Chapitre 4

3.9K 395 30
                                    

« Votre aile en le heurtant ne fera rien répandre

Du vase où je m'abreuve et que j'ai bien rempli.

Mon âme a plus de feu que vous n'avez de cendre !

Mon cœur a plus d'amour que vous n'avez d'oubli ! »

— Victor Hugo, Puisque j'ai mis mes lèvres à ta coupe encore pleine


Jehanne esquiva avec souplesse la lame aiguisée du guerrier en se courbant en arrière. Se battre encore et encore contre la bête furieuse ne parut pas l'essouffler. Pour autant, ce n'était pas de tout repos. Cet homme se révélait être un redoutable guerrier sans avoir à se transformer. Sa rapidité la surprenait par moment. Et s'il ne se montrait pas aussi souple qu'elle, la puissance de ses coups la faisait par moment vaciller. Il frappait avec l'intention de la faire flancher.

Arian voulait la tuer, c'était certain. C'était sa mission, il le lui avait révélé. Son regard de prédateur semblait pourtant l'inciter à un tout autre dessein. La femme se doutait que c'était la raison pour laquelle les gestes du lycan ne visaient jamais de points vitaux. Il se battait avec retenue, une lueur de passion menaçant d'illuminer ses yeux pour trahir un désir irrationnel. Malgré qu'elle fut le Papillon écarlate, il la considérait encore comme son âme sœur. Elle en aurait presque eut pitié. De son côté, elle se démenait comme elle le pouvait malgré son état.

Tout à coup, le lycan s'arrêta, cessant de la combattre. Elle émit un sifflement de frustration. C'était vexant de constater qu'elle était bien plus sérieuse que lui dans cette maudite valse à trois lames ! Et à présent il refusait de continuer ?

— A quoi joues-tu ?

— Ce serait plutôt à moi de poser la question, Jehanne.

Son prénom, prononcé avec un tel sérieux... Un frisson caressa son dos. Elle pouvait compter sur ses doigts le nombre de personne utilisant encore son prénom sans haine à son encontre. Elle pouvait ajouter Arian à ce lot.

— Tu es aussi faible qu'une gamine de moins d'un siècle d'expérience.

Cette insulte la fit rougir de honte.

— Sale fils de... Je vais vraiment prendre plaisir à arracher ta peau de loup-garou pour m'en faire un tapis.

— Ce que j'essaie de te dire, c'est que cette petite bagarre est inutile. Je ne veux pas te faire de mal et tu ne peux pas me vaincre. Alors, que faisons-nous ?

Elle lâcha les deux lames de ce clébard.

— Tu l'auras voulu, gronda-t-elle sa colère.

Être ainsi déconsidérée, ses compétences de combat bafouées... Elle n'allait pas laisser passer ! Au Diable son anonymat ! Ce loup allait mourir cette nuit.

Elle s'engouffra dans sa crypte, manquant de glisser dans les escaliers sous l'empressement de sa fureur. Avec son manteau, elle se sentirait bien mieux. Elle se sentirait complète, entière. Et les chances de ce lycan voleraient éclat.

On va voir qui est l'inexpérimenté ensuite.

La main d'Arian surgit de nulle part, s'écrasant sur sa nuque pour la tirer en arrière.

— Lâche-moi, sale cabot !

— Je ne veux plus me battre, ça m'agace. Alors peu importe l'arme que tu caches là-bas, n'y pense pas.

Au rythme de la nuit 1 - Le Papillon écarlateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant