieutant la pièce, elle put apercevoir celui qu'elle cherchait en pleine discussion avec Yana et Billy. Puis le jeune garçon tourna la tête et leurs regards se croisèrent.
Lucie rougit tandis que le chef des éclaireurs venait vers elle.
- Alors Lulu, on se cache ? lui demanda-t-il, tout sourire.
"Lulu ?"
La blondinette ria sous cape avant de baisser les yeux, gênée.
- Je n'ai pas le droit à un joli sourire moi aussi ? fit le brun en attrapant le menton de Lucie entre ses doigts pour le relever vers lui.

Lucie se força à calmer sa respiration emballée et osa enfin poser les yeux sur le garçon. Elle lui fit un sourire sincère, quoique fatigué.
- Ouh ouh, attention ! clamèrent en coeur Lucas et Wellan, bientôt suivis d'Hector.
Lucie et Carlos levèrent les yeux au ciel avant de se détacher l'un de l'autre.
- Au fait Lucie, lui dit Carlos, tu te sens prête à partir pour le rez-de-chaussé ?

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N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! ;)

L'immeuble maudit - L'Épreuve Parallèle (en pause)Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin