Chapitre VI, Partie 1: Divinités.

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Brutalement, je me retrouve assise à côté de Loïs. Contrairement à mon esprit, mon corps n'a semble-t-il pas bougé d'un pouce. Je recule d'un coup en croisant le regard de l'inconnu.

- Qu'est ce que vous m'avez fait ?

L'homme me regarde avec amusement. Il semble prendre tout ça avec une légèreté déconcertante.

- Absolument rien. Je crois comprendre que tu as vu quelque chose ?

Un peu mon neveu que j'ai vu quelque chose. Raphaël me tapote l'épaule avec empressement, comme un petit garçon pressé de recevoir son cadeau de Noël.

- Qu'est ce qu'il se passe ? Héloïse ? Lizzie, réponds moi. Arrête de fixer cet homme, c'est impoli. Contrôle tes hormones bon sang ! Lizzie réponds-moi ! J'AI BESOIN DE SAVOIR !

Je sors enfin de la transe dans laquelle j'étais plongée et m'extrais des yeux de ce somptueux personnage.


- Je n'en sais rien ! C'est... confus... D'accord ? Enfin, non, ce n'est pas confus, je sais ce que j'ai vu. J'ai juste du mal à me l'expliquer.

Raphaël vient se poster devant moi et sautille avec impatience, j'ai l'impression de détenir le secret de l'univers.

- Alors raconte-moi ! Je t'aiderai. Je t'en prie Lizzie, si tu as quelque chose de nouveau partage-le avec moi !

Au fond je comprends l'excitation de Raphaël. Ce mystère le ronge, l'empêche de dormir et vient le hanter jusque dans ses rêves quand il parvient à fermer l'oeil. il est sûrement celui sur qui nous nous reposons le plus et aussi celui qui s'est donné corps et âme pour notre quête de vérité. Les cernes bleutés sous ses yeux en sont la preuve. Il mérite de savoir et d'être éclairé. Alors, je lui détaille du mieux possible ce dont je me souviens, m'accrochant aux moindres détails. Raphaël boit mes paroles en me regardant avec des yeux ronds. Tout ça sous le regard amusé de notre invité surprise. Une fois ma longue tirade terminée,

Raphaël adresse un regard assassin à celui-ci.
- Qu'est-ce-que vous lui avez fait ?

Je soupire de soulagement.
- Ah ! Toi aussi tu le détestes maintenant !

Loïs pendant ce temps s'amuse avec les cheveux de Liv, plus du tout violets après ce temps sans retouche capillaire. On voit les préoccupations de chacun ici. Raphaël reste muet quelques instants en proie à un débat intérieur.

- C'est peut être bête mais tout ça me fait penser à la mythologie grecque. La métamorphose en chouette, les capacités surnaturelles... Les deux jeunes filles, au début de ta vision, pourraient bien être deux déesses. Chaque mythe est basé sur un fond de vérité. Peut être qu'en fin de compte ces dieux existaient vraiment. Peut être pas comme le dit la mythologie mais comme nous, ici. Tu me suis ?

Loïs éclate de rire en arrière-plan, un rire gras et très bruyant. Nous décidons de l'ignorer. Je dois reconnaître que la théorie de Raphaël est tirée par les cheveux mais après tout ce ne serait pas étonnant.

-  Et tu penses qu'on serait... Je ne sais pas... Leurs réincarnations ?

Raphaël secoue la tête réfutant immédiatement mon hypothèse.

- Peut-être pas leurs réincarnations mais quelque chose du genre oui. Peut-être que nous sommes nous-mêmes les produits de ces êtres surnaturels.

L'homme dont j'avais presque oublié la présence applaudit théâtralement.

- Félicitations, vous avez mis du temps, mais vous avez presque compris !

Je jette un regard perplexe à Raphaël. Est-ce que cet homme est en train d'éperdument se foutre de nos gueules ?

- Développez, lui intime Raphaël.

Ayant visiblement le sens du spectacle, l'intrus se redresse et bombe le torse.

- Nous sommes effectivement des dieux... ou du moins il fut un temps où nous l'étions. Je suis Hermès, dieu du commerce et messager, entre autres. Vous avez aussi fait connaissance avec Athéna sous sa forme d'oiseau et avec Gaïa évidemment puisqu'elle est à l'origine de votre création. 

Loïs qui ne s'est définitivement pas remis de son précédent fou rire replonge une nouvelle fois.

- Hermès, dieu du.. oh non. Cette fois c'est trop. Vous n'allez quand même pas croire un mec qui dit être le postier de l'Olympe ? S'il vous plaît ? Si ?

Raphaël et moi restons muets, ne sachant pas quoi penser. Liv nous fixe de ses grands yeux bleus, on dirait qu'elle non plus n'y comprend rien.

- Je n'ai aucune idée de qui vous êtes, mais vous n'êtes sûrement pas un dieu. Qu'est-ce qui me prouve que vous n'avez pas manipulé mon esprit ? Vous pourriez très bien être comme nous, qu'est ce qui vous rend différent ?

L'homme acquiesce lentement réfléchissant attentivement à ma question.

- A vrai dire peu de choses. Nous possédons tous des pouvoirs surnaturels, mais vous n'êtes pas immortels. Nous sommes apparus de nous mêmes, vous n'êtes que de vulgaires pions sur l'échiquier de Gaïa.
- Tu sais qu'il t'emmerde le pion, blondinet ? rétorque Loïs toujours aussi diplomate.

Je frappe l'épaule de celui-ci et tourne vers Raphaël dans l'espoir de voir une lueur d'espoir dans son regard mais rien ne transparaît.

- Je pense que vous nous devez quelques explications, déclare Raphaël bien plus calme que je ne pourrais jamais l'être.

L'étranger éclate de rire.

- Je ne vous dois rien du tout. La seule chose que vous avez besoin de savoir, c'est que nous sommes invincibles et qu'il est donc inutile d'essayer d'élaborer des petits plans ridicules dans vos petites têtes d'humains. Nous sommes immortels et nous existons depuis bien plus longtemps que vous. Nous ne connaissons pas le vieillissement et contrairement à ce que vous pourriez croire, nous ne vivons pas dans les nuages mais bien parmi vous. J'espère que je ne brise les rêves de personne.

C'est officiel, je déteste cet homme.

- Je suis ici car Gaïa, ma très chère sœur, veut récupérer ses monstres que vous connaissez sûrement sous le nom de Titans. Elle vous a choisis, et surtout toi petit monstre ailé, pour l'aider dans sa ridicule quête du pouvoir. Tu es l'Elue, celle qui est censée guider toute cette bande de bras cassés. Elle t'a choisie, t'a créée puis t'a modelée comme une véritable poupée articulée. Tu es son œuvre, destinée à nous détruire, et tu dois mourir. Il n'y a pas d'autre alternative. Si tu mets fin à ton existence, seul ton sang coulera et nous épargnerons tes compagnons. Nous vous accordons donc vingt quatre heures pour mettre fin à la vie de l'Elue. Après ça, si notre condition n'a pas été respectée, nous vous tuerons, tous.

Je suis tellement absorbée par le récit de cet homme que je ne remarque que maintenant que beaucoup de personnes se sont attroupées autour de nous.

Autour de lui surtout. 

White Out [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant