30. I've got the power !

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1er septembre 2016 (midi passé depuis longtemps)


J'ai remonté la rue tranquillement.

Le vent soulevait mes cheveux, l'énergie coulait dans mes veines et j'avais du Nutella au coin des lèvres. J'étais bien. Plus d'inquiétudes ni de stress. Le chocolat avait effacé tout ça et j'avais l'impression de pouvoir soulever une montagne. Rien ne pouvait m'arrêter, sauf peut-être un plat de pâte. Parce que voilà, c'est bien bon le Nutella, mais ça ne remplit pas un estomac !

Je me suis arrêtée devant le distributeur automatique d'une sandwicherie où un gars se prenait un truc à grignoter.

On a tous connu cette expérience où tu as mis tes pièces une à une dans la fente, où tu as précautionneusement appuyé sur les touches numérotées qui correspondent à la malbouffe hors de prix de tes rêves, en vérifiant à deux fois que tu ne t'es pas trompé de chiffre, puis tu as regardé les ressors tourner tandis que la bave commençait légèrement à perler au coin de la bouche. Et là, moment de frustration ultime : le paquet reste bloqué dans les ressors.

J'étais sûre que c'était ce qui venait de se passer. Je ne sais pas ce qui m'a mis la puce à l'oreille, sans doute ses coups de poing sur la vitre ou son « fait chi** ! » bien senti.

— Laisse faire les professionnels, lui ai-je dit en lui intimant de s'écarter.

J'ai pris une inspiration, le temps de me décider sur l'angle d'attaque à adopter. Il fallait éviter de taper dessus, si je ne voulais pas briser la vitre comme je l'avais fait au garage de mon père, mais peut-être qu'en secouant un peu... ?

Bon, ok. J'aurais peut-être pas dû la soulever aussi haut, ça aurait évité que la moitié des produits ne tombent, mais la machine était intacte et j'étais fière de moi !

Le gars a ramassé un paquet de tarte aux noix de Grenoble (un truc traditionnel du coin) et j'ai chopé un Kinder Bueno.

— Merci, c'est vraiment sympa !

à l'entendre, il avait réellement l'air ravi ! Et là, l'espace d'une seconde, je me suis dit que, sérieusement, ça faisait plaisir de se sentir utile et que Gab avait raison, je pourrais peut-être devenir une super héroïne ! Genre la « Vengeresse des Dupés des Machines » ou VDM pour les intimes (hahaha...).

Nos regards se sont croisés et il a écarquillé les yeux.

— Toi ! s'est-il soudain exclamé.

C'est alors que j'ai remarqué son imperméable beige. Si seulement il l'avait enfilé au lieu de le tenir sur son bras, j'aurais remarqué plus tôt que le gars dont je venais de sauver le goûter n'était autre que le Columbo de la Bastille ! (Oui oui, le crétin qui m'avait canardé de noix le 14 juillet )

— Toi ! ai-je repris en écho.

Quand on croise un méchant par hasard dans la rue, on s'attend à ce qu'il fasse certaines choses à peu près logiques telles que :

- Fuir,
- Menacer,
- Attaquer,
- Appeler des renforts,
- Expliquer son plan machiavélique (s'il s'agit d'un méchant de James Bond),
- Prendre un otage,
- Faire pitié (s'il s'agit d'un faux méchant qui veut devenir gentil),
- Essayer de "séduire" le gentil (que ce soit avec de l'argent ou autre...)

Mais lui, il a fait le seul truc auquel j'aurais jamais pensé : il s'est dépêché d'essayer d'engloutir sa tarte aux noix. J'ai presque cru qu'il allait la manger avec le sachet. Il avait peur que je la lui pique, ou quoi ?

Nutella Girl [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant