Chapitre V, Partie 4: Sortie des Enfers.

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Le silence que je recherchais s'est révélé de courte durée.

J'ai à peine eu le temps de me remettre de mes émotions que plusieurs coupe de feu ont été tirés, à vrai dire je ne pense pas que nos assaillants avaient pour but de nous tuer. Ils voulaient nous empoisonner.

Evidemment, nous nous en sommes sortis, il faut dire que ce n'était pas très difficile. Nous sommes extrêmement nombreux et certains ont des capacités plus qu'intéressantes.

- On est invincibles !

Liv, hissée sur les épaules de Raphaël, chante la même chanson depuis que notre groupe a repoussé les attaques des militaires sur nos pauvres personnes innocentes.

- On est invincibles et vous avez plus qu'à vous les mettre ou je pense, vos fusils !

Raphaël la promène dans tout le parking depuis maintenant une vingtaine de minutes et je commence à en avoir plus qu'assez. De plus, sa stupide chanson s'installe doucement dans ma tête pour mieux venir me hanter la nuit quand j'essaierai de trouver le sommeil. Je fais discrètement signe à Raphaël de la reposer et par je ne sais quel miracle, il m'écoute.

- Allez Barbie, on descend.

Liv fait la tête quelques minutes mais se remet bien vite à gambader un peu partout.

- N'empêche qu'elle a raison, déclare Raphaël. C'est peut être mal dit mais elle a raison. On est tellement nombreux que plus personne ne peut nous défier.

- On a plus qu'à soumettre le monde ! s'égosille Loïs en levant les bras.

Je lève les yeux au ciel et le toise.

- Il faut dire qu'ils n'étaient pas très nombreux... Je ne pense pas qu'on pourrait gérer un plus grand groupe.

Liv nous interrompt empêchant Loïs de répliquer. Elle est beaucoup moins joyeuse qu'il y a quelques minutes, presque anxieuse.

- Euh.. Les mais, il y a un type qui vient de tomber du ciel. Il dit être un dieu.

Je lève les yeux au ciel et fais volte-face pour me retrouver face à Liv.

- Quand vas tu arrêter avec tes gamineries ? Je n'en peux plus de t'entendre chanter, crier !

Liv semble profondément choquée, non pas par mes paroles, mais par le fait que j'accorde aussi peu d'importance à son "incroyable" découverte.

- Mais.. Je t'assure que c'est vrai ! Attends, je vais te l'amener.

Je me tourne vers Raphaël.

- Tu crois qu'elle va arrêter d'être folle un jour ?

Il soupire et hausse les épaules.

- Cela m'étonnerait. C'est pas si grave que ça tu sais, elle met de l'ambiance.

Je reste pensive. Ce serait drôle de savoir comment Liv était avant. Si ça se trouve, elle toujours été complètement fêlée.

- Voilà ! Je vous avais dit qu'il existait !

Nous nous retournons tous en même temps, apercevant en effet un homme d'une beauté époustouflante aux côtés de Liv. Celui-ci nous toise quelques instants avant de se concentrer sur moi.

Je chute. Lourdement.

En une fraction de seconde, je me retrouve propulsée en Grèce antique, au beau milieu d'un marché athénien.

La foule est agitée, des gens crient, prient, s'extasient devant quelque chose que je ne peux pas encore voir. Je me sens comme engluée dans du ciment. Mes pieds semblent peser une tonne, et le temps me paraît figé. J'avance presque inconsciemment vers le centre de la place. La foule est maintenant immobile. Je parcours les quelques mètres qui me séparent de l'objet de ma convoitise, la chose qui semble m'attirer comme un aimant? J'aperçois alors une enfant, vêtue de blanc et innocemment assise sur le sol en pierre. Une adorable enfant avec de longs cheveux de jais. Elle agite ses doigts fins au dessus de la dalle en marbre sur laquelle elle est assise, absorbée dans la contemplation du miracle qu'elle crée. Ses mains font grandir une pousse, d'abord minuscule et fragile, qui se fraie doucement un timide chemin entre les dalles de pierres. La fillette agite une nouvelle fois ses doigts et la plante grandit, vient fissurer le marbre, s'enrouler autour de sa main et se fige. Je suis comme ensorcelée par la beauté de l'enfant et de son geste. Elle lève doucement la tête vers moi et mon regard rencontre ses yeux mauve, magnifiques et remplis d'une étonnante sagesse peu commune chez les enfants de son âge.

Puis les images se succèdent.

La jeune fille aux yeux mauve, vieillie de plusieurs années, dialoguant avec une adolescente similaire mais pourtant différente. En effet, elles partagent beauté et assurance mais tandis que l'une cultive le mystère et la grâce, l'autre est forte et combative. Elles sont visiblement amies et rient ensemble en désignant un jeune homme qui les fixe avec insistance. La seconde jeune fille tourne les yeux vers moi et j'ai alors l'occasion d'apercevoir ses yeux blues limpides qui me rappellent curieusement la chouette de mes cauchemars.

Nouvelle image. La femme aux yeux bleus est plantée devant ce qui ressemble à un chantier, fixant fièrement l'ébauche de ce qui deviendra plus tard le Parthénon. Je baisse la tête et remarque alors des centaines, peut être des milliers, d'ouvriers prosternés devant elle.

Une fête où une dizaine d'hommes et femmes au physique parfait et au charisme incroyable sont à l'honneur.

Une dispute. Opposant les même personnages. Une multitude de disputes.

La femme aux yeux mauve, érigeant une armée de monstres plus féroces les uns que les autres.

Son amie aux yeux bleus, se transformant en chouette.

Une guerre. Des monstres. Des géants. Des titans. La souffrance. La mort.

Je vois des cadavres par milliers, des larmes. Le chaos.

Je suis submergée par les émotions, noyée par toutes ces images qui se succèdent et qui m'enfoncent plus bas que terre. Mon souffle se perd, mon sang bat mes tempes, je perds la notion du temps, de l'espace. Je veux crier mais mes poumons sont vides. Les larmes montent mais refusent de couler. Par pitié, faites que ça s'arrête.

White Out [TERMINÉ]Where stories live. Discover now