Chapitre III, Partie 4: Alcoolifornication

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J'ouvre la bouche un instant, légèrement choquée, puis me force à me lever. Mon dos a quasiment cicatrisé ce qui est fou quand on pense que des ailes l'ont tout de même traversé.

- D'accord, mais je veux de l'alcool avec les bébés ornithorynques.

Il acquiesce très sérieusement et m'entraîne dans la cuisine pour ouvrir un placard en hauteur, il en sort une bouteille transparente et hume le contenu. Il me tend la bouteille et me dit plus bas:

- La gnôle de la vieille !

Je glousse bêtement et le laisse m'entraîner à l'extérieur, une fois dehors je peux enfin respirer. J'ai toujours aimé la nuit, la sensation de liberté et de grisement qu'elle procure. De plus, la nuit est souvent propice aux confessions, les gens s'ouvrent plus facilement dans la pénombre.

Il s'assied sur les marches du perron et me fait signe de le rejoindre, je m'installe à côté de lui pendant qu'il place la bouteille entre nous deux. Plus le temps passe, plus je me dis que boire aux côtés de Loïs n'est peut être pas une bonne idée.

- Finalement, je ne pense pas que....

- Oh, je t'en prie ! Depuis que je te connais c'est seulement maintenant que tu te détends ! Ne gâche pas tout !

- En même temps tu m'as un peu kidnappée.

Il hausse les épaules et soupire.

- C'était pas personnel.

- Ah bon ? Tout va bien alors.

Il me regarde les sourcils froncés et me tire la langue, geste plutôt puéril qui me surprend beaucoup. Loïs retire le bouchon en liège et boit une gorgée de whisky qui semble assez forte si on s'en réfère à son expression. Il me tend la bouteille et j'hésite un peu avant de moi aussi laisser le liquide dans ma bouche. L'alcool me brûle la gorge et je tousse pendant quelques secondes puis lui tend de nouveau la bouteille.

- C'est immonde !

5 gorgées plus tard...

- C'est pas mauvais finalement...

- Passe la bouteille.

J'obéis tout en jaugeant le niveau d'alcool encore présent et fais la moue en remarquant que le niveau de la bouteille à curieusement baissé depuis notre arrivée. Un feu commence déjà à brûler dans mon ventre et je me sens de plus en plus désinhibée.

J'ouvre la bouche spontanément et dis d'une voix pâteuse:

- Tu sais quoi... je crois que j'ai jamais vraiment vécu.

- Mais... si tu vis pas alors.. t'es morte ?

- Mais non espèce d'idiot ! Je veux dire... que j'ai toujours vécu pour les autres. Jamais pour moi.. Moi je voulais être un panda. Je voulais pas être artiste. Je voulais être un panda.

- Tu peux toujours réaliser ton rêve. Devenons des pandas !

- On sera heureux en tant que pandas. Plus de problèmes, que du bambou... miam le bambou.

- Miam miam.

10 gorgées plus tard...

- Moi je le trouve mignons les ornithorynques !

- C'est des gros rats avec une queue.

- Toi aussi t'es un gros rat avec une queue.

- Ta gueule.

15..20 ? Beaucoup plus de gorgées plus tard..

- A PLUS BOUTEILLE !

- TOUT BU !

La porte s'ouvre d'un coup sur un Louca qui a l'air énervé, enfin je crois...

- Qu'est ce que vous foutez là tous les deux ?

Je regarde Loïs dans l'attente d'une réponse, il dit alors à Louca sur le ton de la confidence:

- On chasse les zèbres !

- Non les ornithorynques !

- Attention ils pourraient t'entendre !

Je plaque ma main sur ma bouche et fais les gros yeux. Qu'ai je fait ?

- Bon ça suffit tous les deux, nous dit Louca en nous attrapant par le col, il est plus que temps d'aller se coucher.

Je fais la moue et regarde Loïs qui est apparemment occupé à faire un câlin à Louca.

- Tu sais.. t'es un mec bien. Enfin non t'es un salopard mais bon sang... je donnerais ma vie pour la tienne.

Louca soupire une fois de plus et décolle Loïs de lui me lâchant par la même occasion.

- C'est bien. Va te coucher Loïs.

- Et toi aussi je t'aime bien ! me dit celui ci en me rejoignant. Je t'aime bien même si ton père c'est un psychopathe.

Grisée par l'alcool je le serre fort contre moi et éclate de rire. Louca grogne et je descends les marches du palier en vitesse puis me mets à courir dans la forêt.

- Youhou les ornithorynques !

- Chuuuuuuuut ! Ils vont t'entendre !

- Ah oui merde t'as raison.

- Chuuuuuuuuuuuuut !

Cette fois j'obéis à Loïs et le suis à travers les arbres, je m'en prends un dans la figure et lui fait un câlin parce que c'est gentil les arbres.

- Pauvre petit arbre, je voulais pas te faire mal, pardon.

- C'est moi pauvre cloche.

- Ah ? T'es tout doux.

Il se tourne vers moi tandis que je continue à lui faire un câlin. Sans que je comprenne quoi que ce soit je me retrouve en face de ses yeux, enfin de son oeil... et puis on s'en fout. Je me jette sur ses lèvres sans réfléchir une seconde de plus.

- Et t'embrasses bien.

- Toi aussi c'est pas mal.

- Merci.

White Out [TERMINÉ]Where stories live. Discover now