Chapitre IV, Partie 1: Après l'alcool, le sommeil.

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Louca apparaît la mine déconfite et fatiguée et nous traîne vers le chalet. Une fois a l'intérieur, il jette Loïs sur le canapé et me propulse dans mon lit. J'atteris sur Liv et noue mes bras autour d'elle.

- Tu pues l'alcool.

- Tu dors pas ?

- Comment tu veux dormir quand tu as des sens surdéveloppés et que deux pachydermes se bourrent la gueule en criant sur le palier de la maison où tu dors ?

Je réfléchis quelques secondes et incline la tête.

- Je sais pas trop.. t'aurais pu investir dans des boules Quies.

- Oui bien sûr.

Je monte sur Liv pour regarder Raphaël qui dort à poings fermés, puis roule sur le dos, un éclair de douleur me traverse et je gémis légèrement. On dirait bien que ce soir je vais devoir me contenter de dormir sur le flanc. Je me tourne vers Liv et laisse mes ailes tomber sur le côté. Mes paupières se ferment lourdement et je plonge dans un sommeil lourd et bien mérité.

- Héloïse, lève toi.

Cette simple phrase sonne comme une bombe à mes oreilles. Je plaque mes mains sur ma tête et essaie de calmer le marteau piqueur qui semble s'y être installé. Une main se place sur mon épaule et me secoue sans vergogne. Doucement j'ouvre les yeux et vois la figure de Louca penchée sur moi.

- Lève-toi. Immédiatement.

Je grogne dans l'oreiller de Liv et des bribes d'hier me reviennent d'un coup. Moi, Loïs, une bouteille, beaucoup d'ornithorynques et... un baiser ?

Je grogne encore plus fort, je dois être maudite, c'est impossible autrement. Louca attrape ma jambe et me fait glisser en dehors du lit sans la moindre once de délicatesse. Je me retrouve sur le sol en bois, recroquevillée pour contenir la douleur qui ma néanmoins réveillée. Doucement, je me redresse et tente de frotter mon dos avant de me rendre compte que celui ci est désormais occupé par les nouvelles arrivantes. Celles-ci ont d'ailleurs beaucoup changé pendant la nuit, elles sont recouvertes d'un fin duvet noir, de la couleur de mes cheveux. Je me lève maladroitement et me rends compte que la pièce tourne autour de moi.

Ce qui est embêtant quand même.

Je chancelle et Louca m'aide à me tenir droite jusqu'à ce que je reprenne mes esprits. Il me traîne dans la salle à manger où je tombe nez à nez avec Loïs qui n'est pas vraiment plus frais que moi. Je croise son regard et une puissante envie de vomir s'empare de moi. Sans pouvoir me retenir plus longtemps, je renvoie tout l'alcool de mon organisme sur Loïs. L'oeil clos, il ouvre la bouche sous le choc et s'essuie avec ses mains. Il me regarde désormais la bouche toujours grande ouverte et je ne peux m'empêcher de réprimer un rire.

- Je suis vraiment désolée...

Il part sans rien dire et je vais m'asseoir sans un mot de plus. Louca me rejoint quelques minutes plus tard et prend la parole.

- Il faut qu'on discute.

Loïs et Raphaël viennent s'asseoir en même temps, suivis de peu par Liv. De mon côté, je reste assise et triture nerveusement la nappe ronde du bout des doigts. Mes ailes ne me font plus mal et mos dos a cicatrisé. Visiblement, tout a changé en moi depuis mon kidnapping. Loïs a changé de chemise et Liv mord dans une pomme à pleines dents. Je n'arrive plus vraiment à faire la part des choses, ni à distinguer qui est mon ennemi. Il faut dire que les rôles se sont trop souvent inversés ces derniers temps.

- Héloïse, tu dois forcément savoir des choses à propos des activités de ton père.

Je soupire lourdement.

- Non. Je te l'ai déjà dit, je n'en sais rien. Il ne me parlait jamais de son travail.

Les dîners avec ma famille me reviennent d'un coup et je dois lutter pour ne pas m'effondrer sous le poids des souvenirs. A présent, je ne sais plus ce qui est vrai et ce qui l'est moins. Je ne peux pas m'empêcher de penser que mon père jouait peut-être un rôle toutes ces années.

- Et concernant ce qui nous arrive, je n'ai pas la moindre idée non plus. La seule chose dont je suis sûre c'est que tout ça dépasse la science.

- Oui merci, ça on le savait déjà.

Je lève les yeux au ciel en entendant la pique de Loïs et me lève de ma chaise, mais il me rattrape par le bras et annonce aux autres que nous partons pour essayer de faire sortir mes potentiels pouvoirs.

- Dans tous les cas, nous devons trouver un moyen d'entrer. Je ne vais certainement pas laisser Enora là dedans.

Raphaël se lève et pose mon carnet ouvert sur la table.

- Concernant nos cauchemars, je me suis très vite rendu compte que je ne pouvais pas découvrir grand chose sans un accès à Internet ou au moins à une bibliothèque bien fournie. Tu peux donc reprendre ton carnet, Héloïse.

Je soupire et ramasse mon carnet. Je laisse Loïs m'entraîner dehors, tout espoir anéanti.

White Out [TERMINÉ]Where stories live. Discover now