L'immeuble maudit - L'Épreuve Parallèle (en pause)

Chapitre 19

01/01/227, 18h24

Les jours passent, identiques les uns aux autres. Lucie effectue ses tâches habituelles, sans se plaindre.
Cependant, les tests physiques, mentaux et les prises de sang, ainsi que les IRM s'enchaînent de plus en plus.
La blondinette a presque rempli toutes les conditions nécessaires à son expérimentation. Elle ne se doute pas le moins du monde que tout ce qu'elle croit, en lequel elle a confiance, va disparaître sous peu, s'effondrer tel un château de carte.

                             ***

- Je vous remercie d'être tous présents aujourd'hui, pour notre avant-dernière réunion, concernant la progression de nos sujets. Plus principalement ceux du groupe C. Ava Paige, je vous laisse la parole.
Anderson, le chancelier du WICKED, s'efface et Ava s'avance au devant des personnes rassemblées devant elle.
Ils sont environ une trentaine, composée de médecins, de professeurs et d'assistants, assis en arc-de-cercle dans une grande salle, l'un des amphithéâtres du complexe.
Le docteur parcourut la pièce du regard, avant de reporter son attention sur les papiers qu'elle tient dans ses mains.
- Bonsoir à toutes et à tous, commence Ava Paige d'une voix claire et assurée.
Quelques "bonjours" se répandent çà et là dans la salle.
La chancelière-adjointe poursuit son monologue.
- Comme vous l'avez compris, nous sommes ici pour résumer ces années de travail acharné, de réussite et de résultats très encourageants pour nos recherches dans les mois et les années à venir.
La femme fit une pause.
- Grâce aux premiers schémas cérébraux récoltés du cerveau des enfants que nous étudions, nos chercheurs peuvent entamer d'autres essais cliniques, et élaborer d'autres plans. Nous avons d'ores et déjà pu constater que les réactions des groupes A et B sont assez similaires. Par contre, les sujets du groupe C sont soumis à un isolement volontaire, et les sondages permettent d'affirmer que la plupart d'entre eux réagit conformément aux réactions attendues. Incompréhension, doute, solitude...ils passent tous ou presque sans exception par cette phase de questionnement.
Ava sourit.
- À présent, place aux questions. Je déclare la séance ouverte !
Les paroles fusèrent et les gens parlèrent tous en même temps.
Le docteur leva les mains.
- Calmez-vous. Un à la fois je vous prie.
Le silence revint. Puis une main apparut et Ava Paige lui accorda la permission de se prononcer.
- Je pense parler au nom de tous, ici, débuta un homme assez jeune. Qu'en est-il du premier sujet ? Comment va-t-il ? Est-il toujours en vie ?
- Le sujet C1 est vivant. Il a réussi à assurer sa sécurité d'une manière très intelligente, et se porte bien.
- Et les autres ? S'en sortent-ils aussi bien ?
Le visage jovial d'Ava Paige s'assombrit.
- Malheureusement, non. D'autres non pas eu cette chance.
Deux visages apparurent sur un écran géant derrière le docteur.
L'un des assistants étouffa un cri.
- Non ! Pas eux...
- Je suis désolée Julia. Nous n'avons rien pu faire. Ils se sont fait prendre dès leur arrivée.
- Mais...
- Question suivante.
L'assistante bondit de son siège et sortit de l'amphithéâtre sous les regards consternés de ses collègues. Elle bouscula deux gardes de WICKED en vociférant.
La chancelière-adjointe attendit que le silence soit revenu pour continuer.
- Quelqu'un d'autre veut s'exprimer ?
Personne ne lui répondit.
- Parfait ! Nous allons donc tourner vers l'un des prochains sujets à être envoyé dans l'Épreuve Parallèle. Il s'agit donc de la jeune Lucie Hayle. Le numéro C12.

Severina, qui assistait à la réunion, ferma les yeux. C'était enfin au tour de la blondinette de passer à la trappe.
Quand elle les rouvrit, elle vit Ava Paige la fixer avec insistance. Gênée, elle baissa le regard.
- Lucie a terminé son apprentissage. Dans trois mois, elle débutera son Épreuve, dit le docteur. Tout va s'accélérer pour elle. Severina, je compte sur vous pour tenir le plan jusqu'au bout. Est-ce clair ?
- N'ayez crainte. Je tiendrai, répondit l'assistante.
- Ne la ménagez pas, surtout. Je ne supporterai pas que vous vous écartiez de l'objectif principal.
- Je sais ce que je fais.
Ava fronça les sourcils.
- Estimez-vous heureuse que votre chère Lucie n'ait eut droit qu'à l'enfermement pour les actes qu'elle a commis précédemment. Auriez-vous préféré que nous soyons plus sévères ?
Severina avala sa salive.
- N...non, bien évidemment.
- Alors gardez vos réflexions pour vous. D'accord ?
- Oui.
Le docteur fit défiler un diaporama sur l'écran. L'image affichait désormais des données statistiques, des graphiques, des histogrammes, qui détaillaient avec précision les relevés de Lucie. Ava Paige prit une longue baguette en bois et la pointa sur l'un des schémas.
- Voici ce que nous a rapporté l'implant du cerveau du sujet. Les résultats obtenus sont très prometteurs pour la suite. Cette jeune demoiselle a du cran, et il faut des personnes comme elle dans l'expérience. Son courage, sa volonté...ils lui seront utiles dans bien des moments. (Elle fit une courte pause.) C'est en grande partie pour cela que Lucie est encore là. Elle est précieuse.

