Il connaissait cette créature. Pas personnellement, certes, mais les histoires qui se rapportaient à elle étaient connues parmi les gens tels que lui. Les créatures non humaines, les monstres. Les créatures du Téras, ou les tératos comme aimaient les appeler certains.

Le nom de cette femme, de cette abjecte créature, était le Papillon écarlate, un surnom français qu'Arian trouvait élégant à la prononciation, malgré son accent irlandais qui venait écorcher les mots discrètement. L'arme génocidaire des Idoles avait permis à ces créatures arrogantes et cruelles d'étendre leur règne de terreur en dehors du Téras, sur la Terre des Hommes.

Dans un grognement animal qu'il tentait de garder dans le fond de sa gorge, l'homme esquissa un sourire satisfait. C'était un chasseur. Un traqueur. Et il était doué dans ce qu'il faisait, appartenant à la race des Lycans, des loups-garous.

Peu importe. Le plus important à ses yeux en ce moment était qu'il allait bientôt pouvoir satisfaire ses instincts de prédateur. Puisque le loup était en chasse, combattant les Idoles et détruisant leurs alliés depuis longtemps. Très longtemps. Et sa proie du moment était cette femme. Cette créature sanguinaire. Ce Papillon écarlate.

Depuis plusieurs semaines qu'il était sur ses traces...

Soudain, une étrangeté tira Arian de ses ambitions. Une fragrance inconnue, agréable, apaisante.

Une odeur d'hiver, pensa-t-il alors. La senteur surgit de nulle part, le détournant de ses pensées. Intrigué, son regard évalua les alentours, ses instincts se mettant à gronder en lui. En plein été, cette sensation glaciale, ce sentiment pesant et cette effluve d'un baiser hiémal ne pouvaient pas être normaux.

Une femme. Voilà d'où émanait l'arôme.

Le groupe d'humains s'était éloigné, le laissant avec une créature de rêve. Chevelure claire, les yeux lilas brillaient de beauté dans l'observation de la toile. Il ne l'avait pas senti arriver dans son dos. Sa robe rouge épousait sa silhouette fluette à la poitrine généreuse. Les fines bretelles indiquaient qu'elle ne portait sans doute aucun soutien-gorge. Ses longues jambes n'étaient pas cachées, son vêtement ne couvrant pas les genoux. Si elle se penchait ainsi vêtue, chacun pourrait apercevoir sa culotte qu'il voulait imaginer être de la dentelle.

Elle entrouvrit ses lèvres, les humidifiant d'une langue tentatrice.

Regarde-moi.

Avait-elle lu ses pensées ou avait-il prononcé ces mots à haute voix ? La jolie créature tourna son visage pour plonger son regard dans le sien.

Tout explosa en lui. Elle.

Son téléphone se mit à vibrer, le détournant du charme imposé par le Destin. Mais le temps de se tourner, la belle avait disparu.

Rattrape-la.

Pestant contre lui-même, il courra dehors, cherchant frénétiquement celle qui venait de lui glisser entre les doigts. Ses yeux affûtés l'aperçurent qui grimpait dans un taxi. Une chance hasardeuse pour elle dans un lieu aussi perdu au milieu de nulle part. Un malheur inopiné pour lui. La créature de ses rêves s'en était allée.

Tout en lui bouillonnait de se lancer à sa poursuite. Il comprenait ce que, potentiellement, ce regard lilas pouvait représenter. Sa partenaire destinée, son âme sœur. Il lui faudra la rencontrer sous la Pleine Lune pour en être sûr, mais Arian se sentait déjà de la pourchasser. Or, bien que l'idée de retourner la voiture pour en dérober la demoiselle de manière cavalière fut plaisante, il ne pouvait se le permettre. Les humains se poseraient des questions si un grand gaillard comme lui se mettait à détruire le taxi comme qu'il ne s'agissait que carton aussi léger qu'une plume. Alors il laissa le véhicule éloigner sa belle aux yeux lilas.

Au rythme de la nuit 1 - Le Papillon écarlateWhere stories live. Discover now