                            ***

Lucie jette un oeil à son professeur de mathématiques. Cette dernière, très concentrée sur la correction de sa copie de contrôle, ne remarque pas que la jeune fille attend avec impatience que l'autorisation de sortir lui soit accordée.
- Hum. Madame ?
Mme Dolas relève la tête vers la blondinette.
- Oui ?
- Je peux...? fit Lucie en mimant son départ.
- Oh ! Oui bien sûr ! Tu peux y aller.
Lucie soupire de soulagement. Elle a cru que sa professeur ne comprendrait pas !
- Merci ! À bientôt !
Étonnament, Mme Dolas ne lui répondit pas, elle qui habituellement le faisait.
Lucie lui lança un regard de travers et quitta la salle de classe.

Elle s'inquiétait. Elle avait remarqué que ses enseignants étaient de plus en plus distants. Même M. Bench, avec qui elle entretenait une bonne entente, s'éloignait inexorablement. Comme s'il cherchait à repousser la blondinette. Mais pourquoi ?
La jeune fille se torturait l'esprit nuit et jour, convaincue que quelque chose de mal allait se produire. Un sentiment d'insécurité oppressant s'était à nouveau emparé de son être, et pas moyen pour elle de s'en débarasser, encore moins de mettre la main sur la cause de son malaise. Avec le WICKED, on pouvait s'attendre à tout. Les raisons de se faire du mouron se comptaient par milliers.

                            ***

Il y avait définitivement un truc qui clochait dans le comportement de l'entourage de Lucie. Des regards fuyants qui en disaient long, des non-dits à répétition.
Et puis, pour finir, le Labyrinthe. Lui avait-on dit la vérité sur ce point ? En tous cas, personne, ni même Severina, ne lui avait affirmé le contraire.
Mais le doute subsistait. Il était revenu.
La jeune fille regarda sur le calendrier éléctronique, affiché sur un mur.
08/03/2227.
Huit ans. Elle n'en revenait pas. Ça faisait déjà huit ans qu'elle était coincée ici. (Neuf plutôt, sachant que c'était son anniversaire dans moins d'une semaine.) Que WICKED l'avait amenée là. Qu'il avait assassiné ses parents.

La blondinette regarda sa montre. Le cadran digital affichait dix-sept heures pile. Fatiguée par sa journée, Lucie décida de faire une sieste. Elle prit l'initiative de modifier son chemin habituel et se dirigea naturellement vers les étages supérieurs.

En passant près d'une porte de bureau laissée entrouverte par mégarde, la jeune fille perçut des bribes de conversation qui captèrent son attention. Intéressée, elle s'approcha à pas de loup de l'entrebaillement. De là où elle était, Lucie ne pouvait pas voir les personnes qui parlaient. Où plutôt celle qui parlait. De ce qu'elle entendait, la conversation se faisait par téléphone. Un élément la frappa.
- Oui, je confirme, disait une voix de femme, nasillarde. L'Effacement aura lieu. Oui...sur les sujets des groupes A et B...Non...ils perdront leur mémoire, oui...
"Hein ?" s'écria mentalement la blondinette. "Comment ça, on nous enlève la mémoire ?"
Mais...comment se faisait-il que Severina ne lui en ai pas parlé ? Et surtout, pourquoi l'enverrait-on dans un endroit certes dangereux, mais dont elle savait presque tout ? Quel serait l'intérêt ? Aucun, mais l'Effacement...
Un bruit provenant du bureau lui indiqua que l'échange avait pris fin. Des pas, puis un râclement de gorge résonnèrent, et Lucie prit la fuite.
Elle n'eut pas le temps de réfléchir davantage à ce qu'elle venait d'apprendre.

                             ***

Une semaine plus tard, le lendemain du jour de ses treize ans, son assistante vint la chercher pour la première fois depuis longtemps.
- Suis-moi Lucie, lui dit Severina, le visage impassible.

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(Severina en média - elle a un peu une tête de conne mais bon...😂)
Ça y est ! Les choses sérieuses commencent pour Lucie ! Une petite idée de ce qui va lui arriver ?
Sur ce, j'espère que ce chapitre vous aura plu, et je vous dit à bientôt pour la suite !